Serge Joncour n’inaugure pas une stèle à sa propre gloire,
même si le personnage central de L’écrivain national se prénomme Serge. Il est donc écrivain.
National, il ne l’est en revanche que dans le discours du maire qui accueille
l’auteur en résidence dans sa ville de Donzières. Le qualificatif lui vient,
dans sa bouche en cœur de beau parleur, comme par accident, comme une fleur de plus
dans une commune déjà labellisée Village fleuri de France et promise à un grand
avenir grâce à la combustion de biomasse. Car on ne se paie pas que de mots à
Donzières. Même, les mots ne sont là que pour faire joli. L’essentiel, c’est l’initiative
locale, le progrès, l’emploi, etc., etc.
Un écrivain, national ou non, c’est décoratif, et tant mieux
si, dans son prochain livre, il évoque les charmes de son séjour en bordure de
forêt. Sinon que Serge se demande un peu ce qu’il fait là. Au programme de ces
quelques semaines, des ateliers d’écriture, un feuilleton à écrire pour le
journal du coin, une rencontre à la librairie de Michel et Marie, et beaucoup
de temps à ne rien faire – l’essentiel pour un écrivain toujours occupé à préparer
sa prochaine œuvre.
Et la vraie vie, dans tout ça ? Elle lui tombe dessus
comme une aventure, quand il découvre qu’un homme a disparu sans laisser de
traces et qu’on soupçonne Aurélik et Dora, deux marginaux vivant dans la forêt,
de l’avoir tué. L’histoire de la combustion de biomasse tant vantée par le
maire semble avoir suscité quelques réticences du côté de défenseurs de la
nature et Dora possède un charme sauvage auquel Serge n’est pas indifférent.
Il y a, dans L’écrivain national, assez d’ingrédients pour donner naissance à un polar, à une romance ou à une réflexion sur l’écriture. Le livre n’est rien de tout cela. Ou tout cela à la fois et en même temps autre chose : la sensation des jours qui passent, dans un contexte peu propice à la maîtrise de soi-même puisque l’auteur en résidence est pris en charge et dirigé un peu trop à son goût, devient le moteur, avec des ratés qui ont leur charme, d’un récit débraillé. Mais ce débraillé-là a beaucoup de tenue.
Il y a, dans L’écrivain national, assez d’ingrédients pour donner naissance à un polar, à une romance ou à une réflexion sur l’écriture. Le livre n’est rien de tout cela. Ou tout cela à la fois et en même temps autre chose : la sensation des jours qui passent, dans un contexte peu propice à la maîtrise de soi-même puisque l’auteur en résidence est pris en charge et dirigé un peu trop à son goût, devient le moteur, avec des ratés qui ont leur charme, d’un récit débraillé. Mais ce débraillé-là a beaucoup de tenue.
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