Peut-être Dany Laferrière est-il un sage. Mais sans aucune
illusion sur la valeur de cette sagesse depuis que sa grand-mère lui a enseigné
d’où lui venait l’apparence de la sienne quand elle restait tranquillement
assise à boire du café toute la journée : « de son arthrite qui la fait tant souffrir. » Dans L’art presque perdu de ne rien faire, il
va son chemin en ouvrant les yeux sur sa vie et celle des autres, tente de
comprendre ce qui a changé entre Haïti et le Canada, avec le passage des années
et les innovations dont la technologie nous abreuve à si vive allure qu’il ne
sait plus comment appeler un téléphone dont le nom change chaque année…
Rien ne lui est indifférent, l’amour et le chagrin, l’hiver
et la chaleur, la politique et la culture – avec une place privilégiée, tout
naturellement, pour la lecture : le chapitre qu’il consacre à « Un
lecteur dans sa baignoire » donne envie de retrouver, toutes affaires
cessantes, les livres qu’il commente avec la ferveur du moment de leur découverte.
Le sommeil et l’éveil se confondent : « Notre univers est trop pensé et pas
assez rêvé », écrit-il dans « Le monde naît de la nuit ».
Les îlots préservés par beaucoup sont, chez lui, d’une extrême porosité qui lui
permet d’écrire « dans la langue de
celui qui est en train de me lire » et justifie l’affirmation qui a
servi de titre à un autre ouvrage : Je
suis un écrivain japonais.
On est bien, dans ce journal éclaté, aux fragments regroupés en thèmes vagues dont chacun est précédé d’un poème. On se retrouve avec lui dans un café de Montréal et, s’il n’y est pas à ce moment-là, on le rattrape à New York ou à Tokyo. On devient nomade à le suivre de loin, car il n’y a aucune raison de placer exactement nos pas dans les siens, il suffit d’épouser une trajectoire qui est un état d’esprit. Optimiste, l’état d’esprit : il voit autour de lui des amis se remettre à la lecture de la poésie.
On est bien, dans ce journal éclaté, aux fragments regroupés en thèmes vagues dont chacun est précédé d’un poème. On se retrouve avec lui dans un café de Montréal et, s’il n’y est pas à ce moment-là, on le rattrape à New York ou à Tokyo. On devient nomade à le suivre de loin, car il n’y a aucune raison de placer exactement nos pas dans les siens, il suffit d’épouser une trajectoire qui est un état d’esprit. Optimiste, l’état d’esprit : il voit autour de lui des amis se remettre à la lecture de la poésie.
Cet article est repris, avec une quinzaine d'autres (dont trois entretiens), dans un petit volume publié en édition numérique par la Bibliothèque malgache (0,99 €).
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