Peleliu, le nom vous est probablement inconnu à moins de vous être intéressé de près à la
guerre américano-japonaise du Pacifique. Une carte de cette île peu étendue, appartenant
aujourd’hui aux Palaos, est fournie au début du livre. Quant à la situer en
Micronésie, à l’est des Philippines et au nord de l’Indonésie, voilà qui exige
une brève recherche… ou la lecture de Peleliu.
Jean Rolin nous plonge dans le tourbillon historique d’un point géographique,
en prenant appui sur « la mort
mystérieuse de Pete Ellis, survenue en 1923 à Koror, capitale de l’archipel des
Palaos ». Un ivrogne de grande envergure, ce Pete Ellis, qui est
néanmoins chargé, sous couvert de démarches commerciales, d’une mission
d’espionnage militaire : « étudier
les dispositions prises par les Japonais dans les îles du Pacifique qu’ils ont
soustraites aux Allemands dès 1914 ». L’excès de boisson et le secret
étant peu compatibles, Jean Rolin craint que l’envoyé discret ait livré des
détails de sa mission à des compagnons de beuverie…
Avec un luxe de détails dans lesquels les faits avérés et
les hypothèses se côtoient sans jamais se mélanger, l’écrivain pose les bases
de son enquête. Une partie dans les livres écrits à l’occasion de la bataille
de Peleliu, une autre partie, la meilleure, dans ses pérégrinations cyclistes,
ou pédestres en cas de crevaison.
Comme souvent, il observe tout de biais,
s’intéresse aux poules, aux crabes, fait un détour par William Styron. On se
balade avec lui en se demandant ce que deviendront des chiots abandonnés.
Sans
avoir jamais mis les pieds sur Peleliu, la petite île nous devient familière,
voire attachante.
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