Roger Casement. Le nom ne
nous est pas inconnu. Celui dont Mario Vargas Llosa a fait le héros de roman, Le rêve du Celte, s’est rendu célèbre par son combat contre l’exploitation humaine.
D’abord au Congo, propriété de Léopold II, où Casement accompagne Stanley en
1884. « Est-ce cette nuit-là que sa
Sainte Trinité personnelle des trois C avait volé en éclats ? Jusqu’alors
il croyait que le colonialisme se justifiait par eux : christianisme,
civilisation et commerce. » La réalité est moins idéale. Stanley n’est
pas là pour apporter la civilisation mais pour servir le monarque belge. Casement
découvre l’exploitation humaine, une abomination, et entreprend de le faire
savoir. A Joseph Conrad, notamment, qui tirera Au cœur des ténèbres du voyage où il a rencontré Casement. Et au
monde entier, avec un Rapport sur le
Congo qui nourrit, dans Le soliloque
du roi Léopold, de Mark Twain, les cauchemars du souverain.
Vargas Llosa utilise les
vingt années africaines du personnage. Et, plus tard, ses missions officielles
en Amérique latine. Sur un terrain que se disputent le Pérou et la Colombie, il
dénonce le même type de sévices exercés, cette fois, par une société
britannique. Humanitaire avant l’heure, il devient consul, il discute avec le
président des Etats-Unis, il est même anobli.
Mais, en mesurant les
dégâts d’une occupation étrangère au Congo et en Amazone, un parallèle s’impose
à sir Roger Casement :
l’Irlande, d’où il vient, est aussi, d’une certaine manière, une terre
colonisée. Et il se rapproche, d’abord par les idées, ensuite par les actes,
des indépendantistes dont certains prônent l’action violente. De plus en plus,
il considère les ennemis de l’Angleterre comme des alliés objectifs de
l’Irlande. L’Allemagne, entrée en guerre en 1914, lui semble donc un parfait associé
de circonstance. Il négocie l’envoi d’armes, tente de monter une Brigade
irlandaise parmi les soldats prisonniers des Allemands, regagne l’Irlande en
sous-marin. Et est accusé de traîtrise, arrêté, condamné à mort…
Vargas Llosa a choisi un point d’ancrage :
la cellule où Casement attend de savoir s’il sera gracié ou exécuté. Cela lui
laisse le temps de méditer sur une vie qui se déploie autour de quelques
principes et de quelques erreurs. Le romancier péruvien, prix Nobel 2010, en
profite pour saisir l’homme dans ses errements. Sans révolutionner l’art de la
fiction, mais en lui donnant un souffle impressionnant.
un livre magnifique que j'ai lu d'une traite et qui reste en mémoire pour toujours
RépondreSupprimerLe personnage de Casement malgré ses faiblesses est vraiment superbe et est un bel exemple d'humanisme