Le programme est copieux. Je vous le donnerai en deux parties. Commençons par le commencement, c'est-à-dire les romans du mois d'août.
Serge Joncour, L'homme qui ne savait pas dire non (19 août)
Parfois le soir, seul devant la glace, il avance ses lèvres pour dire le mot, il les rassemble comme pour une moue ou un demi-baiser, il tend la bouche vers l'avant et cale les incisives pour souffler la décisive consonne, mais là, le mot ne vient pas, il lui reste sur la langue comme un chewing-gum qui refuserait de buller, un noyau de cerise.
On n'imagine pas dans quel embarras de ne plus pouvoir recourir à ce simple petit mot de négation si pratique dans la vie courante. C'est pourtant ce qui arrive à Beaujour, simple employé dans un institut de sondage. Grâce à un atelier d'écriture, il part à la recherche du mot perdu, quitte à remonter toute l'histoire.
Avec la sensibilité qu'on lui connaît, Serge Joncour multiplie les situations cocasses et compose un véritable roman des origines.
Serge Joncour est l'auteur de sept livres, parmi lesquels UV (Prix France Télévision 2003), L'Idole (Flammarion, 2005), Combien de fois je t'aime (Flammarion 2008). Il collabore à l'émission Les Papous dans la tête sur France Culture.
Pierre Stasse, Les restes de Jean-Jacques (19 août)
J'étais désarçonné. Manon venait de faire feu sur moi à deux reprises et pleurait comme une adolescente en proie au doute du premier amour. Ou simplement pleurait-elle comme n'importe qui ? N'importe qui avec un fusil.
Je ne pus prononcer le moindre mot et sortis avec un sac de vêtements. J'étais comme ivre de peur comprimée. Je ne cessais de murmurer, assez bas pour être mon unique confident : "Je suis Paul Léonard et je suis en vie, je suis Paul Léonard et je suis en vie."
Clairement, nous devenions tous fous.
Dans cette aventure réjouissante et fantasque, Paul Léonard, rêveur en attente d'une situation financièrement plus favorable, aura pour complices une fratrie russe et déjantée, une romancière de gare, un éditeur new-yorkais, quelques miliciens, et un teckel convaincu d'être un berger allemand. Bien entendu, il enterrera les mauvaises personnes et aimera, aimera inconsidérément, les bonnes.
Pierre Stasse est né en 1986. Les Restes de Jean-Jacques est son premier roman.
James Frey, L.A. Story (19 août)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Cholodenko
L'un des auteurs les plus célèbres et controversés des États-Unis nous livre ici son premier roman: une chronique audacieuse du Los Angeles contemporain. Des dizaines de personnages défilent sous les yeux du lecteur - certains ne font qu'une unique apparition - tandis que James Frey s'attache à narrer les vies dramatiques d'une poignée d'âmes perdues de Los Angeles: une jeune Latino-Américaine brillante et ambitieuse qui voit s'écrouler ses espérances dans un moment d'humiliation cuisante; un acteur de films d'action narcissique à l'excès que la poursuite d'une passion impossible risque de détruire; deux jeunes gens de dix-neuf ans qui fuient l'atmosphère étouffante de leur ville natale et se battent pour survivre aux marges de la grande ville; un vieil alcoolique de Venice Beach dont la vie est bouleversée par l’irruption d’une adolescente toxicomane à demi morte devant les toilettes où il a élu domicile.
Ce roman puissant résonne des millions d’autres vies qui, mises ensemble, décrivent une ville, une culture et une époque. L.A. Story, en un tour de force ébouriffant, déroule les joies, horreurs et hasards inattendus de la vie et de la mort dans la cité des Anges.
James Frey est originaire de Cleveland, Ohio. Il est l’auteur de Mille morceaux (Belfond, 2004) et Mon ami Leonard (Belfond, 2006). Il vit à New York.
Rabih Alameddine, Hakawati (19 août)
Traduit de l'anglais par Nicolas Richard
«Écoute. Permets-moi d'être ton dieu. Laisse-moi t'emmener dans un voyage au-delà de l’imagination. Laisse-moi te raconter une histoire.»
Le grand-père d’Osama était un conteur, un hakawati, et ses histoires ensorcelantes – son arrivée au Liban, orphelin des guerres turques, l’obtention de son nom de famille, al-Kharrat, qui signifie le « hâbleur » – se mêlent à des légendes classiques du Moyen-Orient, revisitées avec une verve éblouissante: Abraham et Isaac; Ismaël, père des tribus arabes; la légendaire Fatima; et Baïbars, le prince esclave qui vainquit les Croisés.
