Sous Le ciel de Bay City, mauve et toxique, Amy Duchesnay a passé une adolescence brouillonne, «hantée par une histoire que je n’ai pas tout à fait vécue», dit-elle. Sa mère et sa tante ont, au contraire de nombreux autres membres de leur famille, survécu à l’Holocauste. Les fumées d’Auschwitz sont pour Amy une encombrante réalité qui occulte la lumière. Et interdit tout espoir. La jeune fille ne peut prétendre qu’à rejoindre tous ces morts, emportant avec elle la maison et ses occupants dans un brasier libérateur. «Il faut incendier le ciel. Mets donc le feu à tout cela», lui a glissé, comme un ultime conseil, un vieil homme censé être le fantôme d’un grand-père disparu…
Le livre de Catherine Mavrikakis, son premier à paraître en France (les autres ont été publiés au Québec), ouvre un univers étouffant. L’air y manque en effet souvent, tant les obsessions d’Amy se gravent en nous sous la forme de blessures personnelles. Mais une sombre beauté habite pourtant ce désespoir à travers lequel résonnent des thèmes puissants, en particulier la culpabilité des survivants.
Survivante, Aly le sera au terme des quelques jours de juillet 1979 dont, beaucoup plus tard, elle retrace le déroulement. Le 4, date de l’Independance Day, est aussi le jour de ses dix-huit ans. Elle n’a pas attendu ce moment pour découvrir les possibilités offertes par le sexe. Elle ne s’interdit rien depuis longtemps. Mais «les centaines d’orgasmes dans des décapotables» ont le plus souvent été pour elle des occasions de regarder le ciel, et elle ne s’est jamais oubliée dans une extase qui lui reste inaccessible. Baignée par la musique d’Alice Cooper, elle est coupée du rêve américain qui lui paraît mièvre au regard de ce qui l’habite. Et si son anniversaire revêt cette année-là une importance particulière, c’est en raison de l’acte qu’elle a décidé de poser dans la nuit.
On ne saura jamais ce qui s’est exactement passé, même si la version d’Amy, à laquelle elle veut croire, est précise. Quelques éléments fantastiques tiennent le roman à petite distance d’un pur réalisme. Son héroïne, quant à elle, n’est parfois pas très loin de la folie. Elle s’accroche au ciel bien plus qu’à la terre. Elle continue à lancer dans sa direction les avions qu’elle pilote, comme pour zébrer la surface menaçante de traces provisoires et combattre les émanations asphyxiantes des fours crématoires.
Le livre de Catherine Mavrikakis, son premier à paraître en France (les autres ont été publiés au Québec), ouvre un univers étouffant. L’air y manque en effet souvent, tant les obsessions d’Amy se gravent en nous sous la forme de blessures personnelles. Mais une sombre beauté habite pourtant ce désespoir à travers lequel résonnent des thèmes puissants, en particulier la culpabilité des survivants.
Survivante, Aly le sera au terme des quelques jours de juillet 1979 dont, beaucoup plus tard, elle retrace le déroulement. Le 4, date de l’Independance Day, est aussi le jour de ses dix-huit ans. Elle n’a pas attendu ce moment pour découvrir les possibilités offertes par le sexe. Elle ne s’interdit rien depuis longtemps. Mais «les centaines d’orgasmes dans des décapotables» ont le plus souvent été pour elle des occasions de regarder le ciel, et elle ne s’est jamais oubliée dans une extase qui lui reste inaccessible. Baignée par la musique d’Alice Cooper, elle est coupée du rêve américain qui lui paraît mièvre au regard de ce qui l’habite. Et si son anniversaire revêt cette année-là une importance particulière, c’est en raison de l’acte qu’elle a décidé de poser dans la nuit.
On ne saura jamais ce qui s’est exactement passé, même si la version d’Amy, à laquelle elle veut croire, est précise. Quelques éléments fantastiques tiennent le roman à petite distance d’un pur réalisme. Son héroïne, quant à elle, n’est parfois pas très loin de la folie. Elle s’accroche au ciel bien plus qu’à la terre. Elle continue à lancer dans sa direction les avions qu’elle pilote, comme pour zébrer la surface menaçante de traces provisoires et combattre les émanations asphyxiantes des fours crématoires.
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