Oh! un nouveau Beigbeder! Tiens! PPDA passe par là! Le programme de Grasset, c'est un défilé people. Avec, parfois, de vrais livres sous les noms de ceux qui les signent.
Revue de détail.
José Alvarez, Anna la nuit
Né en 1947, en Espagne, José Alvarez, créateur des Editions du Regard, est spécialisé dans l’art, les Arts décoratifs et l’architecture du XXe siècle. Il a notamment participé à la rédaction du Dictionnaire de l’art moderne et contemporain paru aux Editions Hazan, est l’auteur de l’Art de vivre à Paris entre autres, aux Editions Flammarion, et collabore régulièrement à des revues d’art. Il a choisi de s’établir à Paris.
A la fin des années 1960, le narrateur a éprouvé une passion pour une femme sublime que la mort a toujours hantée. Comment vivre un amour quand chaque instant semble menacé? C’est cette relation tour à tour orageuse et radieuse, traversée de tempêtes et d’aurores, de sexe et d’effroi que décrit ce roman. On y croise les Stones, les Beatles, les Doors, Helmut Newton et bien d’autres encore, personnages élégants, bohèmes et souvent désœuvrés qui, entre Paris, Londres et Lanzarote, mènent une vie de plaisir, agitée et brillante.
Michka Assayas, Solo
Michka Assayas est romancier (Exhibition, paru chez Denoël en 2002) et référence absolue dans l’univers musical contemporain. Il est l’auteur du Dictionnaire du Rock dans la collection «Bouquins» et co-auteur avec le chanteur Bono de U2, de Bono par Bono (Grasset).
Le héros de ce roman, micro-star de la culture rock underground, trouve, un jour, un étrange message sur la boîte vocale de son téléphone: une fille, ancienne fan de son émission de radio et qui fut brièvement sa maîtresse, lui apprend que, cinq ans plus tôt, elle a été enceinte de lui, qu’elle a avorté, et elle lui demande de «payer» les frais – dérisoires, en vérité – de son IVG. Or, ce message, jailli d’un passé depuis longtemps enseveli, plonge le narrateur de cette histoire dans un désarroi sans pareil: où en est-il avec sa vie? Pourquoi flotte-t-il dans son destin? Qu’a-t-il fait de ses espérances? A qui, à quoi, s’accrocher pour survivre dans ce monde bruyant où, par une facétie de la providence, son destin l’a jeté?
A partir de là, cet anti-héros va se souvenir, revoir des amis et des amours, écouter de la musique, regarder la télé, partir à la recherche de lui–même au fil d’une épopée dérisoire, drolatique, pathétique… On s’avise bientôt que ce narrateur est véritablement «possédé» par tous les sons (politique, médiatiques, musicaux…) qui forment la patrie inconsciente de sa génération. D’où l’écriture de ce roman, qui se décline sur plusieurs registres, du dialogue au délire, de l’harmonie au chahut, de l’idéologie au «people»…
Au final, ce narrateur atterrira, plus ou moins cabossé, sur son identité en vrac. Il se résoudra à n’être que lui-même, un peu maussade mais serein. La voix lointaine de cette fille – retrouvée dans des circonstances saugrenues, à la fin du roman – lui aura, au moins, permis de trouver sa place dans le monde.
Frédéric Beigbeder, Un roman français
Né à Neuilly sur Seine, chroniqueur à Lire et animateur du Cercle à Canal Plus, Frédéric Beigbeder est l’auteur chez Grasset de : Vacances dans le coma (1994), L’amour dure trois ans (1997), 99 francs (2000), Windows on the World (2003, Prix Interallié), L’égoïste romantique (2005), Au Secours pardon (2007).
Cela pourrait commencer ainsi: «Je venais d’apprendre que mon frère était promu chevalier de la Légion d’Honneur, quand ma garde à vue commença». Ou ainsi: «Je ne me souviens pas de mon enfance». Mais en fait ce serait le même livre: celui de la mémoire et de l’enfance retrouvée, un Du côté de Guethary dans l’été inachevé de la côte basque où les parents de Frédéric se rencontrèrent, mais aussi le passage à l’âge d’homme, la mue d’un gamin immature en adulte pacifié.
Le 28 janvier 2008, Frédéric l’écrivain media-choc, le personnage public, le noceur, est interpellé pour usage de stupéfiants sur un capot de Chrysler noire, dans la rue; il aggrave son cas en fuyant la patrouille de police! En garde à vue, dans une cellule puante de deux mètres carrés, on a le temps de réfléchir. Qui est-on? Qu’a-t-on pu faire entre 0 et 13 ans? De qui suis-je né? Pourquoi suis-je amnésique?
Commence alors un roman français, une généalogie aux doux noms de pays qui va chercher du côté du Béarn (le père) où une élégante maison familiale, la Villa Navarre, reçoit Paul-Jean Toulet et Paul Valéry, et touche à l’aristocratie désargentée par la mère. Alors que gémissent les compagnons de cellule, Frédéric se souvient enfin, de l’histoire de France et d’un slow, d’une plage à Biarritz et du divorce, de la timidité et de la célébrité.
Samuel Benchetrit, Le cœur en dehors
Samuel Benchetrit est écrivain (Chroniques de l’Asphalte, tomes 1 et 2 parus chez Julliard), cinéaste (Janis et John, et son dernier film: J’ai toujours rêvé d’être un gangster, prix du scénario du Sundance Film Festival) et acteur. Il est, par ailleurs, auteur de théâtre: Comédie sur un quai de gare. Elevé en banlieue, en «cité», il a choisi ce décor, mais en en faisant, contrairement aux discours en vogue, un séjour heureux et poétique, pour servir de toile de fond à son écriture nerveuse et froissée.