À la manière d’un authentique hakawati, Rabih Alameddine nous livre les Mille et une nuits du vingt et unième siècle – un roman drôle et captivant qui vous enchante et vous tient en haleine dès les premières lignes.
Rabih Alameddine est né à Amman en Jordanie de parents libanais, a grandi au Koweït et au Liban puis a étudié en Angleterre et aux États-Unis. Il est journaliste peintre et écrivain, auteur d’un recueil de nouvelles ainsi que de trois romans: Koolaids, I, the Divine, et Hakawati. Il partage son temps entre San Francisco et Beyrouth.
Simon Liberati, L'hyper-Justine (26 août)
Le mot de déréliction désigne un état de solitude morale, un abandon de Dieu. Pierre al-Hamdi avait beau ne plus croire en Dieu depuis une période de troubles qui avait suivi sa communion catholique, il trouvait que la déréliction lui allait comme un gant. L’image du gant, un peu convenue, lui vint alors qu’il regardait une vitrine au biais de la rue Saint Honoré et de la rue Duphot. Pas de gants, mais des bracelets et des ornements de coiffure si jolis, si compliqués, qu’ils arrêtèrent le sanglot qui lui envahissait la gorge. Les vêtements de femme, surtout ce qui s’attache à la parure ou à l’accessoire, avaient sur lui une vertu apaisante.
Décembre 2007, Pierre al-Hamdi, un petit escroc cogneur de femmes cherche une fille à aimer ou à rançonner dans le faubourg Saint-Honoré. Fasciné par une jeune Anglaise qu’il aperçoit à un balcon de la rue de Castiglione, il découvre qu’elle est mêlée à un curieux projet cinématographique: l’hyper-Justine. Sofia Coppola pressentie pour le diriger s’est associée avec une artiste contemporaine de renommée mondiale mais de réputation sulfureuse : Thérèse Legros de son vrai nom Marie Thérèse Adélaïde Atalante de Vermandois, marquise des Vertus. Jusque là rien qui puisse intéresser Pierre; le choc vient quand il découvre que le scénario du film librement inspiré de Sade raconte l’histoire de la mort de sa mère, mannequin volant, assassinée au Yemen en 1977 alors qu’il avait huit ans. Pierre se retrouve en face d’un adversaire redoutable, une séductrice sans foi ni loi dont la devise rien n’est vrai tout est permis résume le mode de vie. Bien qu’affaiblie par un début d’Alzheimer, Thérèse reste une intelligence de premier plan dont la perfection structurale n’a d’égal que l’hostilité à l’encontre de qui se met sur sa route. Par un curieux effet du hasard les deux adversaires que tout oppose sont unis par plusieurs liens mystérieux: le fétichisme, le goût de la cruauté, une hypersensibilité de prédateur et l’amour vorace des filles faciles. Une nuit de dupes, et de jeux de miroirs fascinants et pervers, va les mettre aux prises.
Simon Liberati est né en 1960 à Paris. Études de grammaire latine à la Sorbonne. Un peu de journalisme dans la presse de mode. Il a déjà publié deux romans chez Flammarion, Anthologie des apparitions (2004) et Nada exist (2007).
Thomas Lélu, Le Parisien (26 août)
Bonjour. J'ai trente-trois ans et depuis deux ans et demi je n'ai plus de cerveau. La raison en est simple, je suis tombé amoureux. J'étais blasé et cynique, je ne croyais en rien. Elle, elle était très belle mais avait dans le regard comme un genre d'étincelle. Je compris plus tard que si moi j'étais un peu con, eh bien elle, elle était complètement barge. Voici le récit de mes six derniers mois, présenté sous la forme d'un journal. Ainsi mon intention est de vous faire partager ce qui anime une passion amoureuse et ses effets désastreux sur l'organisme. Écrire ce livre fut mon salut, ou pas. C'est bien simple, je n'avais pas d'autres solutions. C'était écrire ou mourir. Ou pas…
Avec humour (on s’en doutait) et sincérité (ça c’est nouveau), Thomas Lélu raconte les affres et les joies de l’obsession amoureuse, les up et les down d’un couple qui ne cesse de se quitter pour mieux se retrouver. Ou pas.
Thomas Lélu est écrivain et artiste. Il est l'auteur du Manuel de la photo ratée et de Je m'appelle Jeanne Mass.
