La parole est encore au canon
(De notre correspondant de guerre accrédité aux armées.)
Front britannique,
30 octobre.
Que la débâcle
autrichienne ne nous fasse pas oublier l’armature guerrière allemande et rappelons-nous
que la paix n’est encore qu’en question, tandis que la bataille est en action.
Ce qui se passe à l’intérieur de l’Allemagne est évidemment passionnant ;
ce que l’on constate sur le front ne l’est pas moins. C’est encore de son front
que l’ennemi attend non le sauvetage, mais une atténuation à son naufrage. S’il
tient pendant qu’il converse, il peut parler plus haut. C’est ce qu’il tente.
Nous en avons
les preuves. Les voici. Et cela nous permettra de dire notre mot sur
Valenciennes. Regardez la carte. L’Escaut est devant et les Boches, jusqu’à
épuisement, tiendront l’Escaut. Il est aussi sûr qu’ils ne le lâcheront pas de
plein gré qu’il est certain que nous le leur enlèverons. Il y a toujours deux
personnages en Allemagne, celui qui signe les notes d’appel à Wilson et celui
qui paraphe les ordres du jour aux troupes ; les deux, croyez-m’en, sont
plus d’accord que vous et moi.
Mais voici les
preuves. Ils viennent d’inonder les régions entre Valenciennes et Gand et
Valenciennes et Mons, et sur le front qu’ils ne peuvent défendre par eau entre
Valenciennes et Maresches, dans le secteur possible d’une trouée, ils ont amené
six divisions, six divisions pour sept kilomètres.
La parole est
encore au canon, les Britanniques y pensent.
Le Petit Journal, 31 octobre 1918.
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