Affichage des articles dont le libellé est à paraître. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est à paraître. Afficher tous les articles

lundi 10 juin 2013

Cette semaine en librairie, bientôt l'été

Les arrivages de nouveautés vont se tarir, c'est la saison qui veut ça. Mais tous les livres étant pour toutes saisons, les deux titres arbitrairement élus cette semaine n'auront même pas besoin du beau temps pour être en phase avec les humeurs diverses qui vous animeront prochainement. (Tiens! on dirait presque un horoscope, non?) Côté thriller, on découvre Anders De La Motte et on continue à suivre Dan Wells.

Henrik Pettersson, dit HP, la trentaine, vit de petits larcins en marge de la société suédoise. Lorsqu'il trouve dans le métro un portable dernier cri, son premier réflexe est de le revendre. Mais l'appareil affiche obstinément un message: «Tu veux jouer?» En cliquant sur OUI, Henrik ne se doute pas que ce «jeu» aux apparences innocentes va l'entraîner dans une escalade dont l'enjeu ultime pourrait bien être sa propre vie...
Rebecca Normén est l'exacte opposée de HP: sérieuse et rationnelle, elle a récemment été promue garde du corps. Tout irait pour le mieux dans sa vie si elle ne trouvait pas régulièrement des petits mots menaçants dans son casier. L'expéditeur en sait beaucoup trop long sur son passé. Mais que cherche-t-il? À jouer avec elle?
Les mondes de HP et de Rebecca vont se rapprocher de manière inexorable. Mais si la réalité n'est qu'un jeu, qu'est-ce qui est encore réel?

Dan Wells, Nobody
Si l’envie vous prend de jouer au chat et à la souris avec un serial killer, dites-vous bien que vous serez toujours la souris. L’avertissement, qui vaut pour tout le monde, ne semble avoir aucune prise sur John Wayne Cleaver. Obsédé par les tueurs en série, celui-ci n’a en effet aucun scrupule à entrer dans le jeu.
Il faut dire que John a un atout de taille dans sa manche: des pulsions homicides incontrôlables. Il lui arrive en effet à lui aussi, de temps à autre, de se transformer en monstre assoiffé de sang. Aussi a-t-il décidé de s’attaquer aux éléments les plus meurtriers de la société plutôt que de s’en prendre à d’innocentes victimes. Cette fois, le serial killer qu’il a choisi de défier en l’attirant dans sa petite ville tranquille de Clayton se nomme Nobody. Après quelques interminables semaines d’attente, des meurtres commencent enfin à ensanglanter Clayton. Nobody est bel et bien là. Et la partie peut commencer.
Fidèle à son habitude, Dan Wells nous offre un nouveau cocktail d’humour noir et de suspense. Servi bien frappé.
Dan Wells est né en 1977. Après Je ne suis pas un serial killer et Mr Monster, publiés chez Sonatine Éditions, Nobody est l’ultime volume de la trilogie consacrée à John

Wayne Cleaver.

lundi 3 juin 2013

Cette semaine en librairie, des cadavres partout

Réjouissons-nous: ils bougent très bien, les cadavres que nous présentent trois éditeurs cette semaine. Celui de Jean-Marc Roberts, éditeur disparu il y a peu, reprend ses postures de vivant sous la plume de Philippe Claudel. Celui de John Fante, mort il y a 30 ans, nous donne encore de belles secousses littéraires. Et celui de Mats Sverin, dans le nouveau polar de Camilla Läckberg, fournit l'occasion d'une septième enquête à son héroïne préférée...

Philippe Claudel, Jean-Barck
«J’ai connu un Jean-Marc. Il y en avait au même moment des dizaines d’autres. J’en suis sûr. J’aimais ta géométrie variable, que je n’ai jamais constatée mais que je supposais. Tu avais l’art de l’adaptation. Ce qui t’importait, c’était moins toi-même que celui qui te faisait face. Tu ne te mettais jamais en avant. Tu faisais exister l’autre. Il devenait à ton contact l’être soudainement le plus important. Tu étais changeant, arc-en-ciel. Je te soupçonnais de pouvoir dire à l’un quelque chose et au suivant son contraire. Aucune hypocrisie dans cela. Tu n’étais pas là pour juger des opinions. Tu nous prenais comme nous étions. Tu nous donnais ce que nous espérions trouver. Tu savais, pour l’être toi-même, qu’un auteur est plus fragile qu’une libellule. Il te fallait tout simplement préserver les conditions dans lesquelles ses ailes pouvaient continuer à se déployer, fines et somptueuses.»

«Un jour j'ai sorti un livre, je l'ai ouvert et c'était ça. Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique. J'ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d'une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculpté dans le texte. Voilà enfin un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. L'humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. J'avais une carte de la bibliothèque. Je sortis le livre et l'emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture. Le livre était Demande à la poussière et l'auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m'influencer dans mon travail.» (Charles Bukowski, 1979)
«Une ligne, dix lignes, une page. On ouvre un livre de John Fante et l'on se dit que c'est ça. Que la vie est là, brute, brutale, brûlante. L'émotion à l'état pur. Des mots qui mordent dans le tendre. Et toute cette souffrance qui jaillit d'un volcan jamais éteint, jamais refroidi.» (André Clavel, L'Express)

Camilla Läckberg, Le gardien de phare
Par une nuit d’été, une femme se jette dans sa voiture. Les mains qu’elle pose sur le volant sont couvertes de sang. Avec son petit garçon sur le siège arrière, Annie s’enfuit vers le seul endroit où elle se sent en sécurité: la maison de vacances familiale, l’ancienne résidence du gardien de phare, sur l’île de Gråskär, dans l’archipel de Fjällbacka. Quelques jours plus tard, un homme est assassiné dans son appartement à Fjällbacka.
Mats Sverin venait de regagner sa ville natale, après avoir travaillé plusieurs années à Göteborg dans une association d’aide aux femmes maltraitées. Il était apprécié de tous, et pourtant, quand la police de Tanumshede commence à fouiller dans son passé, elle se heurte à un mur de secrets. Bientôt, il s’avère qu’avant de mourir Mats est allé rendre une visite nocturne à Annie, son amour de jeunesse, sur l’île de Gråskär – appelée par les gens du cru “l’île aux Esprits”, car les morts, dit-on, ne la quittent jamais et parlent aux vivants…
Erica, quant à elle, est plus que jamais sur tous les fronts. Tout en s’occupant de ses bébés jumeaux, elle enquête sur la mort de Mats, qu’elle connaissait depuis le lycée, comme Annie. Elle s’efforce aussi de soutenir sa sœur Anna, victime, à la fin de La Sirène, d’un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques… Avec Le Gardien de phare, Camilla Läckberg poursuit la série policière la plus attachante du moment.

lundi 27 mai 2013

Du lourd en librairie : Fantômas et les écrivains randonneurs

La semaine des nouveautés me semble plutôt calme, à moins que quelque chose m'ait échappé. J'en profite pour signaler, présentées par leurs éditeurs, deux parutions de gros volumes qui, sans être de véritables inédits, ont leur place dans toute bibliothèque digne de ce nom. Une intégrale et une anthologie...

