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dimanche 19 octobre 2014

Vacances mouvementées à Cancun

Maximilien, 41 ans, est à Cancun. Seul, alors que Virginie aurait dû l’accompagner. Elle l’aurait fait s’il n’avait pas couché avec une strip-teaseuse lors d’un déplacement au Festival de Limoges où il a reçu le prix Léo-Malet du meilleur scénario de téléfilm policier. Vacant plus encore qu’en vacances, Maximilien rencontre Pom, une ex par ailleurs ex-amie de Virginie. Elle n’est pas seule, son mari l’accompagne. Mais il est resté dans sa chambre pour lire ses emails et ne les rejoindra que plus tard pour aller manger, après qu’ils ont déjà bu quelques verres et que Maximilien a été engagé comme traducteur par un Américain. L’ivresse aidant, l’occasion faisant le larron, Pom et Maximilien se retrouvent dans les toilettes pour un petit coup vite fait, histoire de ranimer des souvenirs.
Alcool, sexe, exotisme, sur quelle pente Patrick Besson nous entraîne-t-il dans Puta madre, servi par son habituelle écriture décontractée et son art de faire surgir les situations incongrues comme si elles appartenaient naturellement à sa vie quotidienne ? Mais nous n’en sommes qu’au début et les vrais ennuis vont commencer, sur un rythme soutenu qui entraîne Maximilien – le prénom, celui d’un empereur, n’est pas facile à porter au Mexique – dans d’improbables aventures. Il ne comprend pas grand-chose à ce qui lui arrive, sinon qu’il est manipulé et se laisse faire. Tout cela va trop loin, bien sûr, mais on y va comme on boit trop de tequila, et tant pis pour ce qui arrivera.
En guise de conclusion, cette affirmation qui est, en réalité une énigme – ou une clé : « Les criminels sont des poètes, car les poètes sont des criminels. Où Maximilien avait-il lu cette phrase ? Chez un écrivain mexicain. Ou espagnol. Peut-être pendant la partie de l’année où il avait vécu à Barcelone : 1991. »

jeudi 13 septembre 2012

Qui ne connaît pas Yves Dartois ?

Patrick Besson joue au snob. Il fait ça bien. Aujourd'hui, dans sa chronique du Point, il prétend (j'exagère à peine) être le seul à posséder des livres d'Yves Dartois, écrivain pourtant productif dans les années 60 et 70 mais tout à fait oublié, jusque par Internet. Poussant jusqu'à ses limites la logique de notre époque, il fait ça bien aussi, il suppose que tout le monde doit se dire qu'Yves Dartois n'existe pas, puisqu'il n'existe pas sur Internet...
Désireux, par quelque lubie du genre qui lui prend plus souvent qu'à son tour, de pousser sa recherche jusqu'au bout, revenu bredouille d'un interrogatoire poussé d'une attachée de presse (bonjour, Nathalie) travaillant pourtant dans une maison d'édition où Yves Dartois a publié, il a dû, rendez-vous compte!, recourir à un libraire pour lui dénicher quelques volumes.
Rendons grâce à ces professions que l'on dit parfois en voie de disparition et qui nous rendent encore bien des services.
Mais le libraire d'aujourd'hui n'est plus couvert de son cache-poussière, et il est connecté à Internet. Si on lui demande un livre qu'il ne possède pas, ou même qu'il ne connaît pas, de l'auteur duquel il n'a peut-être même jamais entendu parler, il cherche sur le site de Livre rare book (d'accord, le nom n'est pas joli, mais c'est efficace) pour trouver quarante-cinq livres d'Yves Dartois en vente dans différentes autres librairies. Si ce n'est pas assez, il continue sur AdAll et en rassemble 209 (parfois les mêmes, c'est vrai), y compris en espagnol ou en néerlandais au cas où Patrick Besson préférerait lire Yves Dartois dans ces langues.
Si je sais cela, c'est parce qu'un libraire m'a guidé vers ces liens (merci, Bernard).
Alors, Patrick, ce n'est pas parce que tu aimes jouer au snob qu'il faut nous prendre pour des cons. Nous sommes nombreux à fréquenter à la fois des libraires et Internet.
Sans rancune.

lundi 21 mai 2012

A Paris, on parle déjà de la rentrée littéraire

Rue des Saints-Pères, chez Grasset, Myriam, attachée de presse, me demande de patienter cinq minutes. Elle reçoit, dans son bureau, Anne Berest, qui publie un roman à la rentrée. Elle sera un des transferts de cette rentrée, puisqu’elle avait publié son livre précédent au Seuil. Mais son éditrice, Martine Saada, a changé de maison, et l’écrivaine l’a suivie, en témoignage de la relation forte qui s’installe parfois entre un auteur et celui ou celle qui l’aide à publier le fruit de son travail.
Sur le bureau de Myriam, un livre attire l’œil : La présidentielle, de Patrick Besson, les portraits de politiciens qu’il a publiés avant l’élection de François Hollande sur le site du Point, hebdomadaire où il tient une chronique. Particularité de ces articles : ils sont aussi des pastiches, écrits à la manière de Marguerite Duras, Françoise Sagan, Georges Simenon et bien d’autres. Dans un voyage de quatre semaines, il n’est pas raisonnable de se charger de livres, d’autant que les Pléiade pèsent déjà. Mais Myriam a vu mon regard – Patrick Besson est un écrivain fréquenté de longue date, avec lequel des relations amicales se sont installées – et elle m'oblige presque à emporter l’ouvrage. Nous nous reverrons, plus tard, pour évoquer la rentrée littéraire. Anne Berest et les autres…


