mercredi 28 août 2013

Linda Lê et la voix d’outre-tombe

Van n’a jamais été bavard, dit-il d’emblée. Mais c’était avant de mourir. « Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude de soliloquer. » Et il a bien des choses à raconter. Il ne sera pas le seul à parler dans Lame de fond. Chacune des parties qui découpent une journée en quatre est aussi occupée par trois autres personnages, trois femmes qui ont eu une grande importance dans sa vie : Lou, son épouse, Laure, leur fille, et la plus mystérieuse Ulma dont le statut dans le roman en est une des clés. Puisque Linda Lê ne la fournit pas d’emblée, laissons-la nous aussi de côté, tout en gardant son importance à l’esprit.
Van est né au Vietnam mais, une fois installé en France, il est devenu un émigré modèle, du genre qui ne fait pas de vagues. Du genre, aussi, qui a appris la langue en lisant les classiques et, devenu correcteur, a été un travailleur scrupuleux. Jusqu’au moment où il s’est relâché, pour des raisons extérieures aux livres sur lesquels il se penchait. Pour des raisons qui tenaient à des changements importants dans sa vie. Pour des raisons liées à Ulma. Mais beaucoup moins simples que ne le sont les premières idées qui viennent à l’esprit.
La voix d’outre-tombe qui ouvre le roman puis revient se glisser entre les autres est aussi la voix de la vérité, puisque Van n’a plus rien à perdre. Cela n’empêche pas les doutes. Au volant de la voiture qui l’a renversé, Lou savait-elle ce qu’elle faisait ? Crime ou accident ? Nous le saurons peut-être.

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