Chaque fois que Kay
Scarpetta entre en scène, il faut se préparer à rencontrer des phrases qui,
dans un autre contexte, rebuteraient. Cette question, entre autres, qu’elle
pose à un enquêteur : « Votre
laboratoire d’analyses de traces est-il équipé d’un microscope électronique à
balayage couplé à l’analyse dispersive en énergie ? » Ah !
bon ?
Du moins Patricia Cornwell ne peut-elle être soupçonnée de prendre
ses lecteurs pour des incultes. Elle leur suppose à peu près autant de savoir que son héroïne en médecine légale, à laquelle ils sont formés depuis vingt ans.
Ils ont dénoué avec Kay des énigmes insolubles, ils ont même participé en sa
compagnie à des autopsies virtuelles dans Havre
des morts. Ils sont prêts à tout accepter.
Ils connaissent aussi les
faiblesses de Kay, son passé douloureux, son affection pour sa nièce Lucy, sa
manière d’être sur la défensive en accentuant sa froideur, ses liens
d’affection fragiles. Ils ne seront pas surpris de la voir, dans Voile rouge, tenter de comprendre
pourquoi Dawn Kincaid a tenté de la tuer après avoir assassiné Jack Fielding,
l’assistant de Kay, et peut-être aussi d’autres personnes. Elle part en Géorgie
interroger la mère de Dawn, elle-même prisonnière dans un pénitencier pour
femmes. Kay pense agir de son propre chef. Elle comprendra seulement sur place
à quel point elle est manipulée, avant de deviner dans quel but.
Partagée entre la colère
et la culpabilité, Kay Scarpetta n’est pas un personnage d’une pièce, même si
la romancière insiste parfois trop sur les limites dans lesquelles elle
parvient – difficilement – à maîtriser ses émotions. Benton, son mari, fidèle
soutien au regard lucide, a beau jeu de lui renvoyer parfois ses défauts au
visage, mais davantage comme une tentative de correction de trajectoire que
comme une gifle. Sous le secret auquel il est tenu (faut-il rappeler qu’il
appartient au FBI ?), cet homme possède une délicatesse bienvenue.
Quant à la trame du récit, elle est, comme la
plupart du temps, habile et retorse. Le danger s’approche très près de Kay
Scarpetta et, comme cela doit arriver dans les longues séries romanesques, un
personnage important, souvent revenu dans les épisodes précédents, disparaît.
Lequel ? C’est ce qu’il faudra découvrir, parmi d’autres énigmes
entremêlées.
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