Aujourd’hui, c’est avec Elisabeth Barillé qu’il fallait caler, par l’intermédiaire de Myriam, un rendez-vous plusieurs fois déplacé. Heure et lieu définitifs : 18h30, place de Clichy, au Wepler. C’est grand, le Wepler, et nous ne connaissons pas. Mais, quand une dame entre avec l’air de chercher quelqu’un, c’est elle. Sa menthe à l’eau est d’un vert plus clair que la bouteille de mon quart Perrier, et les couleurs de la conversation sont celles de la Russie dont elle a rapporté son dernier livre, Une légende russe. Elle était partie sur les traces de Lou Andreas-Salomé qui a accompli un voyage de quatre mois en 1900. Elisabeth Barillé est revenue avec un éclairage nouveau sur une histoire familiale. Et un jugement moins sévère sur Troyat, écrivain français d’origine russe qu’adorait sa mère, à qui elle doit d’ailleurs son prénom : un de ses romans s’intitule Tendre et violente Elisabeth.
 

vendredi 20 août 2010

"Mais le fleuve tuera l'homme blanc", de Patrick Besson, en poche

Mais le fleuve tuera l'homme blanc est un roman qui a du corps. Patrick Besson lorgne du côté du roman d’espionnage et place, au cœur d' une intrigue complexe, le Rwanda et son histoire récente. La gravité de celle-ci n’empêche pas l’écrivain de céder parfois à son goût pour les bons mots. «Trois morts et deux enlèvements: on aurait dit le titre d’une comédie policière anglaise.» Heureusement: certains chapitres ressemblent davantage, et sans humour cette fois, à des leçons de géopolitique assénées avec conviction par ceux qui les prononcent. Comme il y en a plusieurs dans le livre, et de différentes sources, elles pourront se révéler contradictoires. Mais, sans contradictions, y aurait-il encore des conflits puisque tout le monde serait d’accord?
En classe affaires d’un vol Paris-Brazzaville, assis à côté d’un conseiller de présidents africains, un homme du pétrole observe une femme qu’il a reconnue avant même d’embarquer: Blandine de Kergalec, dont le nom a fait la une des journaux en 1985 pour des raisons que nous découvrirons plus tard. A son arrivée dans la capitale africaine, l’ancienne espionne est prise en filature par le narrateur des premières pages. Par désœuvrement ou dans un but précis? Patrick Besson ne joue pas cartes sur table. Dans la nuit de Brazzaville, il se contente de pousser paresseusement quelques pièces, enjeu encore dérisoire d’une partie qui prendra de l’ampleur.
Il en profite au passage pour égrener avec légèreté quelques réflexions générales. «La nuit, en Afrique équatoriale, manque de délicatesse. Elle s’affale sur les habitants comme un cheval, avec le pet de la coupure d’électricité.» Ou, sur les Européens qui arrivent en Afrique: «De blancs, ils deviennent blafards. Ils ont les yeux perdus. Leurs cheveux pointent comme des cornes de diable. Leur dos se courbe sous le poids de la misère environnante que les politiques internationales successives de développement n’ont fait que développer.»
Ne nous attardons pas plus longtemps que le romancier. Quelques pages plus loin, le pétrolier pénètre aux Rapides, un restaurant-dancing au bord du fleuve, sur les pas de Blandine de Kergalec, non sans avoir pris soin d’embarquer une jeune femme qui attendait près de l’entrée. Quelle meilleure couverture, pour un «moundélé» (un Blanc), qu’une probable prostituée?
Aux Rapides, deux nouveaux personnages entrent en scène: Tessy, l’Africaine à qui le narrateur a demandé de l’accompagner, et Joshua, un Tutsi selon toute apparence, avec lequel l’ancienne espionne semblait avoir rendez-vous. Quelques éléments sont en place. Pas tous. La partie continue.
Patrick Besson marche sur les traces de John Le Carré – plutôt que sur celles de Gérard de Villiers. Son pétrolier a lu les deux, il y repense en retrouvant Bernard Lemaire, le conseiller de l’avion, quand celui-ci lui présente Elena Petrova, une Russe qui est restée au Congo pendant toutes les guerres. Il n’est pas certain que John Le Carré aurait gardé, s’il avait écrit ce livre, la litanie de dates qui ponctuent d’épisodes violents les années récentes du pays.
Mais le fleuve tuera l’homme blanc souffre parfois – et même souvent – d’un excès de documentation. Certes, il s’inscrit dans le cadre d’événements précis, dont beaucoup sont authentiques. Était-il pour autant indispensable de les exposer dans tous leurs détails? En avions-nous besoin? Patrick Besson s’est laissé déborder par ce qu’il avait envie de dire et n’a pas vraiment dominé le matériau, très riche il est vrai, dont il disposait.
Ce n’est pourtant là qu’un reproche mineur. Car il a aussi accompli d’énormes efforts pour ne jamais lâcher le fil de son récit. On ne le lâche pas non plus. Ou plutôt: on s’accroche à tous les bouts de fil qui dépassent. Ils sont nombreux, dans une pelote qui semble longtemps inextricable. L’intrigue se démultiplie au fur et à mesure que nous apprenons à mieux connaître les personnages qui se croisent et dont le passé expliquera toujours, mais pas tout de suite, le présent.
Mais le fleuve tuera l’homme blanc aurait pu être un très grand livre. Il s’agit quand même d’un excellent roman, et ce n’est pas rien.

