Je suis remonté vers Georges Bataille, il y a longtemps, en passant par Bernard Noël qui, vers cet écrivain comme beaucoup d'autres, a été un intermédiaire lumineux.
Aujourd'hui, il y a cinquante ans que Georges Bataille est mort et je suis revenu à un livre assez court - il regroupe pourtant trois textes: Madame Edwarda, Le mort, Histoire de l’œil - et toujours aussi bouleversant. Parce que son auteur explore des limites et ouvre sur l'inconnaissable. L'érotisme jusqu'à l'obscénité, la mort et Dieu se trouvent mêlés pour perforer les consciences, pour ébranler nos certitudes - s'il en restait.
«L'érotisme envisagé gravement, tragiquement, représente un entier renversement», écrit Bataille dans la préface de Madame Edwarda - livre publié sous pseudonyme, dont il n'avait osé s'attribuer que la préface.
Et aussi: «ce récit met en jeu dans la plénitude de ses attributs, Dieu lui-même; et ce Dieu, néanmoins, est une fille publique, en tout pareille aux autres. Mais ce que le mysticisme n'a pu dire (au moment de le dire, il défaillait), l'érotisme le dit; Dieu n'est rien s'il n'est pas dépassement de Dieu dans tous les sens; dans le sens de l'être vulgaire, dans celui de l'horreur et de l'impureté, à la fin, dans le sens de rien...»
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