La prise de la cote 1248
(De l’envoyé spécial du Petit Journal.)
Salonique,
26 mars.
(Retardée dans la transmission.)
Qu’au milieu de ses victoires la France n’oublie pas ses
soldats lointains devant les villes, les villages et les habitants qui retournent
à la patrie, la terre inconnue qu’enlève l’armée d’Orient ne pèse certainement
pas lourd, mais que votre juste joie ne rende pas ingrate votre pensée. Sinon
pour le sol, du moins ceux qui le gagnent, portez-vous un peu vers Salonique.
Il est ici des Français qui, pendant qu’on reprend leur propre département,
souffrent et signant pour arracher un kilomètre de Macédoine.
L’ennemi, inquiet de notre offensive, ameute toutes ses
forces ; il a fait revenir des Turcs qui, à la nouvelle prise de Bagdad, s’étaient
mis en route vers leur pays ; il a lancé des Allemands en contre-attaques
continuelles et il a rassemblé encore plus de Bulgares. L’ennemi dont je parle
est l’état-major allemand qui commande contre Salonique.
La pression que les Alliés firent depuis un an sur les
Allemands en France compte dans la décision de leur retraite ; les coups
que les Alliés d’Orient assènent sur les Balkaniques pèsent aussi sur leur
résistance. Les Bulgares ne sont plus des conquérants mais des assiégés.
Nous avons commencé à l’ouest, un matin, entre les deux lacs
Presba et Cakrida, nous avons fait tonner le canon, ils sont accourus trois
jours après ; nous nous sommes élancés au-dessus de Monastir, nous avons
enlevé la cote 1248, ils sont accourus. Comme ils sont plus nombreux, ils
ont repris la cote, puis nous la leur avons reprise. Alors ils asphyxièrent et
brûlèrent Monastir ; ils lui disaient leur adieu de barbares, aujourd’hui
la canonnade tonne un peu partout.
Le Petit Journal, 10 avril 1917.
La Bibliothèque malgache publie une collection numérique, Bibliothèque 1914-1918, dans laquelle Albert Londres aura sa place, le moment venu.
Isabelle Rimbaud y a déjà la sienne, avec Dans les remous de la bataille, le récit des deux premiers mois de la guerre.
Et Georges Ohnet, avec son Journal d'un bourgeois de Paris pendant la guerre de 1914, dont le dix-septième et dernier volume est paru, en même temps que l'intégrale de cette volumineuse chronique - 2176 pages dans l'édition papier.
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