lundi 18 mai 2009

Avec vue sur la rentrée littéraire (6) - Zulma

Une maison d'édition réputée "petite" - adjectif trompeur si l'on regarde le catalogue de près, puisqu'on y trouve des merveilles -, Zulma sera bien sûr au rendez-vous de la rentrée, avec trois titres.

Enrique Serpa, Contrebande (20 août)

Roman traduit de l'espagnol (Cuba) par Claude Fell, présenté par Eduardo Manet.

Premier roman d’Enrique Serpa, Contrebande dépeint à merveille le monde turbulent et misérable de La Havane dans les années vingt. À travers l’agitation d’une foule de pêcheurs, prostituées, contrebandiers, enfants miséreux, on voit couver le feu qui embrasera l'île de Cuba où l’insolente fortune de quelques-uns nargue l’extrême dénuement de la plupart.
Contrebande, c’est aussi l’histoire d’un face-à-face entre la propriétaire de La Buena Ventura et Requin, le capitaine de bord, homme d’honneur et pirate à ses heures. S’instaure vite une atmosphère complexe, ambigüe, faite de mépris et de domination sur fond de fascination.
Publié en 1938, constamment réédité, Contrabando et considéré comme un classique de la littérature cubaine contemporaine.

Les premières pages sont à lire ici.

Hubert Haddad, Géométrie d'un rêve (20 août)

Pour tenter d’oublier Fedora qu’il a aimé à en mourir, un romancier s’exile sur les côtes du Finistère, dans un vieux manoir dominant l’Océan.
Emporté par l’esprit des lieux, il commence un journal intime où peu à peu se mêlent personnages réels et fictifs. De Fedora, soprano lyrique qui se donne le jour et se refuse la nuit, à l’étudiante japonaise persécutée par son frère yakusa, les héros de ses romans, ses maîtresses disparues, ou encore Emily Dickinson, prennent un même caractère de réalité.
Mille et Une Nuits d'un insomniaque qui se raconte des histoires, Géométrie d’un rêve, traversé par les figures de Faust, la Tosca ou Othello, est le roman de la jalousie inexpiable et de l’amour fou.

Les premières pages sont à lire ici.

Ricardo Piglia, La ville absente (3 septembre)

Roman traduit de l’espagnol (Argentine) par François-Michel Durazzo

Suite à un mystérieux appel téléphonique, Junior part d’El Mundo, le journal où il travaille, pour se rendre au Majestic, hôtel sordide du centre de Buenos Aires.
Ainsi débute une époustouflante enquête sur Elena, être étrange, mi-femme mi-machine, qui produit des récits à l’infini. Grâce à ces derniers, Junior progresse dans la compréhension de l’histoire et du projet romanesque du grand écrivain argentin Macedonio Fernández.
Junior arpente une ville interlope et fantasmatique, à la recherche de l’ingénieur qui a conçu la machine, désormais prisonnière du Musée et gardée par Fuyita, un gangster coréen. Se tissent alors des liens, visibles ou non, entre le réel et la fiction, l’histoire et la littérature, les aventures recueillies par Junior et celles proférées par la machine : Mac Kensey reconstruira son cottage anglais en Patagonie pour vivre suspendu aux ondes de la BBC, la fille du Majestic, danseuse à Buenos Aires, sombrera dans la drogue, l’alcool et sa passion pour Fuyita…
Hanté par l’interprétation de l’Histoire considérée comme une énigme, Junior s’attache à en dénouer les fils et à en comprendre le sens à travers une mosaïque de récits tous plus passionnants les uns que les autres. Le Gaucho invisible, la femme suicidée, la petite fille rousse, ou la jeune fille muette côtoient Perón et Evita, Richter et Lugones, Macedonio Fernández et Elena de Obieta…
Comme dans Respiration artificielle et Argent brûlé, Ricardo Piglia utilise dans la Ville absente la trame policière pour explorer l’histoire et la littérature argentine de Roberto Arlt à Jorge Luis Borges.

P.S. Je ne suis pas le seul à anticiper. Hubert Artus aussi, dans son Cabinet de lecture de Rue 89. Moins complet mais plus argumenté...


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