Alain Monnier, Je vous raconterai (26 août)
Dans une société laminée par la pauvreté et la violence, un homme misérable est au bout de ce qu'il peut endurer. Mais alors qu'il s'apprête à en finir, un mafieux lui propose de venir jouer à la roulette russe dans un luxueux cabaret, contre une forte somme d'argent. Il accepte, en sort indemne, mais totalement fasciné d'avoir frôlé la mort. Dès lors, il n'a de cesse de revenir jouer et de prendre de plus en plus de risques. Mais à force de défier avec tant d'insolence les lois de la probabilité, le héros du livre va devoir repenser son passé, déterrer des secrets profondément enfouis, et même se confronter à une passion flamboyante dont il se croit indigne. Ainsi va-t-il peu à peu reconstruire sa légende et reprendre pied dans la vie. Par ce jeu mortel, il va renouer avec le désir et avec la vie, avec le doute métaphysique et peut-être redevenir un simple mortel, un homme parmi les hommes.
Une fable sociale comme Alain Monnier en a le secret.
Alain Monnier est l'auteur de sept ouvrages parus chez Climats et d'un roman, Givrée, chez Flammarion, en 2006 (5 000 exemplaires en grand format, sortie J'ai lu à la rentrée). Il explore au travers de formes narratives variées, en jouant de contraintes toujours renouvelées, les zones floues de l'humaine condition moderne où se côtoient normalité et turpitudes.
Alexandre Lacroix, Quand j'étais nietzschéen (26 août)
Quand j'étais nietzchéen, je ne savais même pas écrire l'adjectif. J'hésitais toujours sur ces foutues consonnes, sur l'ordre exact dans lequel il faut placer le s, le z, le c, le t et le h: schzt? chszt? zchtzschzt? (…) Quand j'étais en pleine crise d'adolescence, que je vouais un culte à l'ennemi de tous les cultes, je me trompais à chaque coup sur le nom de mon idole. Mais peu importe. Quand j'étais nitszchéain, je m'estimais largement au-dessus des règles et des conventions en tous genres. Un surhomme n'a pas besoin de l'orthographe.
Début des années 1990. À 16 ans, quelques jours après son anniversaire, le héros découvre les oeuvres de F. Nietzsche. C'est le choc. Ce premier contact avec la philosophie va produire une déflagration, et modifier de fond en comble la trajectoire de ce jeune homme rangé. D'élève plutôt sérieux et obéissant, il devient du jour au lendemain un «nietzschéen pratiquant» et traduit toutes les idées iconoclastes qui lui bouillonnent dans la cervelle en actes: qu'il simule son suicide en cours d'allemand, interrompe par des vociférations une messe de Pâques à Notre-Dame de Paris, joue à l'«homme fort» en multipliant les agressions gratuites, frappant un chat errant ou blessant au visage une passante, l'adolescent s'efforce de mettre en pratique l'«inversion de toutes les valeurs». En toile de fond, sa vie sentimentale s'égare dans des intrigues étranges.
À l'heure où l'on voudrait nous faire croire que la philosophie a des vertus thérapeutiques, où les écoles de sagesse antiques sont présentées comme des remèdes possibles à la perte des repères contemporaine, ce roman remet les pendules à l'heure. Non, la philosophie n'est pas une médecine douce, mais une drogue dure.
Rédacteur en chef de Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix signe un roman d'apprentissage inattendu. Après De la supériorité des femmes, qui retraçait une rupture amoureuse à l'âge adulte, ce livre est le 2e volet d'une trilogie autobiographique dans laquelle l'auteur raconte, sans ménager personne et surtout pas lui-même, ses passions.
Hadrien Laroche, La restitution (26 août)
Venu à Vilnius pour assister à une conférence sur la spoliation des œuvres d'art pendant la Seconde Guerre mondiale, Henri Berg séjourne dans une modeste pension dont les propriétaires organisent en sous-main un trafic d'enfants abandonnés ou kidnappés qui, en attendant leurs placements, transitent dans l'établissement. Il se lie à la jeune réceptionniste, Letitia, elle-même sans papiers et à la merci des truands, qui s'occupe des orphelins et conserve méthodiquement une trace de leur passage. En marge de la conférence il retrouve son ami Herbert Morgenstern qui consacre sa vie à tenter d'accepter le drame vécu par son propre père lors de la Shoah: musicien émérite, celui-ci fut, après son internement, contraint de participer à l'organisation méthodique de la spoliation des biens artistiques des familles juives, triés et entreposés entre le Quai de la Gare d'Austerlitz et le musée d'Art moderne, avant d'être expédiés à l'étranger.
