Ils sont nombreux, les cartons arrivant cette semaine chez les libraires. A déballer, donc, un roman de Joann Sfar, un autre de Tonino Benacquista, et mes choix subjectifs... avec les mots des éditeurs pour les présenter.
Têtes de gondole
Joann Sfar, L'Eternel
Dans ce Nosferatu revu et corrigé par Woody Allen et Albert Cohen réunis, on retrouve tout ce qui fait l’originalité et la profondeur de l’œuvre de Joann Sfar, qui marie ici mieux que jamais philosophie et judaïsme, humour et truculence, sensualité et émotion.
Dessinateur et scénariste de bande dessinée, réalisateur de cinéma (César du meilleur premier film pour Gainsbourg, vie héroïque, et César du meilleur film d’animation pour Le Chat du rabbin), Joann Sfar est né à Nice en 1971.
Intarissable raconteur d’histoires, il puise son imaginaire délirant dans la fiction populaire et le folklore lié à ses origines juives, qui imprègne nombre de ses albums comme Kletzmer ou Le Chat du Rabbin - la série qui l’a imposé auprès du grand public et s’est vendue à ce jour à plusieurs millions d’exemplaires.
L’Eternel est son premier roman, et sera prochainement adapté en série pour Canal+ dans une réalisation que signera l’auteur lui-même.
Tonino Benacquista, Nos gloires secrètes
«Ce jour-là j'ai appris une règle qui n'a cessé de se vérifier le reste de ma vie: quand trois personnes vous admirent au grand jour, deux autres vous haïssent dans l'ombre. L'admiration attire la haine comme la passion la violence, et j'entends passion comme la somme des souffrances qu'endure le martyr.»
Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope.
Les personnages de ces six histoires ont un point commun: leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d'ombre n'est rien en comparaison de leur part lumineuse. Une vérité que l'on tait, un exploit ue l'on cache, un passé inavouable. Lequel d'entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ?
Posthume
Jacques Chessex, Hosanna
Ce livre posthume de notre ami Jacques Chessex aurait pu s’appeler: La mort du voisin. En effet, lorsqu’un voisin âgé meurt de sa mort naturelle, et qu’une cérémonie en français et en allemand a lieu dans la chapelle du village, le narrateur s’y rend. Tout le talent à la fois spirituel et prosaïque de l’écrivain va consister à rendre la palette d’émotions qui le traversent, le saisissent et nous saisissent.
Bonheur et honte de survivre, et certitude, hélas!, vraie, de ne pas survivre longtemps: «Vide et béance, la folie gagne, je tomberai sur le sol noir au sortir d’ici, à la lumière éblouissante du grand jour, tous ils verront ma chute et passeront sans m’appeler». Mais aussi, le retour du passé, en images fulgurantes et superbes, un fou qui hante les rues de Ropraz, un visage de jeune homme suicidé, une amante et consolation du narrateur, dénommée Blandine, au sexe de miel.
Romancier, poète, peintre, Jacques Chessex était l'un de nos plus grands écrivains de langue française. On lui doit, entre autres, L'ogre (1973, Prix Goncourt), Monsieur (2001), Le vampire de Ropraz (2007), Un juif pour l'exemple (2008), Le dernier crâne de M. de Sade (2010) et Interrogatoire (2011).
Hors normes, hors série, en poésie
Jean-Pierre Verheggen, Un jour, je serai Prix Nobelge
Auteur, entre autres, de Frites l’amour, pas la guerre ou de Votez verres, votez alcoolos à septante ans (soixante-dix pour les étrangers), Jean-Pierre Verheggen a estimé qu’il méritait de se voir attribuer le «Prix Nobelge». D’où ce dossier de candidature comprenant le rappel des distinctions qu’il a déjà reçues; son CV (à ne pas confondre avec son Ridiculum Vitae révélé au public en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard) suivi de la liste des nombreux textes inédits qu'il entend soumettre à l’examen des membres du jury et même du nom des concurrents qu’il craint de devoir affronter (sans toutefois les redouter): Henri Michaux et Marie-Thérèse Philippot en Wallonie, Hergé à Bruxelles mais, en revanche, personne en Flandre, même pas le Flamand de Lady Chatterley.
Du Degré Zorro de l'écriture paru dans les années soixante-dix aux Éditions Christian Bourgois, dans la collection TXT, à L'Oral et Hardi, un choix de ses textes qui a valu à son metteur en scène et interprète Jacques Bonnaffé un Molière en 2009, Jean-Pierre Verheggen, comme l'écrit André Velter, «n'a cessé de mener à bride abattue l'une des plus toniques chevauchées verbales. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, Verheggen donne une œuvre qui est à percevoir dans la résonance de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce et irrésistible».
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