J'ai longtemps cru que Raymond Dumay était l'auteur d'un seul livre, ou presque: un Guide du vin que je vendais par camions au rayon poche de la librairie où je travaillais dans les années soixante-dix. Oh! il avait aussi écrit sur les alcools et les jardins. Mais, n'ayant jamais, à l'époque, ouvert son ouvrage phare dont je me contentais d'encaisser le prix, je n'imaginais pas quelle était la culture de cet homme très fin, et combien je me régalerais plus tard d'autres textes sur lesquels Jean-Claude Pirotte a, ces dernières années, attiré l'attention.
Pour ceux qui seraient, depuis dimanche, orphelins du Tour de France et du duel à fleurets mouchetés que se sont livré Alberto Contador et Andy Schleck, voici quatre livres d'un coup, écrits par un Raymond Dumay qui profitait de ses étés pour courir la province au guidon d'un vélo... moteur baptisé Pégazou. Et, comme l'auteur, natif de Bourgogne.
Ma route de Bourgogne est sa première destination en 1948. Il connaît le coin, mais il est toujours prêt à se laisser aller au hasard des rencontres, à faire un détour pour fouiner dans les archives d'un chercheur méconnu, à cueillir des vers de poètes locaux. Et à boire le coup avec l'un ou l'autre. C'est un régal, qui appelle une suite.
En 1949, voici donc Raymond Dumay et Ma route d'Aquitaine. Toujours butinant entre passé et présent. Manquant Claude Roy, parti à Paris, mais trouvant chez lui Roger Vailland, de retour de Tchécoslovaquie - d'où Claude Roy lui enverra, un peu plus tard, un de ces poèmes qui ont fait de lui un écrivain majeur du 20ème siècle - majeur et pourtant si peu lu. Je profite de l'occasion pour citer quelques vers:
Ma route de Languedoc, en 1951, rappelle que le train, déjà chanté dans le volume précédent, est quand même le meilleur moyen de commencer un périple loin de Paris. Pour le poursuivre, bien entendu, sur Pégazou. Qui le conduit chez Jean Lebreau, écrivain bien oublié aujourd'hui mais qui mériterait peut-être, sous la houlette d'un excellent guide, une réhabilitation (je n'en sais rien, en fait, je dis ça à tout hasard, pour les curieux).
L'horizon du Languedoc est plus large qu'on pouvait le penser: nous partons, avec Monfreid, pour d'aventureux voyages dans le monde, de Bombay à Suez, de Djibouti aux Seychelles. Raymond Dumay conduit prudemment mais nous mène loin...
Pour une quatrième et dernière destination, en 1954, Ma route de Provence s'arrête sur le pont d'Avignon, point de départ d'une errance qui passe par Alphonse Daudet et son inévitable moulin, qui parle de Zola, d'André Suarès, de Pagnol, Cendrars, bien d'autres, et s'achève au pays de Giono et Bosco, avec une station au château de Sade.
Érudit sans prétention, Raymond Dumay est parfait dans son rôle et on regrette que le voyage s'arrête après ce quatrième volume...
Pour ceux qui seraient, depuis dimanche, orphelins du Tour de France et du duel à fleurets mouchetés que se sont livré Alberto Contador et Andy Schleck, voici quatre livres d'un coup, écrits par un Raymond Dumay qui profitait de ses étés pour courir la province au guidon d'un vélo... moteur baptisé Pégazou. Et, comme l'auteur, natif de Bourgogne.
Ma route de Bourgogne est sa première destination en 1948. Il connaît le coin, mais il est toujours prêt à se laisser aller au hasard des rencontres, à faire un détour pour fouiner dans les archives d'un chercheur méconnu, à cueillir des vers de poètes locaux. Et à boire le coup avec l'un ou l'autre. C'est un régal, qui appelle une suite.
En 1949, voici donc Raymond Dumay et Ma route d'Aquitaine. Toujours butinant entre passé et présent. Manquant Claude Roy, parti à Paris, mais trouvant chez lui Roger Vailland, de retour de Tchécoslovaquie - d'où Claude Roy lui enverra, un peu plus tard, un de ces poèmes qui ont fait de lui un écrivain majeur du 20ème siècle - majeur et pourtant si peu lu. Je profite de l'occasion pour citer quelques vers:
Très loin dans le dedans de mon écorce chaude,De quoi, j'espère, donner envie de lire à la fois Claude Roy et Raymond Dumay.
Dans le noir embrouilli des veines et du sang,
Le poseur de questions tourne en rond, tourne et rôde,
Il veut savoir pourquoi tous ces gens, ces passants...
Ma route de Languedoc, en 1951, rappelle que le train, déjà chanté dans le volume précédent, est quand même le meilleur moyen de commencer un périple loin de Paris. Pour le poursuivre, bien entendu, sur Pégazou. Qui le conduit chez Jean Lebreau, écrivain bien oublié aujourd'hui mais qui mériterait peut-être, sous la houlette d'un excellent guide, une réhabilitation (je n'en sais rien, en fait, je dis ça à tout hasard, pour les curieux).
L'horizon du Languedoc est plus large qu'on pouvait le penser: nous partons, avec Monfreid, pour d'aventureux voyages dans le monde, de Bombay à Suez, de Djibouti aux Seychelles. Raymond Dumay conduit prudemment mais nous mène loin...
Pour une quatrième et dernière destination, en 1954, Ma route de Provence s'arrête sur le pont d'Avignon, point de départ d'une errance qui passe par Alphonse Daudet et son inévitable moulin, qui parle de Zola, d'André Suarès, de Pagnol, Cendrars, bien d'autres, et s'achève au pays de Giono et Bosco, avec une station au château de Sade.
Érudit sans prétention, Raymond Dumay est parfait dans son rôle et on regrette que le voyage s'arrête après ce quatrième volume...
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