samedi 31 octobre 2009

Veillée d'armes pour quatre écrivains


Comment vivent, ce week-end, les quatre écrivains encore sélectionnés pour le prix Goncourt de lundi? A vrai dire, je n'en sais rien. Je ne ne suis pas dans la peau de Laurent Mauvignier, Marie Ndiaye, Jean-Philippe Toussaint ou Delphine de Vigan.
Mais j'ai le souvenir d'avoir rencontré, en 1990, un de ces membres du dernier carré, quelques jours avant la proclamation. Jean Rouaud avait publié son premier roman, Les champs d'honneur (chez Minuit, tiens, tiens, ils sont deux cette année à porter cette casaque). Il jouait à l'homme détaché de ce qui pourrait arriver le lundi suivant. Mais je voyais bien qu'il y pensait beaucoup. Il croyait, me disait-il, avoir une chance sur deux. Pile ou face. La pièce est retombée du bon côté.
Deux ans plus tôt, le vendredi soir précédant ce fameux lundi, Bernard Pivot avait invité les quatre derniers sélectionnés, chez Drouant, pour un Apostrophes assez spécial.
J'y étais.
Récit.

Concevoir un «Apostrophes» chez Drouant, dans le salon même où se réunit l'Académie Goncourt, avec le président de celle-ci et quatre des plus sérieux candidats aux lauriers 1988, est un joli coup pour Bernard Pivot. Une manière d'ouvrir au public une des scènes les plus secrètes et les plus convoitées de la vie littéraire française...
Trois quarts d'heure avant le début de l'émission on se croirait presque, d'ailleurs, un jour de remise de Prix Goncourt. Les photographes tiennent là, il est vrai, un joli cliché: le peut-être futur lauréat déjà dans le salon Goncourt!
Triés sur le volet, les invités qui font habituellement tapisserie derrière les auteurs se réunissent, champagne à la main, dans une pièce annexe où Bernard-Henri Lévy, malgré la courtoise autorité du réalisateur de l'émission, reste plus longtemps que les autres qui se contentent d'une brève apparition avant de rejoindre Bernard Pivot et Hervé Bazin autour de la table. Mais B.H.L. veut tout savoir: «Est-ce que je suis à côté de Bernard? Comment est-ce que je dois me tenir à table?» Puis, maquillé de manière à rendre son visage presque aussi pâle que la chemise ouverte jusqu'au nombril, il se décide à passer au salon.
Dans les coulisses, puisqu'on est entre gens du monde, on se fait des sourires, on s'embrasse. Mais il est des baisers entre éditeurs qui ressemblent à celui de Judas. Même les plus rompus à cet exercice en ressentent un certain malaise: «Ce n'est pas que je sois tout à fait incapable d'hypocrisie, mais quand même...», nous glisse l'un d'eux.
Petit à petit, tout le monde s'installe. Sur les écrans de contrôle, Bernard Pivot prend encore quelques notes, réclame de l'eau pour Patrick Besson. B.H.L. s'ébouriffe les cheveux. Le réalisateur prend ses repères. Deux portraits des Goncourt à montrer au début de l'émission. «Non, lance Bernard Pivot, il manque Jules; c'est deux fois Edmond. On n'en montrera qu'un!». B.H.L. change de micro, s'ébouriffe encore les cheveux. On le voit beaucoup. Peut-être parce que le blanc de sa chemise - deux boutons refermés - permet de régler les caméras. Le feuilleton est terminé. «Combien de temps, pour les publicités?» demande Bernard Pivot, qui vient de régler sa montre.
Dans la salle annexe, le silence s'est fait. Les visiteurs sont tendus. Un des «Apostrophes» les plus importants de la rentrée commence. Conséquence logique de ce trop-plein de tension, des rires éclatent au générique style «Champs-Elysées», au sourire crispé - comme un tic d'un coin des lèvres - de Patrick Besson, puis c'est la franche gaieté pendant les explications d'Hervé Bazin. Sauf de la part de son épouse, qui se contente de sourire doucement...
La suite, elle était sur l'écran. A commencer par les platitudes des quatre goncourables devant Bazin.
Restent, l'émission terminée, les compliments rassurants des éditeurs à leurs poulains: «Tu as été très bien quand tu as dit que...» Et les espoirs de ventes spectaculaires à partir du samedi matin, en attendant de reparler des prix littéraires.

A lundi, tout le monde...