Ce roman, c’est l’histoire de Charlie Traoré, un gamin, dix ans, black d’origine malienne, adorable, vivant en banlieue, entre la Tour Rimbaud et la Tour Simone de Beauvoir, et dont tout l’univers se résume aux copains, à une amoureuse prénommée Mélanie, à son frère drogué, et à sa mère surtout - qui, au début du livre, est «appréhendée» par la police car ses papiers ne sont pas en règle. Pendant toute cette journée (les chapitres du livre, d’ailleurs, se contentent d’être titrés par l’heure qui tourne), Charlie va errer dans sa cité. Il va chercher son frère Henry, rendre viste à des braves gens, frôler des voyous, jouer au foot, sécher l’école, rêver, suivre ses folles associations d’idées, ses digressions d’enfant-adulte, attendre sa mère, si douce, si aimante…
Mais ce roman, c’est surtout une langue, un style, une vision innocente du monde. Ici, c’est Charlie qui parle, pense, regarde – et il est alors difficile de ne pas évoquer à son sujet le légendaire Attrape-cœur de Salinger. Car le petit Charlie est vraiment attachant et le regard qu’il pose sur sa «cité» sordide et magnifiée est, à chaque ligne, rempli de drôlerie et d’éblouissement. Au début du livre, il croit que Rimbaud n’est qu’une Tour. A la fin du roman, il saura que c’était un poète qui dit des choses qui lui semblent vraies et proches. Son Odyssée de l’aube jusqu’au soir, est de celles qui ne s’oublient pas. Pas l’ombre d’un misérabilisme ici: un enchantement de tendresse et d’humour.
Sorj Chalandon, La légende de nos pères
Sorj Chalandon, 55 ans, a été journaliste à Libération. Il a couvert des événements comme la guerre du Liban, le Tchad, le drame de Bhopal, la Somalie, l’Afghanistan, la guerre Iran-Irak ou la guerre du Golfe, mais aussi les faits de notre quotidien. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert Londres en 1988. Il a publié Le petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, Prix Médicis) et Mon Traître (2008).
Après avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. «Toute vie mérite d’être racontée», disent ses publicités, et c’est pour cela que ses clients se confient à lui. Il les écoute, met en forme leurs souvenirs, les rédige puis fait imprimer un livre destiné aux amis ou au cercle familial.
Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe.
Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l’Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n’a raconté sa bravoure qu’à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.
Marcel Frémaux va s’atteler à cet ouvrage avec passion. Pierre Frémaux, son père, fut un Résistant. Comme le vieux Beuzaboc, un partisan de l’Armée des ombres, silencieux et dédaigneux des hommages. Mais son père n’a jamais rien raconté. Et il est mort, laissant son fils sans empreinte de lui.
En écoutant Beuzaboc, c’est son père que le biographe veut entendre. En retraçant sa route, il espère enfin croiser son chemin. Mais rien ne se passe comme il le pensait. Et plus Beuzaboc raconte, plus le doute s’installe. C’est par une poignée de mains, que le biographe et le vieil homme avaient scellé leur pacte de mémoire. Ensemble, ils franchiront les portes de l’enfer.
Dany Laferrière, L’énigme du retour
Né à Haïti en 1953 et vivant au Canada depuis plus de trente ans, Dany Laferrière a publié trois romans chez Grasset qui ont rencontré un grand succès critique : Le Goût des jeunes filles (2005), Vers le Sud (2006), Je suis un écrivain japonais (2008). Il pose d’une manière toute personnelle la question de l’identité et de l’exil.
L’Enigme du retour (référence au livre de V.S. Naipaul, L’Enigme de l’arrivée, mais aussi au tableau de Giorgio De Chirico portant le même titre) est le grand roman de la maturité de Dany Laferrière. On y retrouve son personnage de l’écrivain qui ne fait apparemment rien que prendre des bains dans son appartement à Montréal. Un matin, on lui téléphone: son père vient de mourir. Son père qui, dans un parallèle saisissant, avait été exilé d’Haïti par le dictateur Papa Doc, comme le narrateur, des années plus tard, l’avait été par son fils, le non moins dictatorial Bébé Doc.
C’est l’occasion pour le narrateur d’un voyage initiatique à rebours. Le narrateur part d’abord vers le Nord, comme s’il voulait paradoxalement fuir son passé, puis gagne Haïti pour les funérailles de son père. Accompagné d’un neveu – qui porte le même nom que lui –, il parcourt son île natale dans un périple doux et grave, rêveur et plein de charme, qui le mène sur les traces de son passé, de ses origines. Mais revient-on jamais chez soi?
Un roman d’une facture extrêmement originale: il est en vers libres, d’une lecture très fluide, rythmée et toute en séduction.
Jean-Pierre Milovanoff, L’Amour est un fleuve de Sibérie
Né à Nîmes d’un père russe et d’une mère provençale, romancier, dramaturge, poète, Jean-Pierre Milovanoff est l’auteur d’une œuvre importante où l’on retiendra, entre autres, L’Offrande sauvage (Prix des Libraires 2000), La mélancolie des innocents (2002, Prix France Télévisions), Le Pays des vivants (2005) et Emily ou la déraison (2006).
Au départ de ce beau roman, écrit dans la langue même de la mélancolie, mais corrigée par le sens de l’absurde, il y a une voix qui apostrophe le sosie de l’auteur, M. Milianoff: «On se connaît depuis longtemps. Vous fréquentiez le café-hôtel de La Bélugue. Ma mère vous réservait toujours sa meilleure chambre».