La vie des objets et des enfants orphelins fait écho à celle d'Henri comme au destin de son propre père,
fils d'une grande famille de banquiers qui l'a brutalement écarté et rejeté. Ces événements invitent le fils à relire son histoire pour sortir enfin d'une servitude imaginaire dont il ignorait jusqu'alors les ressorts. Alors que la conférence s'achève, Letitia, Henri et Herbert se retrouvent pour tenter de mettre un terme à la tragédie vécue par les orphelins de l'hôtel…
Une enquête sur la filiation, la mémoire et l'identité au XXIe siècle, servie par une prose puissante et dense, alimente une réflexion subtile sur la spoliation, l'argent et la dette.
Né à Paris en 1963, ancien élève de l'École normale supérieure, Hadrien Laroche a publié des essais (Le Dernier Genet, Seuil, Fiction & Cie, nominé pour le prix Femina du meilleur essai; traduction anglaise et japonaise) et, depuis 2003, des romans (Les Orphelins, Allia, J'ai Lu; Les Hérétiques, Flammarion). Il a été correspondant des Inrockuptibles pendant dix ans. Il est aujourd'hui chargé de mission pour le Ministère des affaires étrangères.
Julien Capron, Match aller (26 août)
Il s'appelait Fénimore Garamande. Certains disaient: «C'est joli, ça vient d'où?» Et il leur répondait invariablement: «Du mauvais goût de mes parents.» Il avait le genre de gueule qui fait qu’enfant on passe par la gamme complète des surnoms désagréables. Mais que, des années plus tard, pas mal de femmes y lisent l’avenir de l’espèce. Arrivé dans l’ascenseur, il demanda à la glace de quoi il avait l’air. Elle réagit à sa question en chantonnant comme une gamine qu’il était amoureux. Il fit de son mieux pour lui répliquer que non, qu’il était seulement content parce que c’était la première fois depuis son arrivée ici qu’une affaire sérieuse semblait se présenter.
Volmeneur, pointe Nord de la République. Le club de rugby de la ville joue le premier match de la saison. À la fin de la rencontre, un corps carbonisé est retrouvé dans les vestiaires. C'est le premier meurtre d’une série, qui rejouera les scènes les plus sanglantes de la mythologie grecque.
Polar, épopée sportive, Match aller est une aventure peuplée de héros et de dieux, un poème qui dit l’émotion de conquérir son monde. Où l'Enquêteur Garamande mesurera son imagination à bien des énigmes. Dont les moins venimeuses ne sont pas celles qui portent talons aiguilles et rouge aux lèvres.
Julien Capron a fait des études de lettres et de journalisme. Il donne des cours d'écriture à Sciences-Po. Il est l’auteur d’Amende honorable paru chez Flammarion en 2007.
Kate Cambor, Belle Époque (26 août)
Traduit de l'anglais (USA) par Laurent Bury
Belle Époque tisse les biographies croisées de Jeanne Hugo, Léon Daudet et Jean-Baptiste Charcot: nés dans les années 1860, tous trois descendent de familles illustres au XIXe siècle (Jeanne est la petite-fille de Victor Hugo, Léon le fils d’Alphonse Daudet, Jean-Baptiste celui du professeur Charcot). Leurs familles sont très liées et ces jeunes gens grandissent presque ensemble. Léon et Jean-Baptiste vont faire des études de médecine avant de se tourner, le premier, vers le journalisme et la politique, le second, vers la mer et l’exploration scientifique; Jeanne épousera Léon avant de divorcer et d’épouser Jean-Baptiste, dont elle finira par divorcer aussi. Jean-Baptiste mourra en 1936, à bord du Pourquoi-Pas? Jeanne et Léon disparaîtront pendant la Deuxième Guerre.
Mais Kate Cambor possède un tel talent de narration et écrit avec une telle élégance que son livre excède très largement les trois destins qu’il évoque: «filmant» littéralement les événements (l’affaire Dreyfus, le scandale de Panama, la mort de Jaurès, la découverte de l’Antarctique…), fourmillant de personnages et d’arrêts sur image saisissants (par exemple le mariage de Léon et de Jeanne, où se pressent les people de l’époque), son livre se dévore comme un film, comme un roman… le roman de la Belle Époque.
Née en 1975, Kate Cambor a terminé en 2006 sa thèse au département d’histoire de Yale, et collabore par ailleurs à plusieurs journaux. Belle Époque (titre original: Gilded Youth) est son premier livre, à paraître en août 2009 chez Farrar, Straus et Giroux aux Etats-Unis.
Serge Joncour, L'homme qui ne savait pas dire non (19 août)
Parfois le soir, seul devant la glace, il avance ses lèvres pour dire le mot, il les rassemble comme pour une moue ou un demi-baiser, il tend la bouche vers l'avant et cale les incisives pour souffler la décisive consonne, mais là, le mot ne vient pas, il lui reste sur la langue comme un chewing-gum qui refuserait de buller, un noyau de cerise.
On n'imagine pas dans quel embarras de ne plus pouvoir recourir à ce simple petit mot de négation si pratique dans la vie courante. C'est pourtant ce qui arrive à Beaujour, simple employé dans un institut de sondage. Grâce à un atelier d'écriture, il part à la recherche du mot perdu, quitte à remonter toute l'histoire.
Avec la sensibilité qu'on lui connaît, Serge Joncour multiplie les situations cocasses et compose un véritable roman des origines.
Serge Joncour est l'auteur de sept livres, parmi lesquels UV (Prix France Télévision 2003), L'Idole (Flammarion, 2005), Combien de fois je t'aime (Flammarion 2008). Il collabore à l'émission Les Papous dans la tête sur France Culture.
Pierre Stasse, Les restes de Jean-Jacques (19 août)
J'étais désarçonné. Manon venait de faire feu sur moi à deux reprises et pleurait comme une adolescente en proie au doute du premier amour. Ou simplement pleurait-elle comme n'importe qui ? N'importe qui avec un fusil.
Je ne pus prononcer le moindre mot et sortis avec un sac de vêtements. J'étais comme ivre de peur comprimée. Je ne cessais de murmurer, assez bas pour être mon unique confident : "Je suis Paul Léonard et je suis en vie, je suis Paul Léonard et je suis en vie."
Clairement, nous devenions tous fous.
Dans cette aventure réjouissante et fantasque, Paul Léonard, rêveur en attente d'une situation financièrement plus favorable, aura pour complices une fratrie russe et déjantée, une romancière de gare, un éditeur new-yorkais, quelques miliciens, et un teckel convaincu d'être un berger allemand. Bien entendu, il enterrera les mauvaises personnes et aimera, aimera inconsidérément, les bonnes.
Pierre Stasse est né en 1986. Les Restes de Jean-Jacques est son premier roman.
James Frey, L.A. Story (19 août)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Cholodenko
L'un des auteurs les plus célèbres et controversés des États-Unis nous livre ici son premier roman: une chronique audacieuse du Los Angeles contemporain. Des dizaines de personnages défilent sous les yeux du lecteur - certains ne font qu'une unique apparition - tandis que James Frey s'attache à narrer les vies dramatiques d'une poignée d'âmes perdues de Los Angeles: une jeune Latino-Américaine brillante et ambitieuse qui voit s'écrouler ses espérances dans un moment d'humiliation cuisante; un acteur de films d'action narcissique à l'excès que la poursuite d'une passion impossible risque de détruire; deux jeunes gens de dix-neuf ans qui fuient l'atmosphère étouffante de leur ville natale et se battent pour survivre aux marges de la grande ville; un vieil alcoolique de Venice Beach dont la vie est bouleversée par l’irruption d’une adolescente toxicomane à demi morte devant les toilettes où il a élu domicile.
Ce roman puissant résonne des millions d’autres vies qui, mises ensemble, décrivent une ville, une culture et une époque. L.A. Story, en un tour de force ébouriffant, déroule les joies, horreurs et hasards inattendus de la vie et de la mort dans la cité des Anges.
James Frey est originaire de Cleveland, Ohio. Il est l’auteur de Mille morceaux (Belfond, 2004) et Mon ami Leonard (Belfond, 2006). Il vit à New York.
Rabih Alameddine, Hakawati (19 août)
Traduit de l'anglais par Nicolas Richard
«Écoute. Permets-moi d'être ton dieu. Laisse-moi t'emmener dans un voyage au-delà de l’imagination. Laisse-moi te raconter une histoire.»
Le grand-père d’Osama était un conteur, un hakawati, et ses histoires ensorcelantes – son arrivée au Liban, orphelin des guerres turques, l’obtention de son nom de famille, al-Kharrat, qui signifie le « hâbleur » – se mêlent à des légendes classiques du Moyen-Orient, revisitées avec une verve éblouissante: Abraham et Isaac; Ismaël, père des tribus arabes; la légendaire Fatima; et Baïbars, le prince esclave qui vainquit les Croisés.
À la manière d’un authentique hakawati, Rabih Alameddine nous livre les Mille et une nuits du vingt et unième siècle – un roman drôle et captivant qui vous enchante et vous tient en haleine dès les premières lignes.
Rabih Alameddine est né à Amman en Jordanie de parents libanais, a grandi au Koweït et au Liban puis a étudié en Angleterre et aux États-Unis. Il est journaliste peintre et écrivain, auteur d’un recueil de nouvelles ainsi que de trois romans: Koolaids, I, the Divine, et Hakawati. Il partage son temps entre San Francisco et Beyrouth.
Simon Liberati, L'hyper-Justine (26 août)
Le mot de déréliction désigne un état de solitude morale, un abandon de Dieu. Pierre al-Hamdi avait beau ne plus croire en Dieu depuis une période de troubles qui avait suivi sa communion catholique, il trouvait que la déréliction lui allait comme un gant. L’image du gant, un peu convenue, lui vint alors qu’il regardait une vitrine au biais de la rue Saint Honoré et de la rue Duphot. Pas de gants, mais des bracelets et des ornements de coiffure si jolis, si compliqués, qu’ils arrêtèrent le sanglot qui lui envahissait la gorge. Les vêtements de femme, surtout ce qui s’attache à la parure ou à l’accessoire, avaient sur lui une vertu apaisante.
Décembre 2007, Pierre al-Hamdi, un petit escroc cogneur de femmes cherche une fille à aimer ou à rançonner dans le faubourg Saint-Honoré. Fasciné par une jeune Anglaise qu’il aperçoit à un balcon de la rue de Castiglione, il découvre qu’elle est mêlée à un curieux projet cinématographique: l’hyper-Justine. Sofia Coppola pressentie pour le diriger s’est associée avec une artiste contemporaine de renommée mondiale mais de réputation sulfureuse : Thérèse Legros de son vrai nom Marie Thérèse Adélaïde Atalante de Vermandois, marquise des Vertus. Jusque là rien qui puisse intéresser Pierre; le choc vient quand il découvre que le scénario du film librement inspiré de Sade raconte l’histoire de la mort de sa mère, mannequin volant, assassinée au Yemen en 1977 alors qu’il avait huit ans. Pierre se retrouve en face d’un adversaire redoutable, une séductrice sans foi ni loi dont la devise rien n’est vrai tout est permis résume le mode de vie. Bien qu’affaiblie par un début d’Alzheimer, Thérèse reste une intelligence de premier plan dont la perfection structurale n’a d’égal que l’hostilité à l’encontre de qui se met sur sa route. Par un curieux effet du hasard les deux adversaires que tout oppose sont unis par plusieurs liens mystérieux: le fétichisme, le goût de la cruauté, une hypersensibilité de prédateur et l’amour vorace des filles faciles. Une nuit de dupes, et de jeux de miroirs fascinants et pervers, va les mettre aux prises.
Simon Liberati est né en 1960 à Paris. Études de grammaire latine à la Sorbonne. Un peu de journalisme dans la presse de mode. Il a déjà publié deux romans chez Flammarion, Anthologie des apparitions (2004) et Nada exist (2007).
Thomas Lélu, Le Parisien (26 août)
Bonjour. J'ai trente-trois ans et depuis deux ans et demi je n'ai plus de cerveau. La raison en est simple, je suis tombé amoureux. J'étais blasé et cynique, je ne croyais en rien. Elle, elle était très belle mais avait dans le regard comme un genre d'étincelle. Je compris plus tard que si moi j'étais un peu con, eh bien elle, elle était complètement barge. Voici le récit de mes six derniers mois, présenté sous la forme d'un journal. Ainsi mon intention est de vous faire partager ce qui anime une passion amoureuse et ses effets désastreux sur l'organisme. Écrire ce livre fut mon salut, ou pas. C'est bien simple, je n'avais pas d'autres solutions. C'était écrire ou mourir. Ou pas…
Avec humour (on s’en doutait) et sincérité (ça c’est nouveau), Thomas Lélu raconte les affres et les joies de l’obsession amoureuse, les up et les down d’un couple qui ne cesse de se quitter pour mieux se retrouver. Ou pas.
Thomas Lélu est écrivain et artiste. Il est l'auteur du Manuel de la photo ratée et de Je m'appelle Jeanne Mass.
