vendredi 11 novembre 2016

Leonard Cohen s'est est allé sans Prix Nobel

Beaucoup, j'en suis, à l’annonce du Prix Nobel de littérature attribué à Bob Dylan, ont eu une pensée pour Leonard Cohen, l’autre grand songwriter de la musique populaire anglo-saxonne, lui aussi poète à qui personne ne songera à contester ce titre.
A Marianne Ihlen mourante, qui lui a inspiré la célèbre chanson «So Long,Marianne », il écrivait en juillet dernier ces mots d’adieu que j'emprunte aux Inrockuptibles, car ils méritent bien d’être partagés, au moins pour convaincre ceux qui croient encore qu’un chanteur ne peut pas être un écrivain: «Marianne, le temps où nous sommes si vieux et où nos corps s’effondrent est venu, et je pense que je vais te suivre très bientôt. Sache que je suis si près derrière toi que si tu tends la main, je pense que tu pourras atteindre la mienne. Tu sais que je t’ai toujours aimée pour ta beauté et ta sagesse, je n’ai pas besoin d’en dire plus à ce sujet car tu sais déjà tout cela. Maintenant, je veux seulement te souhaiter un très bon voyage. Adieu, ma vieille amie. Mon amour éternel, nous nous reverrons.»
Marianne partie, Leonard disant qu’il va la suivre, on écoutait son dernier album le cœur serré. You Want It Darker est sorti il y a trois semaines, il résonnait comme un envoi testamentaire, d’une beauté à la fois tragique et sereine, dans la gravité de la voix et des mots, sur des mélodies simples et travaillées, soutenues par une instrumentation sobre et efficace.
Oui, cela fait beaucoup d’adjectifs. Mais on est aussi impressionné que touché par neuf plages qui nous emportent très loin sans nous faire quitter le monde d’aujourd’hui. La présence, ici, des voix d’un chœur masculin, là, des cordes d’un orchestre, montre combien Leonard Cohen a toujours accordé d’importance à la musique qui accompagne, porte ses textes. Ceux-ci, d’inspiration philosophique et à connotations religieuses, sont dans le ton introspectif d’un homme de 82 ans prêt à affronter le dernier passage.
Il aura dû être plus doux à celui qui, presque cinquante ans après son premier album (il est sorti en 1967), a trouvé son équilibre après l’avoir beaucoup cherché. Celui qui disait, toujours dans Les Inrockuptibles cette semaine-là, avoir comme principaux plaisirs aujourd’hui: «prendre le café sur le balcon de mon vieux duplex, le chat à mes pieds, avec quelques biscuits. Et un carnet de notes à portée de main. Et personne pour venir me déranger.»
Leonard Cohen, un sage pour l'éternité.

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