Je le prétends depuis ses débuts, ou presque: un jour, Maxence Fermine va donner un grand, un très grand livre. Il ne cesse de frôler la perfection, il finira bien par y arriver. En attendant, ses fictions sont de celles qu'on n'oublie pas. Comme Le tombeau d'étoiles, qui vient de reparaître au format de poche.
La difficulté à rappeler des souvenirs pénibles donne tout son poids au roman de Maxence Fermine. Sans l’alourdir: Didier Vandoeuvre chemine dans le passé avec un sens très fin de l’évocation. Il nous retient grâce à l’omniprésence de deux visages: une femme, Eléonore Verdussen, dont il a été amoureux toute sa vie; et son seul ami, Julien Roche, devenu après la guerre un mort-vivant. Et il organise l’ensemble des événements autour d’une date: le 14 août 1944, quatre hommes du petit village de Savoie, parmi lesquels Julien, ont été pris en otages par les Allemands, pour venger les soldats qui venaient de tomber sous les balles des maquisards. Ceux-ci étaient commandés par le «fiancé» d’Eléonore, dont Didier apprend l’existence ce jour-là, perdant du même coup tout espoir de conquérir le cœur de la belle tenancière de café.
Tout le monde est amoureux d’Eléonore, une Belge souriante prête à écouter les confidences de chacun. Didier encore plus que les autres, au point de lui rester fidèle jusqu’à la fin de sa vie, alors qu’elle est repartie depuis très longtemps dans son pays. Cette histoire d’amour manqué reste la grande blessure de sa vie. Elle est en outre liée à une faute inavouable qu’il a commise involontairement le fameux 14 août. Il ne confiera son secret qu’à son ami Julien Roche, avant de s’en délivrer complètement.
La vie de Julien a basculé aussi le même jour. Jeté dans l’Isère avec les trois autres otages, il n’a survécu que par miracle. Est longtemps passé pour mort, bien qu’on n’ait pas retrouvé son corps. A vu son nom inscrit sur le monument élevé en l’honneur des disparus pour la patrie. Et s’est débattu ensuite, un temps infini, dans les dédales d’une administration tatillonne pour retrouver le droit d’exister. Un bel exemple d’absurdité née de l’abus de paperasse.
En racontant tout cela à la fin de sa vie, Didier Vandoeuvre se sent entouré des ombres de tous ceux qu’il a accompagnés au cimetière, l’un après l’autre. Lui-même a-t-il encore la force de se sentir vivant? A peine. Le temps de finir ce récit, au moins. Le temps que Maxence Fermine lui offre une biographie à la mesure de ce qu’il a traversé avec une exemplaire discrétion. Modeste employé de mairie pendant toute sa carrière, Didier s’est de plus en plus enfermé dans la solitude de ses souvenirs, jusqu’au moment de les écrire : «j’ai le sentiment de chanter les autres, tous les autres», dit-il à la fin de son parcours. La chanson est triste, mais belle.
La difficulté à rappeler des souvenirs pénibles donne tout son poids au roman de Maxence Fermine. Sans l’alourdir: Didier Vandoeuvre chemine dans le passé avec un sens très fin de l’évocation. Il nous retient grâce à l’omniprésence de deux visages: une femme, Eléonore Verdussen, dont il a été amoureux toute sa vie; et son seul ami, Julien Roche, devenu après la guerre un mort-vivant. Et il organise l’ensemble des événements autour d’une date: le 14 août 1944, quatre hommes du petit village de Savoie, parmi lesquels Julien, ont été pris en otages par les Allemands, pour venger les soldats qui venaient de tomber sous les balles des maquisards. Ceux-ci étaient commandés par le «fiancé» d’Eléonore, dont Didier apprend l’existence ce jour-là, perdant du même coup tout espoir de conquérir le cœur de la belle tenancière de café.
Tout le monde est amoureux d’Eléonore, une Belge souriante prête à écouter les confidences de chacun. Didier encore plus que les autres, au point de lui rester fidèle jusqu’à la fin de sa vie, alors qu’elle est repartie depuis très longtemps dans son pays. Cette histoire d’amour manqué reste la grande blessure de sa vie. Elle est en outre liée à une faute inavouable qu’il a commise involontairement le fameux 14 août. Il ne confiera son secret qu’à son ami Julien Roche, avant de s’en délivrer complètement.
La vie de Julien a basculé aussi le même jour. Jeté dans l’Isère avec les trois autres otages, il n’a survécu que par miracle. Est longtemps passé pour mort, bien qu’on n’ait pas retrouvé son corps. A vu son nom inscrit sur le monument élevé en l’honneur des disparus pour la patrie. Et s’est débattu ensuite, un temps infini, dans les dédales d’une administration tatillonne pour retrouver le droit d’exister. Un bel exemple d’absurdité née de l’abus de paperasse.
En racontant tout cela à la fin de sa vie, Didier Vandoeuvre se sent entouré des ombres de tous ceux qu’il a accompagnés au cimetière, l’un après l’autre. Lui-même a-t-il encore la force de se sentir vivant? A peine. Le temps de finir ce récit, au moins. Le temps que Maxence Fermine lui offre une biographie à la mesure de ce qu’il a traversé avec une exemplaire discrétion. Modeste employé de mairie pendant toute sa carrière, Didier s’est de plus en plus enfermé dans la solitude de ses souvenirs, jusqu’au moment de les écrire : «j’ai le sentiment de chanter les autres, tous les autres», dit-il à la fin de son parcours. La chanson est triste, mais belle.
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