J’ai commencé le nouveau
roman de Dan Brown, Inferno, paru
cette semaine aux Etats-Unis et un peu partout dans le monde – sauf en France,
où il ne sortira que la semaine prochaine, malgré les contraintes exercées sur
le traducteur s’il faut en croire ce qu’il a raconté à Bibliobs : « J’ai traduit Dan Brown dans un bunker, il y avait deux gardes armés. » Romanesque,
forcément romanesque… puisqu’on sait depuis le Da Vinci Code que le romancier américain est capable d’aller
chercher très loin les ressorts des rebondissements de thrillers ésotériques
dans lesquels tout semble possible. Même et surtout l’invraisemblable.
Puisque le roman n’est
pas encore disponible en français, j’ai travaillé à assouplir mon américain et
j’ai pris la version originale, pour une lecture bien sûr plus lente qui m’a
conduit, en une longue soirée, avant de céder à l’appel de l’oreiller, aux
environs de la centième page. Soit, pour donner une idée, 17 chapitres sur un
total de 104.
Les romans de Dan Brown
sont de ceux dont on aime dire du mal : c’est écrit n’importe comment,
voilà l’argument massue avec lequel se trouve assommé le lecteur qui aime ça.
Vous, peut-être. Moi, à coup sûr, au point où j’en suis.
Robert Langdon,
professeur de symbologie (euh… si Wikipédia le dit…) fait pour la quatrième fois son Indiana Jones. Mais il est dans la panade. Il se retrouve dans un lit
d’hôpital avec pour dernier souvenir celui de l’université du Massachussetts où
il enseigne. En réalité, il est à Florence, deux jours plus tard, avec à la
tête une blessure par balle qui le fait atrocement souffrir. Il est en proie à
une hallucination récurrente dont le prologue, tout en rythme, nous a fourni
les principales images : un homme est poursuivi, avec la ville de Florence
en toile de fond, beau décor chargé d’œuvres artistiques évoquées au passage,
et le mystère s’installe à propos d’un objet inconnu et important pour l’humanité
– rien que ça, mais Dan Brown ne fait pas les choses à moitié. Comme dans les
paroles prononcées, définitives :
« Mon don est le futur.
Mon don est le salut.
Mon don est l’Enfer. »
Vous m’en direz tant !
Le comble, c’est qu’on
marche, qu’on court, et qu’on est déjà au premier chapitre, dans les souvenirs
parcellaires de Robert Langdon. Très parcellaires. Où suis-je ? Qu’est-il
arrivé ? C’est à peu près tout ce qu’il peut dire pour démêler les causes
de l’état dans lequel il se trouve, hanté par l’image d’une femme voilée et
tout surpris de reconnaître, par la fenêtre, une architecture médiévale qu’il
connaît bien et dont il sait qu’elle ne trouve pas dans le Massachussetts mais
à Florence. Où, dans sa chambre d’hôpital, deux médecins s’occupent de lui
tandis que glisse, à l’extérieur, la silhouette d’une femme baraquée et habillée
de noir. On devine qu’elle ne veut pas que du bien à Richard Langdon – après tout,
quelqu’un lui a tiré dessus – et elle le prouve en abattant le Dr Marconi
tandis que le Dr Brooks, une femme plus jeune, prouve son sang-froid en
réussissant à s’enfuir avec un Langdon bourré de sédatifs…
De l’action, de l’action !
On ne sait toujours pas
pourquoi, bien entendu. Mais le troisième chapitre a fourni un intéressant
élément d’information : à 5 miles de la côte italienne se trouve un yacht
luxueux aménagé comme un QG militaire, The
Mendacium, d’où le chef du Consortium dirige ses opérations discrètes dans
le monde entier, au service de qui peut se payer des équipes d’une redoutable
efficacité pour tous les usages, sans jugement moral. Ce qui sous-entend que
les opérations sont souvent immorales. Celle-ci, dans laquelle Langdon est
impliqué à son insu, semble d’une importance capitale. Et susceptible d’échouer,
ce que déteste le boss du Consortium. Il a construit sa réputation sur deux
règles d’or : ne jamais faire une promesse que vous ne pouvez pas tenir et
ne jamais mentir à un client…
Avant la fin du seizième
chapitre, il y aura encore pas mal d’action. Le Dr Brooks est désormais appelée
par son prénom, Sienna. Elle est dotée d’une intelligence exceptionnelle – un quotient
intellectuel de 208, dont Richard Langdon ne savait pas que cela existait (moi
non plus). Et Langdon n’est pas insensible au charme qu’elle dégage, ce qui
laisse d’autant mieux augurer d’un rapprochement plus intime que Sienna, elle
aussi… enfin, vous voyez, les choses se mettent en place assez vite.
Le mystère de l’intrigue,
en revanche, ne se dévoile que très progressivement. Le mystérieux objet est
retrouvé dans une poche secrète de la poche de Langton, qui en ignorait l’existence :
un tube de titane qui s’ouvre sous la pression d’un doigt. Pas n’importe quel
doigt, l’ouverture est programmée en fonction des empreintes. Celles de Langdon,
comme par hasard.
Et nous voici plongés
dans l’univers de Dante, de son Enfer
et des peintres qui s’en sont inspirés, avec des allusions à la Grande Peste du
Moyen Age et à la Renaissance qui suivit. Le message se complète : pour
renaître, il faut mourir ; pour trouver le Paradis, il faut passer par l’Enfer…
C’est loin d’être fini.
Et j’ai très envie de
connaître la suite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire