Non, Michel Houellebecq ne sort pas de nouveau roman à la
rentrée. Son rythme est plutôt d’un livre tous les quatre ans, et Soumission n’est pas si vieux puisqu’il
est paru en janvier – le jour, on ne l’oubliera jamais, de l’attentat à Charlie Hebdo. Les lecteurs, malgré le
contexte ou grâce à lui, à moins que cela n’ait strictement rien à voir et que
Houellebecq soit dorénavant planté dans le paysage comme un panneau
publicitaire impossible à manquer quand bien même on le voudrait, étaient au
rendez-vous : 500.000 exemplaires vendus en France selon Le Figaro Magazine, plus de 600.000
selon Le Monde. On ne connaît pas les
chiffres de la police…
Mais, si Michel Houellebecq n’est pas présent comme écrivain
dans la rentrée, sa personne, sa personnalité, son œuvre, un peu tout cela et
même davantage si vous voulez, occupent les médias mieux que si l’on attendait
son prochain opus. Le Figaro Magazine
a entamé, le 31 juillet, un feuilleton de quatre pages hebdomadaires (six,
même, pour le lancement) dont le quatrième volet paraîtra cette semaine. Et Le Monde a publié, lundi après-midi, sur
deux pages, le premier d’une enquête en six articles.
Les deux démarches coïncident peut-être par hasard. Elles
sont cependant totalement opposées. D’une part, Jean-René Van der Plaetsen (Le Figaro Magazine) connaît Michel Houellebecq
depuis le milieu des années 80, dit-il, et manifeste plus d’empathie que d’esprit
critique envers son interlocuteur, qui semble être le véritable organisateur
des pages. De l’autre, Ariane Chemin n’a pas rencontré Michel Houellebecq et
s’est même heurtée à un véritable mur défensif érigé en catastrophe à l’aide
d’amis et de relations interdits de dialogue avec la journaliste. Dont
l’initiative pourrait même, explique-t-elle, faire l’objet d’une plante au
civil. On ne sait pas trop pourquoi Michel Houellebecq est à ce point remonté
contre Ariane Chemin dont il fait le procès en deuxième semaine du Figaro Magazine : « Ce qu’elle fait d’habitude, c’est un
mélange de faits vrais, d’affabulations crédibles et d’insinuations
malveillantes – en réalité, c’est du niveau de Voici et de Closer. »
Jean-René Van der Plaetsen et Ariane Chemin ne sont pourtant
pas en total désaccord. Le premier voit dans la vie que mène Michel Houellebecq
en parka et sac à dos le signe qu’« il
y a des rêves de nomade chez ce citadin. » La seconde l’envisage, du
haut de la tour où il habite dans le 13e arrondissement, regardant
vers le périphérique qui lui permet, à volonté, « de s’échapper grâce à la diagonale du fou ».
Heureusement pour Le
Figaro Magazine, l’auteur de La carte
et le territoire ne prendra pas de vacances avant septembre, moment où il
partira en voiture vers l’Espagne. On peut donc passer « Un été avec
Michel Houellebecq » sur le papier glacé de l’hebdomadaire, avec par
exemple Alain Finkielkraut, qui ne prend probablement pas de vacances non plus,
dans le troisième volet de cette saison littéraire. Pendant laquelle le débat
sur la laïcité, l’islam et l’identité française aura fait quelques pas de plus,
mais en cercle et, donc, sans avancer.
Dans les moments où il ne bavarde pas avec Jean-René Van der
Plaetsen, que fait donc Michel Houellebecq au mois d’août ? Des photos, et
depuis plusieurs mois, dit-il, sans aucun roman en chantier : « En fait, je ne suis pas capable de
faire deux choses en même temps. Je suis assez obsessionnel. »
Ariane Chemin écrit néanmoins, dans le premier article de
ses « Six vies de Michel Houellebecq », qu’il est « occupé à travailler sa statue, son
futur Cahier de l’Herne, ses
interviews au « Fig’Mag’ »
et au New York Times, prêt à flinguer
et à parer chaque coup, plus parano que jamais. »
Au fond, Michel Houellebecq avait peut-être raison de se méfier…
Au fond, Michel Houellebecq avait peut-être raison de se méfier…
J'aime le ton de ce billet ;-)
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerMoi aussi:un souci d' objectivité et de distanciation dans l'analyse, loin de l'hystérie collective, avec un petit clin d'oeil ici et là.
RépondreSupprimerL'analyse du journalisme impressionniste façon Bacqué/Chemin, c'est plutôt pas mal vu ; c'est à peu de choses près ce que disait Askolovitch qui figurait en personnage secondaire dans un de leurs reportages.
RépondreSupprimerJe ne regrette décidément pas de vous lire depuis ma prime jeunesse!
RépondreSupprimerOh! il y a bien d'autres choses à faire dans la jeunesse... (Mais merci.)
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