Une femme, suppose-t-on,
vue de loin. Dans un film réalisé par une autre femme, pas tout à fait une
inconnue, quand bien même l’histoire du cinéma la relègue dans les marges. Qui
se souvient de Barbara Loden ? Quelques archives. Et Nathalie Léger. Et
nous, depuis que nous avons refermé son roman, prix du Livre Inter 2012.
Barbara Loden a été l’épouse d’Elia Kazan, elle a réalisé un film, Wanda, où l’écrivaine cherche une clé.
Et la clé de la narratrice, car Supplément à la vie de Barbara Loden, pour être bref, est néanmoins touffu. Les pages
sont striées de lignes invisibles qui densifient un propos d’abord traité en
surface et lui donnent la force d’un livre nécessaire.
Une femme (Nathalie
Léger) raconte une femme (Barbara Loden) qui raconte une femme (Wanda, inspirée
par un fait divers authentique). Le triangle narratif enfonce ses pointes dans
ce qu’on ne sait pas, et qu’il s’agit de chercher en dépit des conseils de
l’éditeur : « N’y mettez pas
trop de cœur », avait-il dit. Il ne s’agissait, après tout, que
d’écrire une notice dans un dictionnaire de cinéma. Pas de percer les secrets
d’une vie presque sans histoire. « Quelle
est l’histoire ? » C’est la question que pose sa mère à la
narratrice, bien incapable de répondre simplement.
La réponse est un roman
traversé par des interrogations sur son propre sens, sur le pourquoi de la
dérive qui entraîne Nathalie Léger si loin du projet initial. Elle a beau se
dire « convaincue que pour écrire
peu il fallait en savoir long », ses recherches sont si disproportionnées
qu’elles en deviennent comiques : « je
plongeai dans la chronologie générale des Etats-Unis, traversai l’histoire de
l’autoportrait de l’Antiquité à nos jours, bifurquai vers la sociologie de la
femme dans les années 1950 à 1970, compulsai avec entrain des encyclopédies,
des dictionnaires et des biographies, accumulai des informations sur le
cinéma-vérité, les avant-gardes artistiques », etc. Et cette
accumulation, même exagérée, est partie intégrante d’un dispositif qui nous
happe.
Et, puisqu’une autre bonne nouvelle peut coïncider avec une réédition au format de poche, on apprend que Nathalie Léger a été nommée, cette semaine, à la direction générale de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, plus souvent appelé par son acronyme, Imec. L’institut conserve, classe et donne accès, sous certaines conditions, à 600 fonds d’archives privées, déposées par des écrivains ou des maisons d’édition. Ces archives font de l’Imec un des hauts lieux de la recherche sur la littérature contemporaine. On espère que Nathalie Léger aura encore le temps d’écrire des romans.
Et, puisqu’une autre bonne nouvelle peut coïncider avec une réédition au format de poche, on apprend que Nathalie Léger a été nommée, cette semaine, à la direction générale de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, plus souvent appelé par son acronyme, Imec. L’institut conserve, classe et donne accès, sous certaines conditions, à 600 fonds d’archives privées, déposées par des écrivains ou des maisons d’édition. Ces archives font de l’Imec un des hauts lieux de la recherche sur la littérature contemporaine. On espère que Nathalie Léger aura encore le temps d’écrire des romans.
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