Il aurait bien ri, Jacques Chessex, s'il n'était pas mort trop tôt, en voyant cette semaine son nouveau (et ultime) roman, Le dernier crâne de M. de Sade, "blistérisé" dans son pays. Certes, il s'agit d'un livre qui sent le soufre, comme le personnage dont il parle. Mais il est surtout tonique et remuant, et je l'ai personnellement beaucoup aimé, comme j'ai eu l'occasion de l'écrire dans Le Soir.
Jacques Chessex nous a quittés en octobre dernier. Il était en pleine forme. La preuve par son dernier roman, qu'il venait d'achever. Il y donne un coup de jeune à une de ses vieilles obsessions, l'alliance de la grâce et du péché. Dans les derniers mois de Sade, maître incontesté en transgressions diverses, l'écrivain suisse trouve un sujet à sa mesure. Sexe, pestilence, décrépitude, tout est là. Avec en supplément, et jusqu'à nos jours, les aventures du crâne du maudit (ou divin, c'est selon) marquis. L'histoire d'une quête prolongée par un narrateur qui tente, à la première personne, de se faire passer pour l'auteur lui-même et se trahit par une date: «Un matin, c'était la première semaine de novembre 2009»… Chessex était enterré depuis plusieurs jours. A moins qu'il ait survécu à travers ce livre qui franchit les limites de la vie et de la mort?
Un autre roman que j'ai beaucoup apprécié dans cette rentrée de janvier est celui de Denis Balwin-Beneich, Le sérieux des nuages.
Au milieu des années 80, Denis Baldwin-Beneich, associé à Thierry Breton, a publié un thriller visionnaire à succès: Sofwar. La guerre douce. Dans Le sérieux des nuages, Diane rappelle à Maxime Odradek, le personnage principal, qu'il a écrit un best-seller à quatre mains avec Colas. Il n'est pas obligatoire d'y voir autre chose qu'un clin d'œil. Mais on peut d'autant moins s'empêcher de le voir que tout le présent du roman est imprégné du passé, sans cesse revisité avec l'espoir de trouver, entre les deux temps, une harmonie suffisante pour construire l'avenir.
Autre détail qui, lui, n'en est pas un: les deux parties du livre portent, sans surprise en raison du titre, des noms de nuages: cumulus d'abord, cirrus ensuite. On se rappellera qu'un ciel occupé par les seconds est plus clair que s'il est bouché par les premiers. On n'en tirera pas pour autant de conclusion prématurée.
En réalité, il aurait fallu commencer par dire à quel point Denis Baldwin-Beneich nous embarque dans une prose où l'on se trouve bien.
Encore un pour la route? Je vous propose le nouveau roman de François Emmanuel, Jours de tremblement.
Ce devait être une croisière luxueuse et tranquille, quelques jours de navigation paresseuse sur un fleuve africain, ponctués d'escales pour visiter des villes, d'anciens comptoirs ou une réserve naturelle. La population du «Katarina» est variée. Un gros écrivain généralement ivre, une journaliste des guides Lonely Planet, deux Américaines bigotes, un intellectuel originaire du pays, un couple en pèlerinage, deux amies italiennes avec un enfant, le médecin du bord avec sa mère, etc. Sans oublier le narrateur, documentariste venu filmer les oiseaux.
Jacques Chessex nous a quittés en octobre dernier. Il était en pleine forme. La preuve par son dernier roman, qu'il venait d'achever. Il y donne un coup de jeune à une de ses vieilles obsessions, l'alliance de la grâce et du péché. Dans les derniers mois de Sade, maître incontesté en transgressions diverses, l'écrivain suisse trouve un sujet à sa mesure. Sexe, pestilence, décrépitude, tout est là. Avec en supplément, et jusqu'à nos jours, les aventures du crâne du maudit (ou divin, c'est selon) marquis. L'histoire d'une quête prolongée par un narrateur qui tente, à la première personne, de se faire passer pour l'auteur lui-même et se trahit par une date: «Un matin, c'était la première semaine de novembre 2009»… Chessex était enterré depuis plusieurs jours. A moins qu'il ait survécu à travers ce livre qui franchit les limites de la vie et de la mort?
Un autre roman que j'ai beaucoup apprécié dans cette rentrée de janvier est celui de Denis Balwin-Beneich, Le sérieux des nuages.
Au milieu des années 80, Denis Baldwin-Beneich, associé à Thierry Breton, a publié un thriller visionnaire à succès: Sofwar. La guerre douce. Dans Le sérieux des nuages, Diane rappelle à Maxime Odradek, le personnage principal, qu'il a écrit un best-seller à quatre mains avec Colas. Il n'est pas obligatoire d'y voir autre chose qu'un clin d'œil. Mais on peut d'autant moins s'empêcher de le voir que tout le présent du roman est imprégné du passé, sans cesse revisité avec l'espoir de trouver, entre les deux temps, une harmonie suffisante pour construire l'avenir.
Autre détail qui, lui, n'en est pas un: les deux parties du livre portent, sans surprise en raison du titre, des noms de nuages: cumulus d'abord, cirrus ensuite. On se rappellera qu'un ciel occupé par les seconds est plus clair que s'il est bouché par les premiers. On n'en tirera pas pour autant de conclusion prématurée.
En réalité, il aurait fallu commencer par dire à quel point Denis Baldwin-Beneich nous embarque dans une prose où l'on se trouve bien.
Encore un pour la route? Je vous propose le nouveau roman de François Emmanuel, Jours de tremblement.
Ce devait être une croisière luxueuse et tranquille, quelques jours de navigation paresseuse sur un fleuve africain, ponctués d'escales pour visiter des villes, d'anciens comptoirs ou une réserve naturelle. La population du «Katarina» est variée. Un gros écrivain généralement ivre, une journaliste des guides Lonely Planet, deux Américaines bigotes, un intellectuel originaire du pays, un couple en pèlerinage, deux amies italiennes avec un enfant, le médecin du bord avec sa mère, etc. Sans oublier le narrateur, documentariste venu filmer les oiseaux.
Je suis en train de lire "l'enlacement" du même auteur,j'aime beaucoup. Belle écriture.
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