Une tribu indienne, les Osages, posée sur une immense
fortune dont une part leur revient chaque trimestre : au début des années
1920, ils deviennent, grâce au pétrole sous leurs pieds, le peuple le plus
riche par individu au monde. De quoi susciter quelques convoitises et peut-être
provoquer deux meurtres presque simultanés – pour commencer. Y a-t-il un
rapport entre ces faits ? David Grann mène l’enquête pour y répondre dans La note américaine, un formidable
document qui nous fait entrer dans une longue affaire policière autant que dans
le milieu particulier où elle se déroule.
Les personnages ne restent pas anonymes : ils sont des
êtres possédant tous les attributs de personnes que nous pourrions côtoyer dans
la vraie vie. C’est la force de l’écrivain : les protagonistes du récit
sont incarnés, au meilleur sens du mot. Les Osages, dans leurs coutumes comme
dans leur situation de nouveaux riches, sont perçus comme une communauté qui
conserve les traditions même quand leur nécessité n’est plus absolue.
Le « progrès » menace cependant, l’acculturation
commence avec l’arrivée de colons blancs et leur volonté de tracer des
frontières, d’organiser des petites villes. De quoi remettre en question un
mode de vie constitué au fil du temps. Et bouleverser l’équilibre d’un peuple.
David Grann alterne les phases collectives et les moments
plus individuels. Entre un essai ethnologique et la résolution d’une énigme
criminelle, l’ouvrage s’équilibre et dépasse de très loin le fait divers.
Toujours est-il que, huit mois après la découverte des deux
Osages tués par balles, deux autres meurent d’une intoxication suspecte. Puis
plusieurs encore : une douzaine sont ainsi comptés en deux mois. Tout cela
est de plus en plus étrange, et l’assassinat, à Washington, d’un magnat du
pétrole venu informer les autorités fédérales ne laisse guère de doutes sur ce
qui est en train de se passer. Le Washington
Post titre : « Complot présumé pour assassiner de riches
Indiens ».
Pendant ce temps, le business continue, les pétroliers
exploitent… et les morts se succèdent. Cela devient une affaire d’Etat et la « série de meurtres la plus ignoble
commise dans ce pays », selon les mots d’une lettre adressée à un
sénateur. Les enquêteurs se succèdent. Passe l’ombre du jeune Edgar J. Hoover,
qui dirige déjà l’ancêtre du FBI, le Bureau
of Investigation. Il ne se contentera pas du statut d’ombre, car il en est
à poser les fondations de sa longue carrière. Il met White, un détective, sous
pression, lui demande de rassembler assez de preuves pour faire tomber le
principal suspect, Hale – et quelques complices. Les motivations finissent par
apparaître : éliminer des Osages pour prendre leurs terres et les
plantureux revenus qui y sont liés. Le verdict d’un tribunal est beaucoup moins
évident : un jury de douze hommes blancs condamnera-t-il un autre homme
blanc qui a tué des Indiens ? L’impasse semble assurée.
David Grann écrit : « L’Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début. » De 1921 à 1926, pendant le règne de la terreur, au moins vingt-quatre meurtres ont été commis, et probablement davantage. David Grann a rouvert le dossier avec une volonté peu commune et nous en fournit les éléments sous forme d’un livre passionnant de bout en bout.
David Grann écrit : « L’Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début. » De 1921 à 1926, pendant le règne de la terreur, au moins vingt-quatre meurtres ont été commis, et probablement davantage. David Grann a rouvert le dossier avec une volonté peu commune et nous en fournit les éléments sous forme d’un livre passionnant de bout en bout.
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