La voix, c’est celle de Silvio, gardien d’un camping au bord de la mer en Camargue, entre ses caravanes vides et ses bungalows clos, un rêveur, un doux perdu, l’un de ces personnages hésitants que l’auteur affectionne. Silvio n’a pas connu son père et croit le retrouver en Milianoff. Mais sommes-nous certains de nos désirs de fils? Commence alors une enquête sentimentale qui nous mène à la fois dans le passé, sur une plage venteuse de Camargue, décor d’un hôtel au charme fragile, mais aussi au présent des protagonistes retrouvés. Ressuscitent les figures d’un passé englouti, comme submergé par les inondations qui finiront par l’emporter: la mère de Silvio, belle femme de 38 ans à la solitude tendre, Johnny Wood, vrai-faux guitariste à l’accent de l’Alabama mais en fait un plus banal fils de famille du Languedoc au cœur volage, le Yachtman, un skipper à terre qui attend indéfiniment qu’on répare le gouvernail de son voilier et sirote son vin blanc, et Silvio bien sûr, enfermé dans sa chambre à écouter de la musique, si peu réaliste qu’il deviendra le gardien des ruines.
Gérard Oberlé, Mémoires de Marc-Antoine Muret
Gérard Oberlé est l’auteur chez Grasset de Retour à Zornhof (Prix Découvertes Le Figaro Magazine, Prix des Deux magots, 2004), Itinéraire spiritueux (Prix Mac Orlan, Prix Edmond de Rotschild, Prix Rabelais, 2006) et d’un recueil de chroniques musicales (La vie est ainsi fête, 2007). Expert en livres anciens, il est aussi chroniqueur à Lire.
«Les esprits sérieux penseront que pareilles fantaisies ne méritent pas d’être rapportées par écrit. Je leur répondrai que mon récit n’est rien d’autre que bavarderie et digressions, autrement dit vagabondages de geai ou de pie sur les sentiers d’à côté. Quand mon héritier flânera dans vingt ou trente ans dans ces cahiers, il feuillettera ses souvenirs d’enfant et se souviendra de moi en souriant».
Marc-Antoine Muret a vécu «deux vies de même durée, mais fort dissemblables, car la seconde fut comme l’antithèse de la première». Humaniste, professeur, maître de Montaigne et orateur des Papes, il fut aussi hédoniste, poète, grand amateur des plaisirs charnels – ripaille et lupanar. Muret raconte son amour pour toutes les nourritures terrestres, évoque l’esprit de la Renaissance, ses amis de la Pléiade, les réjouissances inspirées de l’Antiquité. Il rencontre, au gré de son errance, une foule bigarrée de personnages hauts en couleurs, gentilshommes et canailles, femmes savantes et courtisans. Dans ce siècle baroque (XVIème siècle), l’Europe renaît! Mais l’Europe vit aussi avec ses vieux démons, la morale exigeante et les guerres de religion. Marc-Antoine Muret traverse le meilleur comme le pire, mais reste toujours fidèle à ses principes: «Le plaisir était mon idéal, jouir était ma loi».
Entre élégance du style et jargon coquillard, bacchanales et rites phalliques, la liberté grivoise et l’érudition vive, jamais pédante, de ces mémoires sont contagieuses. Un roman admirable, plus moderne qu’il n’y paraît: la passion amoureuse d’un homme pour un autre, chassé de Toulouse, condamné au bûcher, forcé de fuir Paris pour Rome.
Patrick Poivre d’Arvor, Fragments d’une femme perdue
Patrick Poivre d’Arvor est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, seul ou en collaboration avec son frère Olivier, qui ont souvent rencontré les faveurs du public.
Cette fille «perdue» (pour elle-même? pour celui qui prend le risque d’en être follement épris?) s’appelle Violette, comme l’héroïne de la «Traviata». Elle est très belle, insaisissable, fourbe – mais, malgré cela, à cause de cela, elle devient l’obsession d’un homme, Alexis.
Précision: ce roman, qui illustre un genre très classique, depuis La femme et le pantin de Pierre Louys, jusqu’à Un amour de Dino Buzatti ou La vilaine fille de Mario Vargas Llosa) a, ici, une forme particulière, éclatée, «fragmentée», faite de lettres, de composition «polyphonique». Par brèves séquences, on passe ainsi d’un point de vue à l’autre. Personne ne détient la vérité. Chacun est libre de s’aveugler à sa guise…
Quant à l’intrigue, elle se déroule, inéluctable, jusqu’à un dénouement fatal. Au passage, il en aura vu de toutes les couleurs (mensonges, tromperies, trahisons, passions, déceptions…) pour une fille qui, comme d’habitude, «n’était pas son genre».
Bruno Tessarech, Les sentinelles
Bruno Tessarech, né en 1947, a animé un établissement d’enseignement expérimental et enseigné la philosophie avant de se consacrer à l’écriture. Il a publié des romans, parmi lesquels La Machine à écrire, Les Grandes Personnes, La Femme de l’analyste, et des récits littéraires, dont Villa blanche, tous réédités en Folio.
Les Sentinelles est son premier roman publié chez Grasset.
Il s'agit ni plus ni moins que de l'ambitieuse mise en fiction de la grande question du «qui savait quoi, et quand?» sur la Shoah durant la Seconde guerre mondiale.