Marcel Allain et Pierre Souvestre, Fantômas: Edition intégrale (2 volumes)
De février 1911 à septembre 1913, durant 32 mois sans interruption, Pierre Souvestre et Marcel Allain firent paraître 32 titres de la saga de Fantômas. C'est la naissance d'un héros hors normes, qui va captiver toutes les couches de la société et conquérir le monde.
? Fantômas!
? Vous dites?
? Je dis... Fantômas.
? Cela signifie quoi? 
? Rien... et tout!
? Pourtant, qu'est-ce que c'est?
? Personne... mais cependant quelqu'un!
? Enfin, que fait-il ce quelqu'un?
? Il fait peur!!!
Fantômas n'est pas un héros positif. Il est le Génie du Mal, l'Insaisissable, qui renaît sans cesse de ses cendres. Jamais vaincu, il utilise tous les stratagèmes possibles et peu imaginables. Il nargue les hommes et transgresse les lois. Rien ne l'arrête, il pénètre toutes les couches de la société, des apaches des banlieues aux aristocrates des palaces, il franchit les frontières, connaît aussi bien Whitechapel et les docks de Londres que les fortif' de Paris et la haute société européenne. 
Cent ans plus tard, qu'est-ce qui rend la lecture de ce roman-fleuve aussi jubilatoire? 
D'abord, la jeunesse, l'énergie et l'imagination sans limites des auteurs qui séduisit artistes et intellectuels et fit le bonheur des surréalistes d'Apollinaire à Magritte; ensuite le tableau sur le vif de la société ou il naît – ce long feuilleton qui est une «série» avant l'heure amuse le lecteur par le décalque de l'actualité, la reprise des faits divers qui font la une des journaux, les noms transparents de personnages réels; enfin la passion de la modernité sous toutes ses formes – voyages en train, bateau, avion, taxi-autos, télégraphe, téléphone renforcent l'ubiquité du héros, qui utilise tous les moyens que le Progrès met à sa disposition. 
En septembre 1913, paraît l'ultime volume de la série dans un grand éclat de rire – les héros sombrent dans le naufrage du Gigantic. Six mois plus tard, Pierre Souvestre meurt d'une crise cardiaque. Le 2 août 1914, c'est la mobilisation générale. Le nouveau siècle montre son vrai visage – comme inventé par Fantômas, ce qu'écrira Alexandre Vialatte dans une de ses chroniques. 
L'adaptation au cinéma par Louis Feuillade dès 1913 lança la postérité de Fantômas, qui connut de multiples avatars sans que jamais la série ne fût rééditée dans sa version originale. Versions tronquées, versions pour la jeunesse, versions illustrées, pastiches – Fantômas a tout connu. La version ici présentée permet pour la première fois de retrouver l'oeuvre dans son intégralité et sa vigueur.

Antoine de Baecque (présentation), Écrivains randonneurs
Un recueil des plus beaux textes écrits sur la marche, pour partager et retrouver le bonheur du chemin.
«Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans les voyages que j'ai fait à pied», écrivait Jean-Jacques Rousseau. Il fut le seul écrivain randonneur à avoir imaginé une écritoire portative qui lui permette d'écrire tout en marchant, mais pas le seul à avoir nourri sa pensée en mettant un pied devant l'autre, loin de là. 
De Pétrarque jusqu'à Jim Harrison en passant par Flaubert, Rimbaud, Proust, Colette, Simone de Beauvoir, Jacques Lacarrière... tous ont écrit des pages inoubliables sur cette expérience qu'ils ont eue en commun avec tous les amateurs de randonnée. 
«A travers ces textes, la marche apparaît comme la meilleure façon d'appréhender le monde, à vitesse humaine, au rythme de sa propre introspection...»
Antoine de Baecque

lundi 20 mai 2013

Il n'y aura pas que Dan Brown cette semaine : la preuve par trois

A propos du nouveau roman de Dan Brown, Inferno, qui risque de monopoliser les tables de nouveautés cette semaine en librairie, je vous déjà dit ce que je pouvais en penser après une lecture partielle.
Voilà qui m'autorise le passage à d'autres livres, choisis en partie arbitrairement (je ne les ai pas lus) - mais en partie seulement, car leurs auteurs ne sont pas inconnus - et présentés par leurs éditeurs qui y croient, même sans avoir l'ambition d'égaler les tirages du best-seller américain.

Frédéric Lenoir et Simonetta Greggio, Nina

Adrien est un quadragénaire parisien, célibataire et sans enfants. Il a perdu le goût de vivre et décide, un soir, de se suicider. Il écrit son testament ainsi qu’une dernière lettre destinée à Nina, la femme de sa vie, la seule qu’il ait aimée d’un amour passionné et inconditionnel. 
Nina et Adrien étaient des enfants lorsqu’ils se sont rencontrés. Les souvenirs de leurs vacances d’été passées à Ravello, le joyau de la côte amalfitaine, remontent par vagues à la mémoire de Adrien. Repoussant son suicide d’un soir, puis d’un autre et encore d’un autre, il les met par écrit dans cette longue lettre à Nina, qui devient, au fil des nuits, la bouleversante déclaration d’amour qu’il n’avait jamais osé faire à la jeune Italienne. Adrien avait toujours rêvé de devenir écrivain. Il lui aura fallu attendre cet instant ultime pour oser écrire. À bout de forces mais apaisé, il avale un mélange de médicaments et tombe dans un coma profond. Il ne se doute pas que ses mots vont bouleverser plusieurs existences: celle de Nina d’abord, mais également celle de tous ceux qui, de près ou de loin, vont être touchés par son écriture.
Simonetta Greggio et Frédéric Lenoir signent ce roman à quatre mains pour plonger dans l’absolu et la simplicité de l’amour qu’on cherche toute sa vie et qu’on ne trouve, parfois, qu’au tout début.

