Au point de départ, un meurtre. Trois compagnons de virée marchaient tranquillement, la nuit, dans la rue, deux d’entre eux soutenant le moins frais. Deux jeunes se sont approchés pour les braquer, une mauvaise réaction, une balle, un mort… Mais deux témoins contestent la version d’Eric Cash et pensent qu’il est l’assassin de Marcus. Il faudra plus de cinq cents pages pour se faire un avis définitif. Et tout l’art de Richard Price pour nous tenir en haleine pendant ce temps, avec bien d’autres choses que les éléments d’une enquête filandreuse – je pèse le mot, en sachant qu’il pourrait éclairer négativement tout le livre: ce n’est pas le cas, car le crime est surtout un prétexte à une plongée en profondeur dans un quartier où se nouent de multiples histoires, celle des flics eux-mêmes n’étant pas nécessairement les moins compliquées.
Souvenez-vous de moi pourrait être une phrase prononcée par un homme assassiné, dont la mémoire est honorée, un temps, par des fleurs et d’autres marques d’attention amassées à l’endroit où la balle l’a frappé. Dont les amis organiseront une émouvante soirée. Dont le père éprouve une telle culpabilité pour avoir tenté de faire de lui un homme, un vrai – et pour y avoir trop bien réussi –, qu’il ne cessera, avec la meilleure bonne volonté du monde, de se trouver malencontreusement sur le chemin de la police souvent entravée dans son action.
On trouve ici un peu de cynisme, comme toujours dans un monde brutal. Mais aussi une infinie compassion et même une sincère affection. Sans rien dire des inévitables maladresses dans les rapports humains. Richard Price ne tente pas de démontrer que tous les clichés sont faux. Mais il leur apporte quantité de nuances grâce auxquelles son roman regorge d’authenticité. Il s’est lui-même imprégné longtemps du Lower East Side, le quartier de New York où il fait vivre – et mourir, pour l’un d’entre eux – ses personnages. Les dialogues sont aiguisés, comme les regards qui détaillent les suspects ou les anonymes.
Touffu, Souvenez-vous de moi est un livre dans lequel on se sent bien et par lequel on est remué jusqu’à se sentir mal. Les paradoxes de la vie, en somme.
Souvenez-vous de moi pourrait être une phrase prononcée par un homme assassiné, dont la mémoire est honorée, un temps, par des fleurs et d’autres marques d’attention amassées à l’endroit où la balle l’a frappé. Dont les amis organiseront une émouvante soirée. Dont le père éprouve une telle culpabilité pour avoir tenté de faire de lui un homme, un vrai – et pour y avoir trop bien réussi –, qu’il ne cessera, avec la meilleure bonne volonté du monde, de se trouver malencontreusement sur le chemin de la police souvent entravée dans son action.
On trouve ici un peu de cynisme, comme toujours dans un monde brutal. Mais aussi une infinie compassion et même une sincère affection. Sans rien dire des inévitables maladresses dans les rapports humains. Richard Price ne tente pas de démontrer que tous les clichés sont faux. Mais il leur apporte quantité de nuances grâce auxquelles son roman regorge d’authenticité. Il s’est lui-même imprégné longtemps du Lower East Side, le quartier de New York où il fait vivre – et mourir, pour l’un d’entre eux – ses personnages. Les dialogues sont aiguisés, comme les regards qui détaillent les suspects ou les anonymes.
Touffu, Souvenez-vous de moi est un livre dans lequel on se sent bien et par lequel on est remué jusqu’à se sentir mal. Les paradoxes de la vie, en somme.
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