L'auteur mêle les personnages inventés (le narrateur Patrice Orvieto, jeune diplomate, son frère Sergio, Françoise, l'épouse d'un responsable du MI-6 anglais, agent double travaillant pour les Soviétiques) et les personnages historiques. On y suit la tentative désespérée des "sentinelles" au destin tragique pour alerter les opinions occidentales sur les atrocités commises à l'Est: le fameux Kurt Gerstein, Ian Karski, résistant polonais qui a assisté au génocide à Belzec, Samuel Zyghelboïm, témoin impuissant des horreurs dans le ghetto de Varsovie... On y retrouve Hitler concevant l'Holocauste, Eichmann le planifiant, von Braun utilisant ses esclaves des camps dans ses usines de Peenemune et de Dora avant de négocier ses archives et sa collaboration avec les Américains pour finir par triompher en parvenant à envoyer en 1969 des hommes sur la lune... On y assiste aux révélations faites puis tues à Churchill, à Roosevelt, et aux dilemmes de chacun des chefs d'Etat face à l'horreur.
De la conférence d'Evian en 1938 à la mort de Karski en 2000, c'est le demi-siècle le plus noir de notre histoire contemporaine que traverse le narrateur de ce roman vrai, tour à tour jeune stagiaire à la Conférence d'Evian, puis, ayant rejoint la France libre à Londres, devenu intermédiaire entre le MI 6 britannique et le 2e bureau français, de plus en plus troublé par les révélations incroyables qui lui sont faites, de plus en plus désespéré de ne pouvoir relayer la parole des "sentinelles" auprès de ceux qui auraient eu le pouvoir de faire cesser le massacre.
Sujit Saraf, Le trône du paon
Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain
Sujit Saraf est né dans le Bihar, en Inde, en 1969. Il suit des études à Darjeeling puis à Delhi, où il obtient un diplôme d’ingénieur à l’Institut Indien de Technologie. Il écrit ensuite sa thèse à la prestigieuse université de Berkeley, en Californie. Chercheur scientifique à la NASA pendant quelques années, puis enseignant à l’IIT de Delhi, il est actuellement installé à Palo Alto, en Californie où il mène des travaux de recherche sur les missions spatiales et le contrôle des satellites. Parallèlement à ses activités scientifiques, Sujit Saraf est directeur artistique d’une compagnie de théâtre et de cinéma, Naatak, près de San Francisco. Le trône du paon est son premier roman.
Nous sommes en 1984, à Dehli. Le matin se lève sur le bazar joyeux et bigarré du plus grand marché de la ville, Chandni Chowk, gigantesque complexe de petites boutiques où il se vend de tout. Gopal Pandey, marchand de thé chai, s’éveille en sursaut et s’apprête à ouvrir son échoppe quand il se rend compte que la foule du marché est en émoi… Que se passe-t-il? Bientôt la rumeur lui parvient: le Premier ministre, Indira Gandhi, vient d’être assassinée. C’est très vite la confusion: tous s’agitent, courent en tous sens; il y a ceux qui sont fous de joie en apprenant la mort de la «putain», et ceux qui pleurent leur guide.
Les esprits s’enflamment, les communautés s’affrontent dans un embrasement populaire qui dégénère: les Hindous crient vengeance contre les Sikhs. Dans le chaos, Gopal recueille quelques hommes qui tentent d’échapper à l’émeute – y compris un certain Gyan Singh, dont personne ne sait qu’il est accusé d’être l’assassin d’Indira…
Le roman se déroule en cinq parties, de 1984 à 1998. Des pogroms contre les Sikhs, pourchassés et mis à mort dans Delhi pour venger la mort du Premier ministre au triomphe du BJP, le parti nationaliste hindou qui a fait du refus des Musulmans son cheval de bataille, tout se passe dans le Vieux Delhi, où cohabitent de façon tumultueuse Hindous, Musulmans, Sikhs, Jains et Chrétiens. Cet immense bazar, parcouru d’inextricables ruelles offre un condensé de toutes les populations, castes et sous-castes du pays.
Clive Cussler et Paul Kemprecos, Tempête polaire
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Rosenthal
Clive Cussler est l’auteur de nombreux romans chez Grasset, dont L’Or des Incas, Sahara, Dragon, Atlantide, Odyssée et Pierre sacrée. Découvreur d’épaves, il est membre de la Société Géographique Royale de Londres, du Club des explorateurs de New York et il préside l’Agence nationale maritime et sous-marine (NUMA).
Paul Kemprecos est journaliste et auteur de plusieurs thrillers, pour lesquels il a reçu le prix Shamus. Publié en France par Grasset, il est l'auteur du Meurtre du Mayflower (2002), et de Blues à Cape Cod (2003), romans qui mettent en scène le détective Aristote Socaridès. Il co-écrit également la série des aventures de Kurt Austin avec Clive Cussler, dont sont parus : Serpent (2000), L'or bleu (2002), Glace de feu (2005), Mort blanche (2006) et A la recherche de la cité perdue (2007). Le septième titre paraîtra en 2010.
L’inversion polaire: un phénomène naturel qui s’est produit à maintes reprises par le passé. De faible ampleur, elle ne fera que désorienter la faune marine et les oiseaux, paralyser les systèmes électriques. Mais si l’attaque est forte et que les éléments se déchaînent, elle s’accompagnera d’un véritable cataclysme – glissement des plaques tectoniques, tremblements de terre, éruptions volcaniques – capable de précipiter la fin du monde…
En pleine Seconde Guerre mondiale, Kovacs, un excentrique génie hongrois, découvre comment provoquer une inversion des pôles à l’aide d’ondes électromagnétiques.
Mais on perd toute trace de lui et de ses travaux… jusqu’au jour où le leader d’un groupe altermondialiste essaie d’utiliser les théories de Kovacs en guise d’avertissement aux puissants de ce monde. Or, une fois que le processus est enclenché, plus rien ne peut l’arrêter.
Kurt Austin, Joe Zavala et les autres membres des opérations spéciales de la NUMA vont devoir sillonner les océans et essuyer bien des tempêtes afin de mettre la main sur l’antidote qui pourra sauver le monde…
Revue de détail.
