Entre le Portugal où il est né et la France où sa mère a fui
avec lui la dictature, Olivio découvre le monde par fragments souvent
contradictoires. Les pièces du puzzle ne lui arrivent pas seulement dans le
plus grand désordre, elles semblent surtout appartenir à plusieurs projets
qu’il est impossible de fondre en une seule image cohérente.
Le père d’Olivio a disparu quelque part en mer, lui a-t-on
dit au Portugal, mais le globe terrestre est vaste, constate-t-il lorsqu’il se
trouve devant une mappemonde, et la police secrète de Salazar est proche. En
France, destination qu’il était interdit de nommer dans un train censé le
conduire avec sa mère jusqu’à l’Espagne seulement, en compagnie du chaton
rescapé d’une tempête, la famille se reconstitue de manière bien peu
satisfaisante. Max, qui passe ou aime se faire passer pour un homme
providentiel, n’apprécie guère Olivio. Le passé algérien du beau-père donne à
l’autre côté de la Méditerranée des couleurs très différentes de celles
utilisées par Ahmed, un garçon sombre et peut-être capable de violence, mais
qui est devenu le meilleur ami d’Olivio. Déçu, une fois encore, par l’école où
le Portugal n’a aucune place dans le cours d’Histoire…
Dans Nous serons des héros, Brigitte Giraud choisit, plutôt que de tout ranger dans un
espace rationnel, de laisser aller. Jusqu’à l’imprévisible drame qui conclut
sans rien achever de la période pendant laquelle un adolescent, à défaut de se
construire, s’est trouvé face à d’insolubles questions. Fragiles fondations
dont il nous reste à imaginer ce qu’elles pourraient soutenir dans l’avenir
d’Olivio. A moins de se contenter de ce roman qui se suffit à lui-même.
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