Le week-end prochain, c'est la Pentecôte. C'est donc aussi Étonnants Voyageurs à Saint-Malo, où je regretterai de ne pas être cette année mais où les veinard(e)s qui y mettront les pieds ne sauront pas où donner des yeux et des oreilles tant le programme est riche. Étonnants Voyageurs ne s'assoupit pas dans le ronronnement des habitudes mais propose à chaque édition de nouvelles ouvertures sur le monde et la littérature - un peu la même chose, non?
Cette semaine, tandis que les paillettes et les robes de grands couturiers en jetteront plein les écrans de télé à Cannes (j'aurais pourtant eu des choses à dire sur le livre d'entretiens de F. Scott Fitzgerald, remis à l'honneur pour l'adaptation de Gatsby le magnifique qui ouvre les manifestations cannoises, ce sera pour plus tard), cette semaine, donc, cap sur Saint-Malo en compagnie de quelques écrivains qui font le déplacement. Venus d'un peu partout, d'Islande, par exemple, comme Arnaldur Indridason dont La muraille de lave reparaît au format de poche.
Comme dans La rivière noire, son précédent roman, le commissaire Erlendur brille par son absence. (Ne vous inquiétez pas, il est revenu depuis, dans Étranges rivages.) Pas de chance : un homme demande à lui parler. Il n’est pas tout à fait inconnu des services de la police. Mais Sigurdur Oli, qui le reçoit, ne fait pas tout de suite le lien avec une précédente rencontre avec le même individu, sorte de clochard au bout du rouleau qui voudrait dire quelque chose alors que personne n’est prêt à lui prêter l’attention requise. Erreur. L’homme ne cessera de disparaître et de réapparaître au gré de ses caprices. Ou de sa volonté à passer aux aveux. S’il a quelque chose à avouer.
Le personnage d’Erlendur n’étant pas là pour faire de l’ombre aux autres membres de l’équipe de policiers islandais, Arnaldur Indridason choisit des premiers rôles différents. Elinborg la fois précédente, Sigurdur Oli maintenant. Un curieux bonhomme. Mariage en état avancé de décomposition, comme un cadavre pas frais. Caractère solitaire et cassant, peu apprécié de ses collaborateurs. Tendance à confondre des intérêts privés avec les règles de fonctionnement de la police, ce qui l’amène à franchir plusieurs fois la ligne jaune. Pas sympathique, en fait, et pourtant c’est avec lui que le récit avance, cahin-caha. Pourtant aussi, on découvrira au commissariat un personnage encore moins sympathique que lui.
Une double énigme fait de La muraille de lave un roman qu’on ne lâchera pas avant d’avoir tout compris. Il y a ce clochard, ses blessures lointaines et sa culpabilité nouvelle. Il y a aussi une affaire de chantage dont est victime un ami de Sigurdur Oli, et qui ouvre des perspectives sur les sombres manipulations de quelques banquiers. Rappelons que nous sommes en Islande, à une époque où son apparente prospérité tient au prix de manœuvres pas très nettes. On a de quoi s’interroger jusqu’au moment des réponses.
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