Annie Ernaux, Retour à Yvetot

«Depuis la parution de mon premier livre, Les armoires vides, il y aura bientôt 40 ans, je suis allée rencontrer des lecteurs dans beaucoup de villes, en France et dans le monde. Jamais à Yvetot, malgré l’invitation qui m’en avait été faite à plusieurs reprises.»
Pour la première fois, le 13 octobre 2012, à la demande de la municipalité, Annie Ernaux accepte de rencontrer les habitants de la petite ville cauchoise où elle a passé son enfance. C’est le texte de cette conférence inédite que publie ce livre, accompagné d’un cahier de photos personnelles avec, en guise de légendes, des extraits de ses livres publiés chez Gallimard.
«Comme ne l’est aucune autre ville pour moi, (Yvetot) est le lieu de ma mémoire la plus essentielle, celle de mes années d’enfance et de formation, cette mémoire-là est liée à ce que j’écris, de façon consubstantielle. Je peux même dire: indélébile.»
«Il n’y a pas en littérature de beaux sujets d’art et (qu’) Yvetot donc vaut Constantinople». Gustave Flaubert (Lettre à sa maîtresse Louise Colet).

Pierre Bergounioux, Géologies
On sent ce qui se passe. On n’a pas besoin de le savoir précisément, à moins d’en éprouver de l’embarras, de la peine. La vie qu’on menait dans les régions rurales pauvres, excentrées, a pris un tour nouveau lorsque leurs habitants sont devenus conscients des privations, de la relégation dont ils étaient frappés. S’expliquer une chose, c’est la mettre à distance, en secouer la tutelle, donc recouvrer, de son côté, un début de liberté. Les mauvaises terres pèsent doublement sur la vie de leurs occupants. La médiocrité du rendement les prive de largesses et le paysage rend mélancolique. C’est cet empire de la terre sur les corps et les âmes qu’on s’est efforcé de saisir.

lundi 13 mai 2013

La pochette surprise de la semaine : Hilary Mantel, Julien Blanc-Gras, Deon Meyer et François Garde

J'ai commis une erreur, la semaine dernière: je pensais que le roman d'Hilay Mantel, premier volume de sa grande trilogie historique sur les Tudors - les deux premiers ont été récompensé par autant de Booker Prizes - sortait cette semaine. Celui-là est donc arrivé la semaine dernière. Pour les autres, ce sera dans quelques jours. J'aurais pu choisir Cendrars en Pléiade (mais trop coûteux pour mes finances). J'ajoute donc, toujours présentés par leurs éditeurs comme c'est la règle dans cette rubrique, les nouveaux livres de Julien Blanc-Gras, Deon Meyer et François Garde.


Angleterre, 1520. Règne des Tudors. Le roi Henri VIII n’a pas de fils pour lui succéder. Situation préoccupante qui pourrait entraîner le pays sur le chemin de la guerre civile. Aussi décide-t-il de divorcer de Catherine d’Aragon, avec qui il est marié depuis plus de 20 ans pour épouser Anne Boleyn, dont il est tombé amoureux. Son conseiller, le cardinal Wolsey échouant à obtenir l’accord du pape, un jeune homme plein de fougue et de ressources va peu à peu entrer dans les bonnes grâces du roi et l’aider à vaincre l’opposition. Son nom: Thomas Cromwell. Ambitieux, idéaliste et opportuniste à la fois, fin politicien et manipulateur né, celui-ci est au début d’une carrière qui va modifier profondément et durablement le visage du royaume.
Avec Le Conseiller, vainqueur du Booker Prize et salué dans le monde entier par une critique unanime, Hilary Mantel nous propose un fabuleux voyage au cœur d’une société en plein bouleversement. Prenant pour sujet l’une de ces périodes clés de notre civilisation où l’histoire, la politique, les passions et les destinées individuelles se confondent, elle nous livre un portrait sans précédent de la maison Tudor.
Hilary Mantel est née en 1952. Le Conseiller est le premier volet d’une trilogie consacrée à Cromwell. Sonatine Éditions publiera en 2014 et 2015 les deux opus suivants.


Julien Blanc-Gras, Paradis (avant liquidation)
«Il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition. Perdu au milieu de l'océan Pacifique, ce petit paradis semble promis à l’engloutissement par le changement climatique.
J’ai organisé ma vie autour d’une ambition saugrenue, le quadrillage méthodique de la planète. Moteur: toujours voir un pays en plus. Ce qui se profile ici, c’est un pays en moins. Je dois m’y rendre avant qu’il ne soit rayé de la carte.»
Au bord de lagons de carte postale, le journaliste écrivain entraîne le lecteur dans ses péripéties cocasses ou dramatiques, narrées avec son écriture élégante, son humour et sa justesse de ton habituels, entre distance et empathie. On rencontre les pêcheurs et les présidents, les missionnaires et les ivrognes, les expatriés et les candidats au départ. Autant de fragments qui composent un tableau de ce paradis en sursis, confronté à un défi sans précédent. Peuplées depuis 3000 ans, les Kiribati devront-elles déménager pour survivre?
Un éclairage inédit sur cette contrée méconnue, éloignée de la mondialisation et pourtant aux avant-postes de la menace climatique.

Deon Meyer, 7 jours

Benny Griessel, déjà rencontré dans Le Pic du diable et 13 Heures, est un flic atypique dans le paysage du roman policier. Alcoolique, certes (comme plus d'un confrère fictionnel), mais sincèrement cramponné à son nouveau vœu de sobriété, et fragilisé par la piètre opinion qu'il a de lui même. Déchiré entre les échecs de sa vie privée et son exceptionnelle conscience professionnelle, Griessel est ici confronté à un ultimatum: un mystérieux imprécateur menace, dans des mails délirants, de tuer un policier par jour tant que le meurtrier de la jeune et belle avocate d'affaires Hanneke Sloet n'aura pas été arrêté. Et il met aussitôt sa menace à exécution. Le problème est que l'enquête préliminaire n'a rien donné: ni indice, ni mobile, ni suspect (ou à peine...). Grissel devra donc repartir de zéro. À l'arrière-plan, se dessine bientôt un paysage urbain d'intérêts politiques et financiers, de compromission et de corruption, qui ouvre bien des perspectives. Jusqu'au surprenant coup de théâtre final.
Né en 1958 à Paarl, en Afrique du Sud, Deon Meyer a grandi dans une ville minière de la Province du Nord-Ouest. Ancien journaliste, puis rédacteur publicitaire et stratège en positionnement Internet, il est aujourd’hui l’auteur unanimement reconnu de best-sellers traduits dans 15 pays. Il vit à Melkbosstrand.

