lundi 19 janvier 2009

Patrick Deville en Afrique

Il y a quelques jours (un peu plus bas), je vous parlais de Jean Rolin et de ses chiens errants. Parmi les personnes remerciées par l'auteur d'Un chien mort après lui, il y a aussi Patrick Deville, et cela n'a rien de surprenant non plus. Equatoria, son nouveau roman, propose une démarche qui n'est pas très différente. Certes, le sujet n'est pas à la dimension de la planète entière. Un continent suffit. Mais un beau continent, l'Afrique, traversée d'ouest en est par le narrateur - le romancier lui-même - sur les traces de Pierre Savorgnan de Brazza qui voulait être découvreur de fleuves et eut sa place dans l'histoire de l'hydrographie. Il fut aussi l'ornithologue qui décrivit une hirondelle endémique sur les plateaux Batékés. Et, enfin, il eut un rôle plus contesté:
Pour les historiens, il est celui qui, faisant reculer devant la proue de sa pirogue la traite et l'esclavage, traînera dans son sillage la colonisation du Congo.
Brazza, donc, comme l'appelle le plus souvent Patrick Deville, entraîne aussi celui-ci dans un périple au long cours et dans des rencontres multiples. On croise ses contemporains (Stanley, en particulier) et des figures plus proches de nous, comme Che Guevara ou Laurent-Désiré Kabila. On prend des routes infâmes et on ressent la longueur du temps.
Patrick Deville a l'art de nous faire entrer dans le paysage et d'inscrire celui-ci dans la durée. La géographie rencontre l'histoire, dans un livre magnifique où, bien entendu, et pour revenir à Jean Rolin, il est aussi question de chiens errants:
La vie nocturne de Lambaréné est des plus réduites. A cette heure-ci, les estaminets du marché comme Le Joie du Peuple au Port sont depuis longtemps cadenassés, la place abandonnée aux chiens errants et nettoyeurs, qui s'arrachent des bouts d'hippo ou de croco.
Du Gabon à Zanzibar, un itinéraire qui vaut le détour...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire