Le challenge Maigret se poursuit dans les rendez-vous du dimanche. La semaine prochaine (pour vous donner envie d'attendre jusque-là): Le revolver de Maigret.
En littérature, Georges Simenon ne fait pas figure de novateur. Si sa manière de creuser la psychologie lui est propre, il ne s'est pas aventuré à dynamiter le récit. Ses romans sont bien sages, et le lecteur y trouve d'emblée ses points de repère habituels. Les mémoires de Maigret, publié en 1951, constitue donc un exercice d'autant plus intéressant: Maigret en est le narrateur et Simenon, un personnage!
Si Maigret, qui se défend par ailleurs de rédiger ses mémoires - et fait relire chaque chapitre par Madame Maigret -, nous livre bien quelques éléments autobiographiques (ce qui est piquant pour un personnage de fiction), le plus excitant réside bien sûr dans ses rapports avec ce Simenon qui a rendu son nom célèbre.
Tout commence en 1927 ou 1928 - «Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes», écrit Maigret. Maigret est convoqué pour la «corvée de visite»: un hôte de marque passe par le Quai des Orfèvres. Il est jeune, semble ne douter de rien, surtout pas de lui, et s'appelle Georges Sim. Il se dit écrivain, veut se documenter pour ses romans. Mais il connaît déjà presque tout et a une idée très précise du genre de criminels qui l'intéressent: «Ceux qui sont faits comme vous et moi et qui finissent, un beau jour, par tuer sans y être préparés.»
Pour tout dire, il ennuie Maigret qui, quand son visiteur prend congé avec l'espoir de le rencontrer à nouveau, se dit : «J'espère bien que non.»
Puis, Maigret devient le personnage de roman que l'on sait, dans le même temps que Sim devient Simenon. Mais le policier ne répond pas aux invitations du romancier, ni pour le baptême de son bateau, l'Ostrogoth, ni pour le fameux bal anthropométrique qui lance la série publiée chez Fayard.
Il mettra même du temps à lire les livres qui le mettent en scène, relevant les modifications par rapport à la réalité, la simplification opérée par la fiction et la mise en vedette d'un Maigret omniprésent dans ses enquêtes.
En fait, c'est Madame Maigret qui se prendra d'amitié pour Simenon, le défendant quand son mari est plus critique. Jusqu'à la dernière page, il relève les imprécisions, les erreurs...
Bien entendu, Simenon a trouvé ce moyen d'expliquer les procédés romanesques par lesquels il restitue une certaine authenticité, dont Maigret, parfait porte-parole, doit convenir: «La fameuse tirade sur les vérités fabriquées qui sont plus vraies que les vérités nues n'est pas seulement un paradoxe.»
En littérature, Georges Simenon ne fait pas figure de novateur. Si sa manière de creuser la psychologie lui est propre, il ne s'est pas aventuré à dynamiter le récit. Ses romans sont bien sages, et le lecteur y trouve d'emblée ses points de repère habituels. Les mémoires de Maigret, publié en 1951, constitue donc un exercice d'autant plus intéressant: Maigret en est le narrateur et Simenon, un personnage!
Si Maigret, qui se défend par ailleurs de rédiger ses mémoires - et fait relire chaque chapitre par Madame Maigret -, nous livre bien quelques éléments autobiographiques (ce qui est piquant pour un personnage de fiction), le plus excitant réside bien sûr dans ses rapports avec ce Simenon qui a rendu son nom célèbre.
Tout commence en 1927 ou 1928 - «Je n'ai pas la mémoire des dates et je ne suis pas de ceux qui gardent soigneusement des traces écrites de leurs faits et gestes», écrit Maigret. Maigret est convoqué pour la «corvée de visite»: un hôte de marque passe par le Quai des Orfèvres. Il est jeune, semble ne douter de rien, surtout pas de lui, et s'appelle Georges Sim. Il se dit écrivain, veut se documenter pour ses romans. Mais il connaît déjà presque tout et a une idée très précise du genre de criminels qui l'intéressent: «Ceux qui sont faits comme vous et moi et qui finissent, un beau jour, par tuer sans y être préparés.»
Pour tout dire, il ennuie Maigret qui, quand son visiteur prend congé avec l'espoir de le rencontrer à nouveau, se dit : «J'espère bien que non.»
Puis, Maigret devient le personnage de roman que l'on sait, dans le même temps que Sim devient Simenon. Mais le policier ne répond pas aux invitations du romancier, ni pour le baptême de son bateau, l'Ostrogoth, ni pour le fameux bal anthropométrique qui lance la série publiée chez Fayard.
Il mettra même du temps à lire les livres qui le mettent en scène, relevant les modifications par rapport à la réalité, la simplification opérée par la fiction et la mise en vedette d'un Maigret omniprésent dans ses enquêtes.
En fait, c'est Madame Maigret qui se prendra d'amitié pour Simenon, le défendant quand son mari est plus critique. Jusqu'à la dernière page, il relève les imprécisions, les erreurs...
Bien entendu, Simenon a trouvé ce moyen d'expliquer les procédés romanesques par lesquels il restitue une certaine authenticité, dont Maigret, parfait porte-parole, doit convenir: «La fameuse tirade sur les vérités fabriquées qui sont plus vraies que les vérités nues n'est pas seulement un paradoxe.»
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