José Alvarez, Anna la nuit
Né en 1947, en Espagne, José Alvarez, créateur des Editions du Regard, est spécialisé dans l’art, les Arts décoratifs et l’architecture du XXe siècle. Il a notamment participé à la rédaction du Dictionnaire de l’art moderne et contemporain paru aux Editions Hazan, est l’auteur de l’Art de vivre à Paris entre autres, aux Editions Flammarion, et collabore régulièrement à des revues d’art. Il a choisi de s’établir à Paris.
A la fin des années 1960, le narrateur a éprouvé une passion pour une femme sublime que la mort a toujours hantée. Comment vivre un amour quand chaque instant semble menacé? C’est cette relation tour à tour orageuse et radieuse, traversée de tempêtes et d’aurores, de sexe et d’effroi que décrit ce roman. On y croise les Stones, les Beatles, les Doors, Helmut Newton et bien d’autres encore, personnages élégants, bohèmes et souvent désœuvrés qui, entre Paris, Londres et Lanzarote, mènent une vie de plaisir, agitée et brillante.
Michka Assayas, Solo
Michka Assayas est romancier (Exhibition, paru chez Denoël en 2002) et référence absolue dans l’univers musical contemporain. Il est l’auteur du Dictionnaire du Rock dans la collection «Bouquins» et co-auteur avec le chanteur Bono de U2, de Bono par Bono (Grasset).
Le héros de ce roman, micro-star de la culture rock underground, trouve, un jour, un étrange message sur la boîte vocale de son téléphone: une fille, ancienne fan de son émission de radio et qui fut brièvement sa maîtresse, lui apprend que, cinq ans plus tôt, elle a été enceinte de lui, qu’elle a avorté, et elle lui demande de «payer» les frais – dérisoires, en vérité – de son IVG. Or, ce message, jailli d’un passé depuis longtemps enseveli, plonge le narrateur de cette histoire dans un désarroi sans pareil: où en est-il avec sa vie? Pourquoi flotte-t-il dans son destin? Qu’a-t-il fait de ses espérances? A qui, à quoi, s’accrocher pour survivre dans ce monde bruyant où, par une facétie de la providence, son destin l’a jeté?
A partir de là, cet anti-héros va se souvenir, revoir des amis et des amours, écouter de la musique, regarder la télé, partir à la recherche de lui–même au fil d’une épopée dérisoire, drolatique, pathétique… On s’avise bientôt que ce narrateur est véritablement «possédé» par tous les sons (politique, médiatiques, musicaux…) qui forment la patrie inconsciente de sa génération. D’où l’écriture de ce roman, qui se décline sur plusieurs registres, du dialogue au délire, de l’harmonie au chahut, de l’idéologie au «people»…
Au final, ce narrateur atterrira, plus ou moins cabossé, sur son identité en vrac. Il se résoudra à n’être que lui-même, un peu maussade mais serein. La voix lointaine de cette fille – retrouvée dans des circonstances saugrenues, à la fin du roman – lui aura, au moins, permis de trouver sa place dans le monde.
Frédéric Beigbeder, Un roman français
Né à Neuilly sur Seine, chroniqueur à Lire et animateur du Cercle à Canal Plus, Frédéric Beigbeder est l’auteur chez Grasset de : Vacances dans le coma (1994), L’amour dure trois ans (1997), 99 francs (2000), Windows on the World (2003, Prix Interallié), L’égoïste romantique (2005), Au Secours pardon (2007).
Cela pourrait commencer ainsi: «Je venais d’apprendre que mon frère était promu chevalier de la Légion d’Honneur, quand ma garde à vue commença». Ou ainsi: «Je ne me souviens pas de mon enfance». Mais en fait ce serait le même livre: celui de la mémoire et de l’enfance retrouvée, un Du côté de Guethary dans l’été inachevé de la côte basque où les parents de Frédéric se rencontrèrent, mais aussi le passage à l’âge d’homme, la mue d’un gamin immature en adulte pacifié.
Le 28 janvier 2008, Frédéric l’écrivain media-choc, le personnage public, le noceur, est interpellé pour usage de stupéfiants sur un capot de Chrysler noire, dans la rue; il aggrave son cas en fuyant la patrouille de police! En garde à vue, dans une cellule puante de deux mètres carrés, on a le temps de réfléchir. Qui est-on? Qu’a-t-on pu faire entre 0 et 13 ans? De qui suis-je né? Pourquoi suis-je amnésique?
Commence alors un roman français, une généalogie aux doux noms de pays qui va chercher du côté du Béarn (le père) où une élégante maison familiale, la Villa Navarre, reçoit Paul-Jean Toulet et Paul Valéry, et touche à l’aristocratie désargentée par la mère. Alors que gémissent les compagnons de cellule, Frédéric se souvient enfin, de l’histoire de France et d’un slow, d’une plage à Biarritz et du divorce, de la timidité et de la célébrité.
Samuel Benchetrit, Le cœur en dehors
Samuel Benchetrit est écrivain (Chroniques de l’Asphalte, tomes 1 et 2 parus chez Julliard), cinéaste (Janis et John, et son dernier film: J’ai toujours rêvé d’être un gangster, prix du scénario du Sundance Film Festival) et acteur. Il est, par ailleurs, auteur de théâtre: Comédie sur un quai de gare. Elevé en banlieue, en «cité», il a choisi ce décor, mais en en faisant, contrairement aux discours en vogue, un séjour heureux et poétique, pour servir de toile de fond à son écriture nerveuse et froissée.