François Garde, Pour trois couronnes

Dans le bureau de feu Thomas Colbert, un magnat du commerce maritime, Philippe Zafar, le jeune préposé au classement des archives, découvre un bref texte manuscrit, fort compromettant pour celui qui s’en avérerait l’auteur. 
Aveux déguisés du défunt? Exercice littéraire sans conséquence? Philippe Zafar se lance dans une enquête qui va vite prendre une dimension à laquelle rien ne l'avait préparé. 
On retrouve dans ce roman d’aventures, déployé sur un siècle et trois continents – de l’Amérique du Nord aux tropiques –, l’écriture vive et talentueuse de François Garde dont le précédent livre, Ce qu’il advint du sauvage blanc, a été récompensé par huit prix littéraires, parmi lesquels le prix Goncourt du premier roman.



lundi 6 mai 2013

A lire cette semaine : Fitzgerald, Modiano, Amis et Pirotte

Des entretiens, une collection de romans, un roman seul et de la poésie. Le menu est varié, et les éditeurs sont à la présentation de ces ouvrages disponibles cette semaine dans toutes les bonnes librairies - leur acquisition se fait sans prescription.

Francis Scott Fitzgerald, Des livres et une Rolls
Des livres et une Rolls est l'ultime recueil d'inédits de Scott Fitzgerald en France. Ce choix d'interviews données par Fitzgerald à ses flamboyants débuts – sa carrière avançant et les échecs commerciaux croissant, on l'interviewe de moins en moins – montre un jeune homme dont la beauté et l'affabilité charment les journalistes. Sérieux et moqueur à la fois, espiègle et brillant, il répond (quelquefois en compagnie de Zelda) avec esprit aux questions littéraires, intimes et parfois politiques des journalistes qui se pressent à la porte de celui qui passe alors pour un jeune prodige. L'inventeur des flappers et le découvreur de l'«âge du jazz» brille ici de toute son intelligence et de toute sa gaieté. «Des livres et une Rolls»? C'est ce qu'il voudrait s'offrir avec l'argent qu'il va gagner.
Comme le dit Charles Dantzig dans sa préface, il fait là ses «débuts dans l'étourderie», contribuant à «laisser s'établir une légende, en partie par roublardise, peut-être (toute publicité est une bonne publicité), en partie par indifférence (seuls mes livres m'intéressent)». Écoutons la voix si séduisante de l'auteur de Gatsby.

Patrick Modiano, Romans

«Ces "romans" réunis pour la première fois forment un seul ouvrage et ils sont l'épine dorsale des autres, qui ne figurent pas dans ce volume. Je croyais les avoir écrits de manière discontinue, à coups d'oublis successifs, mais souvent les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, les mêmes phrases reviennent de l'un à l'autre, comme les motifs d'une tapisserie que l'on aurait tissée dans un demi-sommeil. 
Les quelques photos et documents reproduits au début de ce recueil pourraient suggérer que tous ces "romans" sont une sorte d'autobiographie, mais une autobiographie rêvée ou imaginaire. Les photos mêmes de mes parents sont devenues des photos de personnages imaginaires. Seuls mon frère, ma femme et mes filles sont réels. 
Et que dire des quelques comparses et fantômes qui apparaissent sur l'album, en noir et blanc? J'utilisais leurs ombres et surtout leurs noms à cause de leur sonorité et ils n'étaient plus pour moi que des notes de musique.» 
Patrick Modiano.
Ce volume contient: Villa triste - Livret de famille - Rue des boutiques obscures - Remise de peine - Chien de printemps - Dora Bruder - Accident nocturne - Un pedigree - Dans le café de la jeunesse perdue - L'horizon

Lionel Asbo vient d’une banlieue où les garçons prennent le chemin de la prison plus souvent que celui de l’école, et où le pitbull est le meilleur ami de l’homme. Après avoir longtemps œuvré dans le recouvrement de dettes par tous les moyens, il gagne un jour la modique somme de cent quarante millions de livres sterling à la loterie, ce qui lui permet de fréquenter enfin les héros de l’Angleterre contemporaine, les stars de la téléréalité comme celles du monde du football, et lui vaudra l’admiration éperdue de son neveu Desmond, jeune homme sentimental et brillant. Si ce dernier réussit à s’extraire de son milieu, il ne perdra jamais de vue les frasques de son oncle, chroniquées par le menu dans les tabloïds anglais, tout en redoutant qu’il ne découvre la faute impardonnable qu’il a commise au temps de son adolescence. 
Martin Amis nous offre un portrait au vitriol de l’Angleterre d’aujourd’hui. Ce roman ravageur et terriblement drôle démontre une nouvelle fois la virtuosité verbale de son auteur. Son talent de satiriste et sa capacité à dépeindre l’Angleterre avec tous ses travers sont éclatants.

Jean-Claude Pirotte, Vaine pâture
Jean-Claude Pirotte est l'auteur d'une cinquantaine de livres, qu’il a parfois lui-même illustrés. Les critiques ont salué sa poésie du quotidien sensible et inspirée, à la tendresse parfois gouailleuse, mais aussi la magie de sa langue au parfum subtil de jadis qui par sa simplicité et sa gravité soudaine est incontestablement très moderne, car d'une haute liberté.
Avec Vaine pâture, c’est une poésie intime que Jean-Claude Pirotte nous livre, mais sans pathos, sans repli vaniteux sur lui-même. Il détient comme naturellement le secret de la grande poésie populaire anonyme, celui d’un lyrisme à la fois universel et personnel, immémorial et toujours neuf.
En 2012, Jean-Claude Pirotte a reçu le Grand Prix de Poésie de l’Académie française ainsi que le Prix Goncourt de la Poésie (rebaptisé Prix Robert Sabatier) pour l’ensemble de son œuvre.

lundi 29 avril 2013

Nouveautés de la semaine : Pivot, Miller, Sutter et Sebhan

Bernard Pivot tweete, et cela devient un livre. Derek B. Miller se met Dans la peau de Sheldon Horowitz. Martin Suter lutte contre le temps. Et Gilles Sebhan part à Londres. Ce sont quelques-uns des livres qui sortiront cette semaine - et je passe sur les nouveaux romans de Maxime Chattam et Paulo Coelho, rangés dans la catégorie des oublis volontaires...
Présentations des éditeurs.


