Après le phénoménal
succès de son premier roman traduit en français, Le chuchoteur, l’Italien Donato Carrisi avait remis le couvert, avec les
mêmes qualités, quelques défauts en moins et en lorgnant sur une thématique
qu’aurait pu exploiter Dan Brown. Le tribunal des âmes, qui se passe pour l’essentiel à Rome, plonge en effet
dans quelques secrets du Vatican.
Commençons par là. Le
romancier explique, dans une note, qu’une rencontre avec le père Jonathan lui a
fait découvrir les pénitenciers et les archives des péchés où sont enfermés les
secrets des confessions les plus sombres. Celles qui révèlent des fautes si graves
que les prêtres ne peuvent donner l’absolution sans en référer au Vatican. Avec
un peu d’imagination, et Donato Carrisi n’en manque pas, on peut penser que
bien des énigmes criminelles irrésolues trouveraient là leur vérité si les
documents étaient accessibles. Précisément, ils le sont aux pénitenciers, un
ordre en marge de la hiérarchie catholique, d’ailleurs en conflit avec elle, et
dont le but serait, pour le dire vite, de mettre un peu d’ordre dans le chaos
violent du monde.
Un autre élément s’ajoute
au premier. Le romancier a croisé la route d’un tueur transformiste, un homme
changeant sans cesse d’identité et si modelable qu’il en devient introuvable.
Dans Le tribunal des âmes, le mal
s’incarne dans un individu de ce genre, particulièrement doué pour se glisser
dans la peau d’autres personnes. Autant d’assassins qui n’en feront qu’un, le
jour où la traque s’achèvera.
Le double sujet dont
s’empare Carrisi donne à son livre une dimension exceptionnelle, amplifiée par
son art du montage. Les éléments sont fournis avec parcimonie, comme il
convient d’ailleurs pour un chasseur – le pénitencier – qui souffre d’amnésie
et manque d’éléments sur sa propre identité. Il traque presque autant les
éléments de celle-ci que la piste du criminel. La construction était le point
fort du Chuchoteur. Dont le point
faible résidait dans l’excès d’explications à propos de la police scientifique
et du profilage de criminels. Cet aspect est moins présent dans Le tribunal des âmes, on peut s’en
réjouir.
Il ne manque à Donato Carrisi que de posséder un
style d’écriture personnel pour jouer dans la cour des très grands. Mais, après
tout, si les lecteurs n’y prêtent pas trop d’attention, il peut continuer à en
faire l’économie.
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