Ce roman, c’est l’histoire de Charlie Traoré, un gamin, dix ans, black d’origine malienne, adorable, vivant en banlieue, entre la Tour Rimbaud et la Tour Simone de Beauvoir, et dont tout l’univers se résume aux copains, à une amoureuse prénommée Mélanie, à son frère drogué, et à sa mère surtout - qui, au début du livre, est «appréhendée» par la police car ses papiers ne sont pas en règle. Pendant toute cette journée (les chapitres du livre, d’ailleurs, se contentent d’être titrés par l’heure qui tourne), Charlie va errer dans sa cité. Il va chercher son frère Henry, rendre viste à des braves gens, frôler des voyous, jouer au foot, sécher l’école, rêver, suivre ses folles associations d’idées, ses digressions d’enfant-adulte, attendre sa mère, si douce, si aimante…
Mais ce roman, c’est surtout une langue, un style, une vision innocente du monde. Ici, c’est Charlie qui parle, pense, regarde – et il est alors difficile de ne pas évoquer à son sujet le légendaire Attrape-cœur de Salinger. Car le petit Charlie est vraiment attachant et le regard qu’il pose sur sa «cité» sordide et magnifiée est, à chaque ligne, rempli de drôlerie et d’éblouissement. Au début du livre, il croit que Rimbaud n’est qu’une Tour. A la fin du roman, il saura que c’était un poète qui dit des choses qui lui semblent vraies et proches. Son Odyssée de l’aube jusqu’au soir, est de celles qui ne s’oublient pas. Pas l’ombre d’un misérabilisme ici: un enchantement de tendresse et d’humour.
Sorj Chalandon, La légende de nos pères
Sorj Chalandon, 55 ans, a été journaliste à Libération. Il a couvert des événements comme la guerre du Liban, le Tchad, le drame de Bhopal, la Somalie, l’Afghanistan, la guerre Iran-Irak ou la guerre du Golfe, mais aussi les faits de notre quotidien. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert Londres en 1988. Il a publié Le petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, Prix Médicis) et Mon Traître (2008).
Après avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. «Toute vie mérite d’être racontée», disent ses publicités, et c’est pour cela que ses clients se confient à lui. Il les écoute, met en forme leurs souvenirs, les rédige puis fait imprimer un livre destiné aux amis ou au cercle familial.
Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe.
Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l’Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n’a raconté sa bravoure qu’à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.
Marcel Frémaux va s’atteler à cet ouvrage avec passion. Pierre Frémaux, son père, fut un Résistant. Comme le vieux Beuzaboc, un partisan de l’Armée des ombres, silencieux et dédaigneux des hommages. Mais son père n’a jamais rien raconté. Et il est mort, laissant son fils sans empreinte de lui.
En écoutant Beuzaboc, c’est son père que le biographe veut entendre. En retraçant sa route, il espère enfin croiser son chemin. Mais rien ne se passe comme il le pensait. Et plus Beuzaboc raconte, plus le doute s’installe. C’est par une poignée de mains, que le biographe et le vieil homme avaient scellé leur pacte de mémoire. Ensemble, ils franchiront les portes de l’enfer.
Dany Laferrière, L’énigme du retour
Né à Haïti en 1953 et vivant au Canada depuis plus de trente ans, Dany Laferrière a publié trois romans chez Grasset qui ont rencontré un grand succès critique : Le Goût des jeunes filles (2005), Vers le Sud (2006), Je suis un écrivain japonais (2008). Il pose d’une manière toute personnelle la question de l’identité et de l’exil.
L’Enigme du retour (référence au livre de V.S. Naipaul, L’Enigme de l’arrivée, mais aussi au tableau de Giorgio De Chirico portant le même titre) est le grand roman de la maturité de Dany Laferrière. On y retrouve son personnage de l’écrivain qui ne fait apparemment rien que prendre des bains dans son appartement à Montréal. Un matin, on lui téléphone: son père vient de mourir. Son père qui, dans un parallèle saisissant, avait été exilé d’Haïti par le dictateur Papa Doc, comme le narrateur, des années plus tard, l’avait été par son fils, le non moins dictatorial Bébé Doc.
C’est l’occasion pour le narrateur d’un voyage initiatique à rebours. Le narrateur part d’abord vers le Nord, comme s’il voulait paradoxalement fuir son passé, puis gagne Haïti pour les funérailles de son père. Accompagné d’un neveu – qui porte le même nom que lui –, il parcourt son île natale dans un périple doux et grave, rêveur et plein de charme, qui le mène sur les traces de son passé, de ses origines. Mais revient-on jamais chez soi?
Un roman d’une facture extrêmement originale: il est en vers libres, d’une lecture très fluide, rythmée et toute en séduction.
Jean-Pierre Milovanoff, L’Amour est un fleuve de Sibérie
Né à Nîmes d’un père russe et d’une mère provençale, romancier, dramaturge, poète, Jean-Pierre Milovanoff est l’auteur d’une œuvre importante où l’on retiendra, entre autres, L’Offrande sauvage (Prix des Libraires 2000), La mélancolie des innocents (2002, Prix France Télévisions), Le Pays des vivants (2005) et Emily ou la déraison (2006).
Au départ de ce beau roman, écrit dans la langue même de la mélancolie, mais corrigée par le sens de l’absurde, il y a une voix qui apostrophe le sosie de l’auteur, M. Milianoff: «On se connaît depuis longtemps. Vous fréquentiez le café-hôtel de La Bélugue. Ma mère vous réservait toujours sa meilleure chambre».