«Quand je me suis intéressé aux réseaux sociaux, j’ai tout de suite eu envie d’aller sur Twitter… À chacun, il est possible de considérer Twitter comme une sorte de journal personnel intermittent, lié ou non à l’actualité. D’y écrire ce que bon lui semble. D’y pratiquer l’exercice de la cogitation ou l’art de l’observation. D’y convoquer des souvenirs. D’y utiliser, bien sûr, l’humour, le calembour, la farce. Ou de s’y adonner à la philosophie. Bref, – c’est le cas de le dire – de twitter sérieux ou amusant, sans toutefois se prendre au sérieux, ni prendre ses abonnés pour des engourdis du cervelet. C’est ce que j’ai essayé de faire pendant un peu plus d’un an.»
Bernard Pivot
Depuis plus d’un an, Bernard Pivot démontre brillamment que Twitter n’a rien à voir avec l’âge. Fort de près de 100 000 abonnés, il est devenu au gré de ses humeurs, de ses lectures, de ses voyages, de ses discussions, un orfèvre du message en 140 signes.
Ce petit livre réunit ses tweets préférés, érudits, polémiques, mélancoliques ou malicieux.


Le livre de l'année selon The Times, traduit dans le monde entier, un premier roman bourré d'humour et d'esprit, d'émotion et de suspense, porté par un héros irrésistible: vieux juif new-yorkais exilé à Oslo, en fuite à travers la campagne norvégienne avec son petit voisin serbe.
À 82 ans, Sheldon Horowitz, veuf, horloger à la retraite et ancien marine, accepte en ronchonnant d'aller vivre chez sa petite-fille dans une ville qui a tout pour lui déplaire: Oslo. Des contrées de neige et de glace peuplées de grands blonds et au maximum d'un millier de juifs, dont pas un seul ex-sniper, hanté par la mort de son fils, comme Sheldon. 
Jamais il n'aurait imaginé que la Norvège allait lui offrir son ultime mission. Pourtant, quand sa voisine serbe est assassinée par un gang de Kosovars, Sheldon se jure de protéger son garçon de 7 ans coûte que coûte. Le début d'une cavale infernale pour sauver l'enfant... et tenter de racheter ses erreurs passées.

Martin Suter, Le temps, le temps

Peter Taler peine à continuer à vivre: depuis que son épouse Laura a été tuée au bas de leur immeuble, le chagrin et le désir de vengeance l'assaillent. Il est toutefois décidé à mener sa propre enquête. Les indices sont faibles. Seule demeure une infime impression du jour tragique: quelque chose, dans son panorama quotidien, n'est plus pareil... 
Son voisin Knupp ne cesse de l'observer par la fenêtre et semble s'adonner à de mystérieuses activités. Les deux hommes font peu à peu connaissance, jusqu'au jour où Knupp parvient à enrôler Taler dans son projet fou: celui de mettre le temps en échec et, avec lui, la disparition de sa femme. 
Au sommet de son art, Martin Suter échafaude un roman presque hitchcockien qui mêle intrigue policière et éléments fantastiques, humour et mélancolie. Dans cet univers où il suffit de revenir au décor antérieur pour abolir les effets du temps, où toute réalité devient trompe-l'œil, le lecteur est tenu en haleine jusqu'au retournement final insoupçonné.

Gilles Sebhan, London WC2

Fin des années 70. Un jeune français part à Londres rendre visite à sa sœur, grand amour de sa jeunesse, modèle et guide qui l’entraîne à la découverte d’un autre monde, d’une autre langue.
Sans le savoir, il se retrouve au cœur de l’avant-garde, vivant dans un squatt avec elle et son petit ami, Neville Brody, un des artistes phares de la nouvelle scène londonienne, rencontrant Iggy Pop dans les bureaux de The Face ou Sid Vicious dans la boutique de Malcolm Mac Laren et de Vivienne Westwood…
Récit de toutes les premières fois, London WC2 évoque en instantanés l’éveil à la sexualité de son héros, sa découverte de la liberté et son premier amour. Et son adolescence se révèle le parfait écho de l’esprit du début des années 80, la période qui a le mieux incarné l’âge de toutes les outrances rebelles.



lundi 22 avril 2013

Des mots, des mémoires et une question simple en librairie

Trois livres seulement - malgré les autres tentations, nombreuses. Choisir, c'est renoncer, et blablabla... Mais j'aime la manière dont Erik Orsenna aborde ses sujets de manière oblique, je suis fasciné depuis toujours par Casanova et le titre minimaliste de Jacques Expert m'interpelle... On peut raisonnablement penser qu'ils seront tous trois en bonne place dans les librairies cette semaine, fi donc des catégories!

Erik Orsenna, La Fabrique des mots

«Il y a des histoires qui sont des déclarations de guerre. Voilà pourquoi, moi, Jeanne, je me suis tue. J’ai préféré attendre que le temps passe. J’étais petite, à l’époque, dix ans et quelques mois. Mais l’heure est venue de parler.»
L’ignoble Nécrole a encore frappé. L’objet de sa bataille? Les mots. Il y en a trop, beaucoup trop. Pour faire taire tous les incurables bavards, tous les poètes, tous les chanteurs, tous les raconteurs d’histoires, tous les amoureux qui disent et redisent leur flamme, tous les humiliés qui protestent, tous les journalistes qui révèlent et, trouve-t-il, polluent de leurs nuisances sonores jusqu’à la nuit, Son Excellence le très distingué Président à vie a édité une liste, pompeusement intitulée «Circulaire VIII.2012.3917», celle des trente mots désormais autorisés. 
Pour Mlle Laurencin et les élèves de CM2 de l’école Simon-Bolivar, c’est décidé, la guerre est déclarée. 
Parmi les escales de cette croisade sur terre et sur mer bientôt suivie par l’île tout entière, on apprendra comment le Palais de justice fait les choux gras de deux brasseries aux drôles de spécialités et ce que le Pays de Tendre dit de l’amour, on découvrira qu’une salle de classe et un centre de stratégie militaire ne sont pas si éloignés et qu’une ancienne mine d’or peut renfermer bien plus précieux que le plus précieux des métaux. 
Amis ou ennemis de Jeanne, en campagne ou non contre l’ignorance, on croisera le chemin d’une petite foule d’êtres et de créatures, parmi lesquels un élégant, trois jeunes à capuches, des pompiers, un Capitan accablé et très prolixe en anecdotes, un brochet plus vrai que nature, deux vieilles soeurs aussi virulentes qu’érudites, un certain M. Henri et, toujours, la furie de Nécrole…
Plus de dix ans après sa première déclaration d’amour à la grammaire, Erik Orsenna ne pouvait conclure qu’en explorant la fabrique des mots. Qui les crée? D’où viennent-ils? Comment combinent-ils leurs origines? A-t-on le droit d’en inventer de nouveaux? Si l’anglais domine toutes les autres langues, nos mots à nous seront-ils réduits à l’esclavage? À toutes ces questions, Jeanne répond, une fois de plus, et raconte ses aventures au sein de cette mystérieuse fabrique.


