lundi 18 mai 2009

Au nom de la morale…

Ruth est professeur d’éducation sexuelle dans un lycée. Un métier à haut risque dans un pays – les États-Unis – où les sectes puritaines abondent et où le moindre écart de langage devient presque une atteinte à l’ordre public. Aurait-elle dû dire, à propos de la fellation, que «certains y prennent plaisir»? Ses propos, en tout cas, provoquent une vague d’indignation et un recadrage progressif de ses cours puisque la voici, bien malgré elle, devenue Professeur d’abstinence, contrainte de défendre mollement des valeurs auxquelles elle ne croit pas…
Tom Perrotta a choisi le ton de la plaisanterie et un scénario auquel on a envie de ne pas croire pour aborder un problème grave: au nom de la morale, une part importante de la vie sociale régresse à grands pas. Tous les signes sont là, Ruth les voit et tente de s’opposer à un discours de plus en plus envahissant. C’est l’entraîneur de l’équipe de football de sa fille qui, saisi d’une inspiration soudaine, remercie Dieu avec toutes les joueuses après un match. Ce sont les prières que l’on fait pour elle, afin que cette divorcée mécréante trouve le chemin de l’amour de Jésus. C’est la direction de son établissement scolaire qui se plie aux injonctions politiquement correctes…
Si les nouveaux tabous sont au cœur du nouveau roman de Tom Perrotta, l’écrivain ne s’y limite pas. La vie sentimentale des personnages lui offre de belles échappées sur les difficultés quotidiennes. Ruth aimerait se trouver un nouveau compagnon, au moins de jeu, et plus si affinités. Mais elle a l’impression d’être hors circuit. Tim, l’entraîneur de football, fervent adepte du Tabernacle, divorcé lui aussi et remarié avec une membre de la secte, sent son couple partir en quenouille. Et, malgré sa foi, éprouve un peu plus que de l’attirance pour Ruth, pourtant sa principale ennemie. Quant aux meilleurs amis de celle-ci, un couple d’homosexuels, ils sont eux aussi sur le point de se séparer, à moins qu’un événement inédit redonne de l’ardeur à leur amour…
On s’amuse beaucoup à lire ce roman. Un peu plus que les personnages, d’ailleurs.


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