La voix, c’est celle de Silvio, gardien d’un camping au bord de la mer en Camargue, entre ses caravanes vides et ses bungalows clos, un rêveur, un doux perdu, l’un de ces personnages hésitants que l’auteur affectionne. Silvio n’a pas connu son père et croit le retrouver en Milianoff. Mais sommes-nous certains de nos désirs de fils? Commence alors une enquête sentimentale qui nous mène à la fois dans le passé, sur une plage venteuse de Camargue, décor d’un hôtel au charme fragile, mais aussi au présent des protagonistes retrouvés. Ressuscitent les figures d’un passé englouti, comme submergé par les inondations qui finiront par l’emporter: la mère de Silvio, belle femme de 38 ans à la solitude tendre, Johnny Wood, vrai-faux guitariste à l’accent de l’Alabama mais en fait un plus banal fils de famille du Languedoc au cœur volage, le Yachtman, un skipper à terre qui attend indéfiniment qu’on répare le gouvernail de son voilier et sirote son vin blanc, et Silvio bien sûr, enfermé dans sa chambre à écouter de la musique, si peu réaliste qu’il deviendra le gardien des ruines.
Gérard Oberlé, Mémoires de Marc-Antoine Muret
Gérard Oberlé est l’auteur chez Grasset de Retour à Zornhof (Prix Découvertes Le Figaro Magazine, Prix des Deux magots, 2004), Itinéraire spiritueux (Prix Mac Orlan, Prix Edmond de Rotschild, Prix Rabelais, 2006) et d’un recueil de chroniques musicales (La vie est ainsi fête, 2007). Expert en livres anciens, il est aussi chroniqueur à Lire.
«Les esprits sérieux penseront que pareilles fantaisies ne méritent pas d’être rapportées par écrit. Je leur répondrai que mon récit n’est rien d’autre que bavarderie et digressions, autrement dit vagabondages de geai ou de pie sur les sentiers d’à côté. Quand mon héritier flânera dans vingt ou trente ans dans ces cahiers, il feuillettera ses souvenirs d’enfant et se souviendra de moi en souriant».
Marc-Antoine Muret a vécu «deux vies de même durée, mais fort dissemblables, car la seconde fut comme l’antithèse de la première». Humaniste, professeur, maître de Montaigne et orateur des Papes, il fut aussi hédoniste, poète, grand amateur des plaisirs charnels – ripaille et lupanar. Muret raconte son amour pour toutes les nourritures terrestres, évoque l’esprit de la Renaissance, ses amis de la Pléiade, les réjouissances inspirées de l’Antiquité. Il rencontre, au gré de son errance, une foule bigarrée de personnages hauts en couleurs, gentilshommes et canailles, femmes savantes et courtisans. Dans ce siècle baroque (XVIème siècle), l’Europe renaît! Mais l’Europe vit aussi avec ses vieux démons, la morale exigeante et les guerres de religion. Marc-Antoine Muret traverse le meilleur comme le pire, mais reste toujours fidèle à ses principes: «Le plaisir était mon idéal, jouir était ma loi».
Entre élégance du style et jargon coquillard, bacchanales et rites phalliques, la liberté grivoise et l’érudition vive, jamais pédante, de ces mémoires sont contagieuses. Un roman admirable, plus moderne qu’il n’y paraît: la passion amoureuse d’un homme pour un autre, chassé de Toulouse, condamné au bûcher, forcé de fuir Paris pour Rome.
Patrick Poivre d’Arvor, Fragments d’une femme perdue
Patrick Poivre d’Arvor est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, seul ou en collaboration avec son frère Olivier, qui ont souvent rencontré les faveurs du public.
Cette fille «perdue» (pour elle-même? pour celui qui prend le risque d’en être follement épris?) s’appelle Violette, comme l’héroïne de la «Traviata». Elle est très belle, insaisissable, fourbe – mais, malgré cela, à cause de cela, elle devient l’obsession d’un homme, Alexis.
Précision: ce roman, qui illustre un genre très classique, depuis La femme et le pantin de Pierre Louys, jusqu’à Un amour de Dino Buzatti ou La vilaine fille de Mario Vargas Llosa) a, ici, une forme particulière, éclatée, «fragmentée», faite de lettres, de composition «polyphonique». Par brèves séquences, on passe ainsi d’un point de vue à l’autre. Personne ne détient la vérité. Chacun est libre de s’aveugler à sa guise…
Quant à l’intrigue, elle se déroule, inéluctable, jusqu’à un dénouement fatal. Au passage, il en aura vu de toutes les couleurs (mensonges, tromperies, trahisons, passions, déceptions…) pour une fille qui, comme d’habitude, «n’était pas son genre».
Bruno Tessarech, Les sentinelles
Bruno Tessarech, né en 1947, a animé un établissement d’enseignement expérimental et enseigné la philosophie avant de se consacrer à l’écriture. Il a publié des romans, parmi lesquels La Machine à écrire, Les Grandes Personnes, La Femme de l’analyste, et des récits littéraires, dont Villa blanche, tous réédités en Folio.
Les Sentinelles est son premier roman publié chez Grasset.
Il s'agit ni plus ni moins que de l'ambitieuse mise en fiction de la grande question du «qui savait quoi, et quand?» sur la Shoah durant la Seconde guerre mondiale.
