Qui connaissait Paul Auster début 1988?
Pas moi. Je n'avais pas lu Cité de verre, qui était paru chez Actes Sud l'année précédente, premier volume d'une Trilogie new-yorkaise devenue maintenant mythique. Elle marquait l'arrivée en littérature d'un grand écrivain, je ne le savais pas encore.
A l'époque, j'aimais passer du temps à Arles, la ville où Hubert Nyssen avait installé sa maison d'édition - Actes Sud, précisément. Et nous nous rencontrions fréquemment. J'ai oublié si ce fut dans son bureau de ce qui n'était pas encore la place Nina Berberova à Arles (place du Méjan, à l'époque, pour autant que ma mémoire ne soit pas défaillante) ou chez lui, au Paradou, à quelques kilomètres de la ville, toujours est-il qu'Hubert me parla, au détour d'une conversation, de Paul Auster. Il me mit entre les mains Cité de verre et les épreuves des deux volumes suivants, qui étaient encore à paraître, Revenants et La chambre dérobée. En me disant: "Lis-les, tu me diras ce que tu en penses."
Quelques jours plus tard, je revoyais Hubert pour lui dire tout le bien que je pensais de son nouvel auteur.
Il a eu un petit sourire: "Tu veux le rencontrer?"
Paul Auster logeait pour quelque temps dans la maison de son éditeur, au Paradou...
Bien sûr, je voulais le rencontrer, et nous avons bavardé une petite heure, ce qui doit faire de moi un des premiers, sinon le premier, journaliste de langue française à avoir interviewé Paul Auster - et à m'être fait offrir un café par son épouse, Siri Hustvedt, pas encore connue alors comme la romancière qu'elle allait devenir.
Nous avons parlé de ses livres, bien entendu, ainsi que de son travail de traducteur - il a notamment traduit Mallarmé aux Etats-Unis. J'étais tombé sous le charme de ses premiers romans, je suis aussi tombé sous le charme du bonhomme.
Vingt ans plus tard, je le retrouve dans son dernier ouvrage, Seul dans le noir, avec l'art du jeu sur l'identité des personnages qui est le sien. Entre réalité et rêve éveillé, il est parfois difficile de faire la part des choses.
J'y retrouve aussi Hubert Nyssen, ou du moins je croyais l'y avoir retrouvé, dans un passage où un éditeur à la retraite retrouve deux des personnages à Bruxelles et leur raconte une histoire terrible. En fait, je ne m'étais pas trompé. Vérification faire sur le blog d'Hubert Nyssen, il est bien question de lui...
Pas moi. Je n'avais pas lu Cité de verre, qui était paru chez Actes Sud l'année précédente, premier volume d'une Trilogie new-yorkaise devenue maintenant mythique. Elle marquait l'arrivée en littérature d'un grand écrivain, je ne le savais pas encore.
A l'époque, j'aimais passer du temps à Arles, la ville où Hubert Nyssen avait installé sa maison d'édition - Actes Sud, précisément. Et nous nous rencontrions fréquemment. J'ai oublié si ce fut dans son bureau de ce qui n'était pas encore la place Nina Berberova à Arles (place du Méjan, à l'époque, pour autant que ma mémoire ne soit pas défaillante) ou chez lui, au Paradou, à quelques kilomètres de la ville, toujours est-il qu'Hubert me parla, au détour d'une conversation, de Paul Auster. Il me mit entre les mains Cité de verre et les épreuves des deux volumes suivants, qui étaient encore à paraître, Revenants et La chambre dérobée. En me disant: "Lis-les, tu me diras ce que tu en penses."
Quelques jours plus tard, je revoyais Hubert pour lui dire tout le bien que je pensais de son nouvel auteur.
Il a eu un petit sourire: "Tu veux le rencontrer?"
Paul Auster logeait pour quelque temps dans la maison de son éditeur, au Paradou...
Bien sûr, je voulais le rencontrer, et nous avons bavardé une petite heure, ce qui doit faire de moi un des premiers, sinon le premier, journaliste de langue française à avoir interviewé Paul Auster - et à m'être fait offrir un café par son épouse, Siri Hustvedt, pas encore connue alors comme la romancière qu'elle allait devenir.
Nous avons parlé de ses livres, bien entendu, ainsi que de son travail de traducteur - il a notamment traduit Mallarmé aux Etats-Unis. J'étais tombé sous le charme de ses premiers romans, je suis aussi tombé sous le charme du bonhomme.
Vingt ans plus tard, je le retrouve dans son dernier ouvrage, Seul dans le noir, avec l'art du jeu sur l'identité des personnages qui est le sien. Entre réalité et rêve éveillé, il est parfois difficile de faire la part des choses.
J'y retrouve aussi Hubert Nyssen, ou du moins je croyais l'y avoir retrouvé, dans un passage où un éditeur à la retraite retrouve deux des personnages à Bruxelles et leur raconte une histoire terrible. En fait, je ne m'étais pas trompé. Vérification faire sur le blog d'Hubert Nyssen, il est bien question de lui...
Je me suis évidemment empressé de relire les pages (123 et suivantes) où Paul raconte à sa manière le récit que je lui avais fait jadis d'une histoire douloureuse qui allait devenir celle des Déchirements. Il m'en avait averti en septembre 2007 quand je l'avais accueilli à l'université de Liège pour la remise de ses insignes de docteur honoris causa, je l'avais lu ensuite en anglais dans le manuscrit que traduisait Christine, mais c'est très différent dans le livre maintenant paru. M'y voilà, pour de vrai, transféré en personnage de fiction et renvoyé au temps de la gestation des Déchirements. Ça tient du principe de la matriochka et illustre en même temps la double infiltration de la fiction par la réalité, et de la réalité par la fiction.Intelligent en diable, Seul dans le noir est un livre troublant. On en redemande.
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