Les célèbres Mémoires de Casanova, dans une nouvelle édition établie d'après le manuscrit original acquis par la BnF, accompagnée d'un appareil critique et renouvelé.
Cette nouvelle édition, remaniée en profondeur, de l'Histoire de ma vie est entièrement fondée sur le manuscrit acquis par la BnF en 2010. Elle en respecte le découpage et procure pour la première fois un texte fiable, corrigé des erreurs de transcription de la précédente édition Brockhaus-Plon de 1960 (reprise dans la collection «Bouquins» par Francis Lacassin en 1993). Ce premier volume reproduit les tomes 1 à 3 des Mémoires, depuis l'enfance de Giacomo jusqu'à son évasion de la prison des Plombs, en novembre 1756.
Une nouvelle préface présente un Casanova éloigné des clichés pour faire apparaître l'importance de l'écrivain et du penseur. L'appareil critique, lui aussi renouvelé et enrichi, se concentre sur le travail d'écriture de Casanova: il restitue l'histoire de la langue, éclaire son choix d'écrire en français sans renoncer à l'italianité («La langue française est la sœur bien-aimée de la mienne; je l'habille souvent à l'italienne», écrit-il) et retranscrit dans la mesure du possible les passages biffés sur le manuscrit.
Ce volume 1 reproduit trois variantes importantes: les différents projets de préface de l'auteur, les deux versions du premier séjour parisien (1750-1752), données en regard l'une de l'autre, et le récit de l'évasion publié en 1788 sous le titre Histoire de ma fuite des Plombs.
Enfin, on y trouvera plusieurs documents permettant de mieux comprendre le monde de Casanova: évaluation de ses revenus, tables de conversion des monnaies européennes, règles de jeux comme le pharaon, cartes illustrant les déplacements du Vénitien (monde méditerranéen, quartiers de Venise et de Paris).


Jacques Expert, Qui?
1994, Carpentras, résidence pavillonnaire du Grand Chêne. Un lotissement où tout le monde connaît tout le monde, calme et sans histoires. Jusqu’à ce jour de mars, où la petite Laetitia Doussaint, est retrouvée violée et assassinée dans les bois alentours. Crime crapuleux dont l’auteur ne sera jamais identifié.
2013: quatre hommes s’apprêtent à regarder à la télé l’émission «Affaires non résolues», dont le thème, ce soir là, est le meurtre de Carpentras. Quatre hommes hantés par l’affaire depuis ce jour où ils ont retrouvé le corps de Laetitia. Tous étaient voisins à cette époque, tous habitaient la résidence du Grand Chêne. Durant l’heure que va durer l’émission, avec son lot de questions et de révélations, ceux-ci se souviennent. Leurs épouses également. Certains secrets reviennent à la surface, des suspicions anciennes, des non-dits. Au terme de l’heure que dure l’émission, le voile sera levé. L’un de nos quatre hommes est en effet bel et bien le coupable du viol et du meurtre de Laetitia. Mais qui?
Avec son nouveau roman, Jacques Expert nous offre un formidable jeu de piste et met à l’épreuve la perspicacité du lecteur. Celui-ci saura-t-il trouver avant la fin de l’émission, et du livre, qui est coupable? Spécialiste depuis longtemps des affaires judiciaires françaises, l’auteur, qui a, en particulier, suivi comme journaliste l’affaire du petit Gregory, nous fait profiter d’une expérience qui confère à son récit un réalisme rare.
Après avoir été grand reporter, Jacques Expert a été producteur et rédacteur en chef pour Tf1, puis directeur des Magazines de M6. Il est également Directeur Général adjoint de Paris-Première et auteur de la série «histoires criminelles» sur France Info. Après Adieu (2012), Qui? est son deuxième roman à paraître chez Sonatine.


lundi 1 avril 2013

Ils arrivent : Sfar, Benacquista, Chessex, Verheggen

Ils sont nombreux, les cartons arrivant cette semaine chez les libraires. A déballer, donc, un roman de Joann Sfar, un autre de Tonino Benacquista, et mes choix subjectifs... avec les mots des éditeurs pour les présenter.

Têtes de gondole

Joann Sfar, L'Eternel

Dans ce Nosferatu revu et corrigé par Woody Allen et Albert Cohen réunis, on retrouve tout ce qui fait l’originalité et la profondeur de l’œuvre de Joann Sfar, qui marie ici mieux que jamais philosophie et judaïsme, humour et truculence, sensualité et émotion.

Dessinateur et scénariste de bande dessinée, réalisateur de cinéma (César du meilleur premier film pour Gainsbourg, vie héroïque, et César du meilleur film d’animation pour Le Chat du rabbin), Joann Sfar est né à Nice en 1971.
Intarissable raconteur d’histoires, il puise son imaginaire délirant dans la fiction populaire et le folklore lié à ses origines juives, qui imprègne nombre de ses albums comme Kletzmer ou Le Chat du Rabbin - la série qui l’a imposé auprès du grand public et s’est vendue à ce jour à plusieurs millions d’exemplaires.
L’Eternel est son premier roman, et sera prochainement adapté en série pour Canal+ dans une réalisation que signera l’auteur lui-même.

Tonino Benacquista, Nos gloires secrètes

«Ce jour-là j'ai appris une règle qui n'a cessé de se vérifier le reste de ma vie: quand trois personnes vous admirent au grand jour, deux autres vous haïssent dans l'ombre. L'admiration attire la haine comme la passion la violence, et j'entends passion comme la somme des souffrances qu'endure le martyr.»
Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope. 
Les personnages de ces six histoires ont un point commun: leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d'ombre n'est rien en comparaison de leur part lumineuse. Une vérité que l'on tait, un exploit ue l'on cache, un passé inavouable. Lequel d'entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ?

Posthume

Jacques Chessex, Hosanna

Ce livre posthume de notre ami Jacques Chessex aurait pu s’appeler: La mort du voisin. En effet, lorsqu’un voisin âgé meurt de sa mort naturelle, et qu’une cérémonie en français et en allemand a lieu dans la chapelle du village, le narrateur s’y rend. Tout le talent à la fois spirituel et prosaïque de l’écrivain va consister à rendre la palette d’émotions qui le traversent, le saisissent et nous saisissent.
Bonheur et honte de survivre, et certitude, hélas!, vraie, de ne pas survivre longtemps: «Vide et béance, la folie gagne, je tomberai sur le sol noir au sortir d’ici, à la lumière éblouissante du grand jour, tous ils verront ma chute et passeront sans m’appeler». Mais aussi, le retour du passé, en images fulgurantes et superbes, un fou qui hante les rues de Ropraz, un visage de jeune homme suicidé, une amante et consolation du narrateur, dénommée Blandine, au sexe de miel.

