mardi 15 avril 2014

Manuel de l'arriviste littéraire (12)


La lettre anonyme (suite)

Il y a les lettres anonymes qu’on envoie aux courriers littéraires et qui sont signées de noms inoffensifs : « Dupont », « Durand », « Bernard ». Elles n’ont pas elles aussi l’apparence de lettres anonymes et elles donnent des renseignements tendancieux. Les unes chantent les éloges d’un écrivain, les autres le diffament. Les premières émanent de cet écrivain et les autres de ses ennemis.
On le voit, la lettre anonyme est une branche fort importante de la littérature. C’est grâce à elles que les courriéristes littéraires sont informés de toutes les jalousies et des petites ou grandes querelles qui divisent le monde des lettres.
Il convient donc de les écrire avec soin. Nous connaissons des spécialistes qui, pour une somme relativement minime, se chargeront d’enseigner aux aspirants-écrivains comment une lettre anonyme doit être confectionnée. Nous ne publions pas leurs noms, car ils doivent nous donner un tant pour cent sur les bénéfices et il faut que toutes les commandes passent par nos mains
 Au surplus, si vous ne voulez pas user de notre intermédiaire, vous découvrirez ces Messieurs facilement. Ils ont des jours de réception. Renseignez-vous.
N’oubliez pas ce grand principe : « Une lettre anonyme qui affirme une chose a moins de portée que si elle se contente d’insinuer, avec perfidie. »

P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.

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