Chaque année, le week-end de la Pentecôte s'accompagne d'une petite bouffée de nostalgie. Quand je vivais en Europe, j'étais à ce moment un fidèle visiteur du festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo. J'y faisais de belles rencontres. Aujourd'hui, je me contente de lire les ouvrages des écrivains invités. C'est bien aussi, la semaine que je viens de passer en est la preuve. D'autant que, parfois, un voyage en chambre rappelle une rencontre. J'ai ainsi relu Belize, d'Alain Dugrand, réédité en poche, et dont j'avais parlé avec son auteur en 1993 - fasciné par son récit de voyage vers le nulle part. Souvenir de notre conversation...
Il est toujours surprenant de voir un homme que l'on pense complètement plongé dans l'actualité - Alain Dugrand appartenait à l'équipe qui fonda «Libération» - s'intéresser à un pays où il ne se passe rien, à une région où personne ne va. Paradoxalement, c'est cela qui l'a attiré à Belize. Quand il en parle, il dit: Tout le monde me déconseillait d'y aller, parce qu'il n'y avait rien à y faire, rien à y voir, et c'est évidemment pour ça que j'y suis allé.
Deux mois et demi, davantage qu'un simple séjour touristique, moins qu'une véritable plongée dans une réalité inconnue. Mais Alain Dugrand n'oublie pas son métier: J'avais préparé ce voyage, j'avais pris contact avec quelques personnes qui m'ont ouvert les bonnes portes. C'est toujours bien de tomber sur quelqu'un par des réseaux d'amitié ou de sympathie, on est tout de suite en confiance.
Comme tout voyageur qui se respecte, Alain Dugrand a été replacé en face de quelques évidences qu'il est toujours bon de rappeler: Quand on arrive, on a le sentiment d'une étrangeté qui ne se dissipe pas en une semaine. C'est là où on se dit, mais c'est une banalité, que le monde n'est pas découvert, qu'il reste à découvrir. Il est, en tout cas, toujours plus complexe que les images qu'on nous en donne à voir. Parce que les images, ça n'a pas de sens. Il est donc important que des écrivains nous donnent à voir les choses comme personne ne les voit.
Alain Dugrand parle bien de Belize. Dans son livre comme dans une conversation. On sent qu'il est, d'une certaine manière, tombé amoureux de ce tout petit pays qui est une mosaïque construite au hasard de belles et grandes histoires individuelles - certaines, cela dit, moins reluisantes que d'autres, mais toutes intéressantes. Il rêve tout haut d'un monde idéal qui ressemblerait à Belize, où la tolérance est la règle générale et où tout finit toujours par s'arranger. Partout ailleurs dans le monde, une mosaïque comme celle-là provoquerait une explosion. Pourquoi est-ce que, là, à l'écart du monde, ça tient? On a l'impression que les différents éléments ne s'intègrent pas, grâce à un respect de l'autre assez stupéfiant.
Alain Dugrand retournera à Belize, ce petit pays au sud du Mexique dont il avait découvert l'existence presque par hasard, en remarquant une plaque de voiture dont il ignorait la provenance. Il y retournera, quitte à connaître à nouveau ce sentiment qu'il décrit dans son récit: Voyager, c'est emporter avec soi l'innocente illusion de découvrir une terre nouvelle, éprouver un léger vague à l'âme devant un paysage attendu, mais si décevant en réalité, terre trop plate, forêt dévastée, mâchurée de taillis malingres. C'est éviter le regard du pêcheur qui rentre bredouille et plus pauvre après deux jours d'efforts en mer. C'est être déçu, et s'en défendre, devant un lagon sublime dévasté par les étrons, les tessons de bouteilles.
Il est toujours surprenant de voir un homme que l'on pense complètement plongé dans l'actualité - Alain Dugrand appartenait à l'équipe qui fonda «Libération» - s'intéresser à un pays où il ne se passe rien, à une région où personne ne va. Paradoxalement, c'est cela qui l'a attiré à Belize. Quand il en parle, il dit: Tout le monde me déconseillait d'y aller, parce qu'il n'y avait rien à y faire, rien à y voir, et c'est évidemment pour ça que j'y suis allé.
Deux mois et demi, davantage qu'un simple séjour touristique, moins qu'une véritable plongée dans une réalité inconnue. Mais Alain Dugrand n'oublie pas son métier: J'avais préparé ce voyage, j'avais pris contact avec quelques personnes qui m'ont ouvert les bonnes portes. C'est toujours bien de tomber sur quelqu'un par des réseaux d'amitié ou de sympathie, on est tout de suite en confiance.
Comme tout voyageur qui se respecte, Alain Dugrand a été replacé en face de quelques évidences qu'il est toujours bon de rappeler: Quand on arrive, on a le sentiment d'une étrangeté qui ne se dissipe pas en une semaine. C'est là où on se dit, mais c'est une banalité, que le monde n'est pas découvert, qu'il reste à découvrir. Il est, en tout cas, toujours plus complexe que les images qu'on nous en donne à voir. Parce que les images, ça n'a pas de sens. Il est donc important que des écrivains nous donnent à voir les choses comme personne ne les voit.
Alain Dugrand parle bien de Belize. Dans son livre comme dans une conversation. On sent qu'il est, d'une certaine manière, tombé amoureux de ce tout petit pays qui est une mosaïque construite au hasard de belles et grandes histoires individuelles - certaines, cela dit, moins reluisantes que d'autres, mais toutes intéressantes. Il rêve tout haut d'un monde idéal qui ressemblerait à Belize, où la tolérance est la règle générale et où tout finit toujours par s'arranger. Partout ailleurs dans le monde, une mosaïque comme celle-là provoquerait une explosion. Pourquoi est-ce que, là, à l'écart du monde, ça tient? On a l'impression que les différents éléments ne s'intègrent pas, grâce à un respect de l'autre assez stupéfiant.
Alain Dugrand retournera à Belize, ce petit pays au sud du Mexique dont il avait découvert l'existence presque par hasard, en remarquant une plaque de voiture dont il ignorait la provenance. Il y retournera, quitte à connaître à nouveau ce sentiment qu'il décrit dans son récit: Voyager, c'est emporter avec soi l'innocente illusion de découvrir une terre nouvelle, éprouver un léger vague à l'âme devant un paysage attendu, mais si décevant en réalité, terre trop plate, forêt dévastée, mâchurée de taillis malingres. C'est éviter le regard du pêcheur qui rentre bredouille et plus pauvre après deux jours d'efforts en mer. C'est être déçu, et s'en défendre, devant un lagon sublime dévasté par les étrons, les tessons de bouteilles.
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