Romancier, poète, peintre, Jacques Chessex était l'un de nos plus grands écrivains de langue française. On lui doit, entre autres, L'ogre (1973, Prix Goncourt), Monsieur (2001), Le vampire de Ropraz (2007), Un juif pour l'exemple (2008), Le dernier crâne de M. de Sade (2010) et Interrogatoire (2011).

Hors normes, hors série, en poésie

Jean-Pierre Verheggen, Un jour, je serai Prix Nobelge

Auteur, entre autres, de Frites l’amour, pas la guerre ou de Votez verres, votez alcoolos à septante ans (soixante-dix pour les étrangers), Jean-Pierre Verheggen a estimé qu’il méritait de se voir attribuer le «Prix Nobelge». D’où ce dossier de candidature comprenant le rappel des distinctions qu’il a déjà reçues; son CV (à ne pas confondre avec son Ridiculum Vitae révélé au public en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard) suivi de la liste des nombreux textes inédits qu'il entend soumettre à l’examen des membres du jury et même du nom des concurrents qu’il craint de devoir affronter (sans toutefois les redouter): Henri Michaux et Marie-Thérèse Philippot en Wallonie, Hergé à Bruxelles mais, en revanche, personne en Flandre, même pas le Flamand de Lady Chatterley. 

Du Degré Zorro de l'écriture paru dans les années soixante-dix aux Éditions Christian Bourgois, dans la collection TXT, à L'Oral et Hardi, un choix de ses textes qui a valu à son metteur en scène et interprète Jacques Bonnaffé un Molière en 2009, Jean-Pierre Verheggen, comme l'écrit André Velter, «n'a cessé de mener à bride abattue l'une des plus toniques chevauchées verbales. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, Verheggen donne une œuvre qui est à percevoir dans la résonance de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce et irrésistible».



lundi 25 mars 2013

Cette semaine en librairie : Tom Wolfe et Jean-Noël Schifano

Très attendu, salué par un long entretien dans Libération samedi, le nouveau roman de Tom Wolfe est au programme de la semaine. Mais pas que.

Tête de gondole

Tom Wolfe, Bloody Miami

Portée par une prose électrique, cette grande fresque en 3D de la vie à Miami est un miroir de l'Amérique des années 2010, comme le fut pour les années 1990 le New York du Bûcher des vanités
Brillant, culotté, à l'humour corrosif: un Tom Wolfe très grand cru.

«Une invasion armée, c'est une chose, évidemment. Mais Miami est la seule ville d'Amérique – et même du monde, à ma connaissance – ou une population venue d'un pays étranger, dotée d'une langue et d'une culture étrangères, a immigré et établi sa domination en l'espace d'une génération à peine – par la voie des urnes. Je veux parler des Cubains de Miami. Dès que j'ai pris conscience de cette réalité, j'ai trépigné d'impatience: il fallait que j'y aille. C'est ainsi que j'ai passé deux ans et demi dans la mêlée, en plein coeur de l'immense foire d'empoigne qu'est Miami. Il faut le voir pour le croire; ou bien (oserais-je le suggérer?) le lire dans Bloody Miami. Dans ce livre – ou il n'est pas question d'hémoglobine, mais de lignées –, Nestor, un policier cubain de vingt-six ans, se retrouve exilé par son propre peuple de la ville d'Hialeah, la véritable «Little Havana» de Miami, pour avoir sauvé de la noyade un misérable émigrant clandestin de La Havane; Magdalena, sa ravissante petite amie de vingt-quatre ans, leur tourne le dos, à Hialeah et à lui, pour des horizons plus glamour en devenant la maîtresse d'abord d'un psychiatre, star des plateaux télé et spécialiste de l'addiction à la pornographie, puis d'un «oligarque» russe dont le plus grand titre de gloire est d'avoir donné son nom au Musée des beaux-arts de Miami (en lui vendant des faux pour soixante-dix millions de dollars...); un professeur haïtien risque la ruine pour que ses enfants mulâtres soient pris pour des Blancs; un chef de la police noir décide qu'il en a assez de servir d'alibi à la politique raciale du maire cubain; le rédacteur en chef WASP de l'unique quotidien anglophone encore publié à Miami, certes diplômé de Yale mais qui ne comprend rien aux contradictions intrinsèques et complètement cinglées de cette ville, meurt de peur de perdre sa place – et ses privilèges; tandis que son jeune reporter vedette, également sorti de Yale – mais qui, lui, a tout compris –, s'échine (avec succès et avec l'aide de Nestor, notre jeune policier cubain) à traquer le scoop qui lui permettra de se faire une place à la hauteur de son ambition... et je n'évoque là que neuf des personnages de Bloody Miami, qui couvre tout le spectre social de cette mégapole multiethnique. J'espère qu'ils vous plairont. C'est un roman, mais je ne peux m'empêcher de me poser cette question: et si nous étions en train d'y contempler l'aurore de l'avenir de l'Amérique?»
Tom Wolfe

Fondateur du «nouveau journalisme» dans les années 1960-1970, auteur d'une quinzaine de livres, immense romancier depuis le succès planétaire du Bûcher des vanités, Tom Wolfe est une grande voix de la littérature contemporaine, qui ne cesse de s'amuser de son rôle de «poil à gratter du monde littéraire américain». En France, ses romans, dont Un homme, un vrai et Moi, Charlotte Simmons, sont publiés chez Robert Laffont, dans la collection «Pavillons».
Son site Internet : www.tomwolfe.com.

