Plonger dans l’œuvre d’un écrivain conduit-il à envisager le monde à sa manière? Ou existe-t-il des points de vue littéraires qui correspondent aux nôtres? La narratrice de Sur le sable relit tous les livres de Patrick Modiano. Du coup, sa vie lui semble faite de coïncidences ténues qui en évoquent d’autres, de photos à l’origine imprécise, de lieux sans cesse revisités, de rêves fragmentaires. Comme dans les romans, les personnages qu’elle rencontre ont une identité floue et n’expriment jamais qu’une part d’eux-mêmes, le reste étant noyé dans un épais brouillard.
Michèle Lesbre est au bord du pastiche. Certaines pages pourraient presque avoir été écrites par Modiano. Ce paragraphe, parmi de nombreuses autres possibilités: «Très vite prise dans les digressions de ce petit monde interlope et volatile, celui de l’hôtel et celui des romans qui accompagnaient mes veilles derrière le bureau de l’accueil, je mélangeais tout, le monde devenait flou et de ce fait beaucoup plus fréquentable.»
Mais l’écrivaine est plutôt dans l’exercice d’admiration. Elle a imaginé une femme qui se coule parfaitement dans le moule et traverse quelques journées dans une sorte de torpeur où ses fantômes en croisent d’autres, sous une lumière révélatrice de détails oubliés – et pourtant si présents encore qu’ils remontent des profondeurs de la mémoire comme les vestiges d’un naufrage ancien.
Au bord de la mer, elle a vu une maison brûler dans les dunes. Elle semblera, le lendemain, être la seule personne dans le village à avoir assisté à un incendie qui n’aura existé que pour elle. Pour elle et pour un homme, celui qui a mis le feu à un lieu trop imprégné de souvenirs douloureux. Les traces qu’elle s’efforcera de suivre pour retrouver cet homme ont été inscrites sur le sable, la mer et le temps les effaceront, comme bien d’autres signes. Après l’attente, il ne restera qu’à prendre cet homme pour un autre personnage de fiction, et lui donner un nom trouvé dans un livre de Patrick Modiano.
Michèle Lesbre est au bord du pastiche. Certaines pages pourraient presque avoir été écrites par Modiano. Ce paragraphe, parmi de nombreuses autres possibilités: «Très vite prise dans les digressions de ce petit monde interlope et volatile, celui de l’hôtel et celui des romans qui accompagnaient mes veilles derrière le bureau de l’accueil, je mélangeais tout, le monde devenait flou et de ce fait beaucoup plus fréquentable.»
Mais l’écrivaine est plutôt dans l’exercice d’admiration. Elle a imaginé une femme qui se coule parfaitement dans le moule et traverse quelques journées dans une sorte de torpeur où ses fantômes en croisent d’autres, sous une lumière révélatrice de détails oubliés – et pourtant si présents encore qu’ils remontent des profondeurs de la mémoire comme les vestiges d’un naufrage ancien.
Au bord de la mer, elle a vu une maison brûler dans les dunes. Elle semblera, le lendemain, être la seule personne dans le village à avoir assisté à un incendie qui n’aura existé que pour elle. Pour elle et pour un homme, celui qui a mis le feu à un lieu trop imprégné de souvenirs douloureux. Les traces qu’elle s’efforcera de suivre pour retrouver cet homme ont été inscrites sur le sable, la mer et le temps les effaceront, comme bien d’autres signes. Après l’attente, il ne restera qu’à prendre cet homme pour un autre personnage de fiction, et lui donner un nom trouvé dans un livre de Patrick Modiano.
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