Alain Monnier, Je vous raconterai (26 août)
Dans une société laminée par la pauvreté et la violence, un homme misérable est au bout de ce qu'il peut endurer. Mais alors qu'il s'apprête à en finir, un mafieux lui propose de venir jouer à la roulette russe dans un luxueux cabaret, contre une forte somme d'argent. Il accepte, en sort indemne, mais totalement fasciné d'avoir frôlé la mort. Dès lors, il n'a de cesse de revenir jouer et de prendre de plus en plus de risques. Mais à force de défier avec tant d'insolence les lois de la probabilité, le héros du livre va devoir repenser son passé, déterrer des secrets profondément enfouis, et même se confronter à une passion flamboyante dont il se croit indigne. Ainsi va-t-il peu à peu reconstruire sa légende et reprendre pied dans la vie. Par ce jeu mortel, il va renouer avec le désir et avec la vie, avec le doute métaphysique et peut-être redevenir un simple mortel, un homme parmi les hommes.
Une fable sociale comme Alain Monnier en a le secret.
Alain Monnier est l'auteur de sept ouvrages parus chez Climats et d'un roman, Givrée, chez Flammarion, en 2006 (5 000 exemplaires en grand format, sortie J'ai lu à la rentrée). Il explore au travers de formes narratives variées, en jouant de contraintes toujours renouvelées, les zones floues de l'humaine condition moderne où se côtoient normalité et turpitudes.
Alexandre Lacroix, Quand j'étais nietzschéen (26 août)
Quand j'étais nietzchéen, je ne savais même pas écrire l'adjectif. J'hésitais toujours sur ces foutues consonnes, sur l'ordre exact dans lequel il faut placer le s, le z, le c, le t et le h: schzt? chszt? zchtzschzt? (…) Quand j'étais en pleine crise d'adolescence, que je vouais un culte à l'ennemi de tous les cultes, je me trompais à chaque coup sur le nom de mon idole. Mais peu importe. Quand j'étais nitszchéain, je m'estimais largement au-dessus des règles et des conventions en tous genres. Un surhomme n'a pas besoin de l'orthographe.
Début des années 1990. À 16 ans, quelques jours après son anniversaire, le héros découvre les oeuvres de F. Nietzsche. C'est le choc. Ce premier contact avec la philosophie va produire une déflagration, et modifier de fond en comble la trajectoire de ce jeune homme rangé. D'élève plutôt sérieux et obéissant, il devient du jour au lendemain un «nietzschéen pratiquant» et traduit toutes les idées iconoclastes qui lui bouillonnent dans la cervelle en actes: qu'il simule son suicide en cours d'allemand, interrompe par des vociférations une messe de Pâques à Notre-Dame de Paris, joue à l'«homme fort» en multipliant les agressions gratuites, frappant un chat errant ou blessant au visage une passante, l'adolescent s'efforce de mettre en pratique l'«inversion de toutes les valeurs». En toile de fond, sa vie sentimentale s'égare dans des intrigues étranges.
À l'heure où l'on voudrait nous faire croire que la philosophie a des vertus thérapeutiques, où les écoles de sagesse antiques sont présentées comme des remèdes possibles à la perte des repères contemporaine, ce roman remet les pendules à l'heure. Non, la philosophie n'est pas une médecine douce, mais une drogue dure.
Rédacteur en chef de Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix signe un roman d'apprentissage inattendu. Après De la supériorité des femmes, qui retraçait une rupture amoureuse à l'âge adulte, ce livre est le 2e volet d'une trilogie autobiographique dans laquelle l'auteur raconte, sans ménager personne et surtout pas lui-même, ses passions.
Hadrien Laroche, La restitution (26 août)
Venu à Vilnius pour assister à une conférence sur la spoliation des œuvres d'art pendant la Seconde Guerre mondiale, Henri Berg séjourne dans une modeste pension dont les propriétaires organisent en sous-main un trafic d'enfants abandonnés ou kidnappés qui, en attendant leurs placements, transitent dans l'établissement. Il se lie à la jeune réceptionniste, Letitia, elle-même sans papiers et à la merci des truands, qui s'occupe des orphelins et conserve méthodiquement une trace de leur passage. En marge de la conférence il retrouve son ami Herbert Morgenstern qui consacre sa vie à tenter d'accepter le drame vécu par son propre père lors de la Shoah: musicien émérite, celui-ci fut, après son internement, contraint de participer à l'organisation méthodique de la spoliation des biens artistiques des familles juives, triés et entreposés entre le Quai de la Gare d'Austerlitz et le musée d'Art moderne, avant d'être expédiés à l'étranger.