L'auteur mêle les personnages inventés (le narrateur Patrice Orvieto, jeune diplomate, son frère Sergio, Françoise, l'épouse d'un responsable du MI-6 anglais, agent double travaillant pour les Soviétiques) et les personnages historiques. On y suit la tentative désespérée des "sentinelles" au destin tragique pour alerter les opinions occidentales sur les atrocités commises à l'Est: le fameux Kurt Gerstein, Ian Karski, résistant polonais qui a assisté au génocide à Belzec, Samuel Zyghelboïm, témoin impuissant des horreurs dans le ghetto de Varsovie... On y retrouve Hitler concevant l'Holocauste, Eichmann le planifiant, von Braun utilisant ses esclaves des camps dans ses usines de Peenemune et de Dora avant de négocier ses archives et sa collaboration avec les Américains pour finir par triompher en parvenant à envoyer en 1969 des hommes sur la lune... On y assiste aux révélations faites puis tues à Churchill, à Roosevelt, et aux dilemmes de chacun des chefs d'Etat face à l'horreur.
De la conférence d'Evian en 1938 à la mort de Karski en 2000, c'est le demi-siècle le plus noir de notre histoire contemporaine que traverse le narrateur de ce roman vrai, tour à tour jeune stagiaire à la Conférence d'Evian, puis, ayant rejoint la France libre à Londres, devenu intermédiaire entre le MI 6 britannique et le 2e bureau français, de plus en plus troublé par les révélations incroyables qui lui sont faites, de plus en plus désespéré de ne pouvoir relayer la parole des "sentinelles" auprès de ceux qui auraient eu le pouvoir de faire cesser le massacre.
Sujit Saraf, Le trône du paon
Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain
Sujit Saraf est né dans le Bihar, en Inde, en 1969. Il suit des études à Darjeeling puis à Delhi, où il obtient un diplôme d’ingénieur à l’Institut Indien de Technologie. Il écrit ensuite sa thèse à la prestigieuse université de Berkeley, en Californie. Chercheur scientifique à la NASA pendant quelques années, puis enseignant à l’IIT de Delhi, il est actuellement installé à Palo Alto, en Californie où il mène des travaux de recherche sur les missions spatiales et le contrôle des satellites. Parallèlement à ses activités scientifiques, Sujit Saraf est directeur artistique d’une compagnie de théâtre et de cinéma, Naatak, près de San Francisco. Le trône du paon est son premier roman.
Nous sommes en 1984, à Dehli. Le matin se lève sur le bazar joyeux et bigarré du plus grand marché de la ville, Chandni Chowk, gigantesque complexe de petites boutiques où il se vend de tout. Gopal Pandey, marchand de thé chai, s’éveille en sursaut et s’apprête à ouvrir son échoppe quand il se rend compte que la foule du marché est en émoi… Que se passe-t-il? Bientôt la rumeur lui parvient: le Premier ministre, Indira Gandhi, vient d’être assassinée. C’est très vite la confusion: tous s’agitent, courent en tous sens; il y a ceux qui sont fous de joie en apprenant la mort de la «putain», et ceux qui pleurent leur guide.
Les esprits s’enflamment, les communautés s’affrontent dans un embrasement populaire qui dégénère: les Hindous crient vengeance contre les Sikhs. Dans le chaos, Gopal recueille quelques hommes qui tentent d’échapper à l’émeute – y compris un certain Gyan Singh, dont personne ne sait qu’il est accusé d’être l’assassin d’Indira…
Le roman se déroule en cinq parties, de 1984 à 1998. Des pogroms contre les Sikhs, pourchassés et mis à mort dans Delhi pour venger la mort du Premier ministre au triomphe du BJP, le parti nationaliste hindou qui a fait du refus des Musulmans son cheval de bataille, tout se passe dans le Vieux Delhi, où cohabitent de façon tumultueuse Hindous, Musulmans, Sikhs, Jains et Chrétiens. Cet immense bazar, parcouru d’inextricables ruelles offre un condensé de toutes les populations, castes et sous-castes du pays.
Clive Cussler et Paul Kemprecos, Tempête polaire
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Rosenthal
Clive Cussler est l’auteur de nombreux romans chez Grasset, dont L’Or des Incas, Sahara, Dragon, Atlantide, Odyssée et Pierre sacrée. Découvreur d’épaves, il est membre de la Société Géographique Royale de Londres, du Club des explorateurs de New York et il préside l’Agence nationale maritime et sous-marine (NUMA).
Paul Kemprecos est journaliste et auteur de plusieurs thrillers, pour lesquels il a reçu le prix Shamus. Publié en France par Grasset, il est l'auteur du Meurtre du Mayflower (2002), et de Blues à Cape Cod (2003), romans qui mettent en scène le détective Aristote Socaridès. Il co-écrit également la série des aventures de Kurt Austin avec Clive Cussler, dont sont parus : Serpent (2000), L'or bleu (2002), Glace de feu (2005), Mort blanche (2006) et A la recherche de la cité perdue (2007). Le septième titre paraîtra en 2010.
L’inversion polaire: un phénomène naturel qui s’est produit à maintes reprises par le passé. De faible ampleur, elle ne fera que désorienter la faune marine et les oiseaux, paralyser les systèmes électriques. Mais si l’attaque est forte et que les éléments se déchaînent, elle s’accompagnera d’un véritable cataclysme – glissement des plaques tectoniques, tremblements de terre, éruptions volcaniques – capable de précipiter la fin du monde…
En pleine Seconde Guerre mondiale, Kovacs, un excentrique génie hongrois, découvre comment provoquer une inversion des pôles à l’aide d’ondes électromagnétiques.
Mais on perd toute trace de lui et de ses travaux… jusqu’au jour où le leader d’un groupe altermondialiste essaie d’utiliser les théories de Kovacs en guise d’avertissement aux puissants de ce monde. Or, une fois que le processus est enclenché, plus rien ne peut l’arrêter.
Kurt Austin, Joe Zavala et les autres membres des opérations spéciales de la NUMA vont devoir sillonner les océans et essuyer bien des tempêtes afin de mettre la main sur l’antidote qui pourra sauver le monde…
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