A voir de près,
et même de très près

Jean-Noël Schifano, E.M. ou La Divine Barbare
Rome, novembre 1984-novembre 1985. 
Peut-on tout se dire, dans la tendresse amoureuse qui, quelques jours durant, laisse à découvert les secrets les mieux gardés de deux vies, en miroir l’une de l’autre? Tomber les masques, au vrai plus que Rousseau, plus que Lamiel, plus que Leiris, même? 
Le jeu secret quand la vie et l’amour ne tiennent qu’à un fil: aveu contre aveu. 
Que se passe-t-il d’essentiel entre Elisa, l’immense écrivain, qui survit un peu de temps encore à son suicide, et son traducteur, Giannatale, qui désire, après l’œuvre, traduire la plus voilée des vies?... 
Il y a deux amours fusionnels dans ce petit livre, mots et chairs, qui se passent entre deux chambres, et se poursuivent au cœur des milliers de pages écrites par Elisa. Éphémère, l’amour de Giannatale avec Polina. Éternel, l’amour pour Elisa. Tous deux partagés à la passion. Il y a le jeu jusqu’à la mort des vérités enfin dites.

mardi 19 mars 2013

En librairie cette semaine : de Rosnay, Delacourt, Pelot, Diome

Je reprends une habitude égarée je ne sais où, et qui permet de savoir en début de semaine ce que vous trouverez quelques jours plus tard sur la table de votre libraire - un choix de titres, au moins.
Les présentations, extraits et biographies sont  fournis par les éditeurs.

Têtes de gondole

Tatiana de Rosnay, A l'encre russe

Alors qu’il était enfant, Nicolas Duhamel a perdu son père, disparu en mer. À vingt-quatre ans, lors du renouvellement de son passeport, il découvre que son père n’est pas le fils de Lionel Duhamel et s’appelle en réalité Koltchine. Pourquoi ce secret savamment entretenu? Affecté par ces révélations, qui ravivent la douleur de la perte, Nicolas se lance sur la piste de ses origines, jusqu’à Saint-Pétersbourg. De cette enquête découle un roman, publié sous le pseudonyme de Kolt, qui rencontre un succès phénoménal. Après trois ans sous les spotlights, un brin plus arrogant, celui qui se nomme désormais Nicolas Kolt séjourne sur la côte toscane. Dans un hôtel pour happy few, il verra s’accumuler orages et périls, défiler sa vie et se jouer son avenir. Spectaculaire roman gigogne, À l’encre russe marque le sacre de la reine du secret.
Nicolas appela le Gallo Nero, mais une voix condescendante lui répondit: «Désolé, Signor, nous sommes complets à ces dates. Il faut réserver des mois à l’avance.» Il marmonna deux mots d’excuses, puis reprit: «Je vous laisse mon nom et mes coordonnées, au cas où une chambre se libérerait?» Soupir à l’autre bout du fil. Qu’il interpréta comme un oui, aussi précisa-t-il: «Nicolas Kolt.» Avant même d’avoir pu donner son numéro, il entendit comme un gémissement contenu. «Pardon?» s’étrangla la voix. «Vous avez dit Nicolas Kolt?» Il commençait à en avoir l’habitude, mais c’était toujours aussi agréable. «Signor, vous auriez dû vous présenter, nous avons, bien entendu, une de nos plus belles chambres à votre disposition. Rappelez-moi, quand pensiez-vous venir, Signor Kolt?»
Franco-anglaise, Tatiana de Rpsnay est l’auteur de onze romans, dont Elle s’appelait Sarah (2007) adapté au cinéma par Gilles Paquet-Brenner. Grâce notamment aux succès de Boomerang (2009) et Rose (2011) elle est l’auteur français le plus lu en Europe et aux États-Unis ces dernières années.

Grégoire Delacourt, La première chose qu'on regarde

Le 15 septembre 2010, Arthur Dreyfuss, en marcel et caleçon Schtroumpfs, regarde un épisode des Soprano quand on frappe à sa porte.
Face à lui: Scarlett Johansson.
Il a vingt ans, il est garagiste.
Elle en a vingt-six, elle a quelque chose de cassé.
Une fable ultra-moderne, aussi féroce que virtuose sur la naissance de l’amour et la vérité des âmes.

Né en 1960 à Valenciennes, Grégoire Delacourt est publicitaire. Après le succès de L’Écrivain de la famille, son premier roman (20 000 exemplaires vendus en édition première, prix Marcel Pagnol, prix Rive Gauche), La Liste de mes envies, paru en février 2012, lui a valu une renommée internationale.



J'aime beaucoup


On sort tout juste de l’hiver. Au printemps, le ciel est bleu et lisse comme un crâne de Schtroumpf sans bonnet, les loups sont de retour, les pollens et le redoux se rappellent à notre bon souvenir. L’été peut cacher des ciels lourds d’un poids mouillé de linge sale, les orvets se coupent en deux, les renards pointent leurs reflets de flammes, et les brimbelles nous font les dents bleues. L’automne se mijote avec les patates au lard. Pour la Toussaint, on pourrait préférer le mimosa au chrysanthème. L’hiver crisse, la lumière du jour nous met en garde à vue basse, il nous faut faire des voeux en attendant le printemps.
Bientôt.
Pierre Pelot, habitant amoureux des Vosges, nous propose un texte qui se picore en petites scènes et vagabonde entre les mots et les sensations. Un livre qui virevolte comme la ronde des saisons: toujours changeante mais parfaitement immuable.

J'en attends beaucoup

Fatou Diome, Impossible de grandir

Salie est invitée un samedi à un dîner du type «papa, maman et les enfants, plus quelques amis». Mais cette invitation d’une apparente simplicité la plonge dans l’angoisse. Pourquoi est-ce si «impossible» pour elle d'aller chez les autres? De répondre aux questions banales sur sa vie, sur ses parents? Salie se lance dans une conversation avec «la Petite», sorte de voix intérieure et de double de la narratrice, enfant. Cette dernière va la forcer à revenir sur son passé, à revisiter son enfance pour comprendre l'origine de cette peur. Salie reconvoque alors ses souvenirs, la vie à Niodior, la difficulté d'être une enfant illégitime, d’endurer le rejet et la violence des adultes, les grands-parents maternels qui l'ont tant aimée…
A partir d'une matière très personnelle et intime, Fatou Diome parvient à créer un inoubliable personnage, Salie. Le roman est l'histoire d'une enfant grandie trop vite et qui ne parvient pas à s'ajuster au monde des adultes. Mais c'est aussi l'histoire d'une libération, car l'introspection que mène Salie pour apprivoiser ses vieux démons, tantôt avec rage et colère, tantôt avec douceur et humour, est salvatrice.
Un grand livre sur l'enfance bousculée et la nécessité d'asseoir sa place dans le monde des adultes. D’inspiration autobiographique, ce roman est en quelque sorte une suite au Ventre de l’Atlantique.

Fatou Diome est née au Sénégal. Elle arrive en France en 1994 et vit depuis à Strasbourg. Elle est l'auteur d'un recueil de nouvelles La Préférence nationale (2001) ainsi que de quatre romans, Le Ventre de l'Atlantique (2003), Kétala (2006), Inassouvies nos vies (2008) et Celles qui attendent (2010).