La vie des objets et des enfants orphelins fait écho à celle d'Henri comme au destin de son propre père,
fils d'une grande famille de banquiers qui l'a brutalement écarté et rejeté. Ces événements invitent le fils à relire son histoire pour sortir enfin d'une servitude imaginaire dont il ignorait jusqu'alors les ressorts. Alors que la conférence s'achève, Letitia, Henri et Herbert se retrouvent pour tenter de mettre un terme à la tragédie vécue par les orphelins de l'hôtel…
Une enquête sur la filiation, la mémoire et l'identité au XXIe siècle, servie par une prose puissante et dense, alimente une réflexion subtile sur la spoliation, l'argent et la dette.
Né à Paris en 1963, ancien élève de l'École normale supérieure, Hadrien Laroche a publié des essais (Le Dernier Genet, Seuil, Fiction & Cie, nominé pour le prix Femina du meilleur essai; traduction anglaise et japonaise) et, depuis 2003, des romans (Les Orphelins, Allia, J'ai Lu; Les Hérétiques, Flammarion). Il a été correspondant des Inrockuptibles pendant dix ans. Il est aujourd'hui chargé de mission pour le Ministère des affaires étrangères.
Julien Capron, Match aller (26 août)
Il s'appelait Fénimore Garamande. Certains disaient: «C'est joli, ça vient d'où?» Et il leur répondait invariablement: «Du mauvais goût de mes parents.» Il avait le genre de gueule qui fait qu’enfant on passe par la gamme complète des surnoms désagréables. Mais que, des années plus tard, pas mal de femmes y lisent l’avenir de l’espèce. Arrivé dans l’ascenseur, il demanda à la glace de quoi il avait l’air. Elle réagit à sa question en chantonnant comme une gamine qu’il était amoureux. Il fit de son mieux pour lui répliquer que non, qu’il était seulement content parce que c’était la première fois depuis son arrivée ici qu’une affaire sérieuse semblait se présenter.
Volmeneur, pointe Nord de la République. Le club de rugby de la ville joue le premier match de la saison. À la fin de la rencontre, un corps carbonisé est retrouvé dans les vestiaires. C'est le premier meurtre d’une série, qui rejouera les scènes les plus sanglantes de la mythologie grecque.
Polar, épopée sportive, Match aller est une aventure peuplée de héros et de dieux, un poème qui dit l’émotion de conquérir son monde. Où l'Enquêteur Garamande mesurera son imagination à bien des énigmes. Dont les moins venimeuses ne sont pas celles qui portent talons aiguilles et rouge aux lèvres.
Julien Capron a fait des études de lettres et de journalisme. Il donne des cours d'écriture à Sciences-Po. Il est l’auteur d’Amende honorable paru chez Flammarion en 2007.
Kate Cambor, Belle Époque (26 août)
Traduit de l'anglais (USA) par Laurent Bury
Belle Époque tisse les biographies croisées de Jeanne Hugo, Léon Daudet et Jean-Baptiste Charcot: nés dans les années 1860, tous trois descendent de familles illustres au XIXe siècle (Jeanne est la petite-fille de Victor Hugo, Léon le fils d’Alphonse Daudet, Jean-Baptiste celui du professeur Charcot). Leurs familles sont très liées et ces jeunes gens grandissent presque ensemble. Léon et Jean-Baptiste vont faire des études de médecine avant de se tourner, le premier, vers le journalisme et la politique, le second, vers la mer et l’exploration scientifique; Jeanne épousera Léon avant de divorcer et d’épouser Jean-Baptiste, dont elle finira par divorcer aussi. Jean-Baptiste mourra en 1936, à bord du Pourquoi-Pas? Jeanne et Léon disparaîtront pendant la Deuxième Guerre.
Mais Kate Cambor possède un tel talent de narration et écrit avec une telle élégance que son livre excède très largement les trois destins qu’il évoque: «filmant» littéralement les événements (l’affaire Dreyfus, le scandale de Panama, la mort de Jaurès, la découverte de l’Antarctique…), fourmillant de personnages et d’arrêts sur image saisissants (par exemple le mariage de Léon et de Jeanne, où se pressent les people de l’époque), son livre se dévore comme un film, comme un roman… le roman de la Belle Époque.
Née en 1975, Kate Cambor a terminé en 2006 sa thèse au département d’histoire de Yale, et collabore par ailleurs à plusieurs journaux. Belle Époque (titre original: Gilded Youth) est son premier livre, à paraître en août 2009 chez Farrar, Straus et Giroux aux Etats-Unis.
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