dimanche 20 janvier 2013

30 ans : Philippe Geluck arrête, je continue

Mon cher Philippe,

L'apparition de ton Chat, à une époque où l'animal ne risquait pas d'être confondu avec une forme de dialogue sur Internet - et, d'ailleurs, sa silhouette ne trompait pas sur la marchandise - a coïncidé, à quelques jours près, avec celle de ma signature dans le même journal - Le Soir. Cet anniversaire-là, nous le fêterons donc en même temps, mais pas de la même manière.
Tu viens d'annoncer que tu lâchais l'affaire, au moins sous cette forme. Je vais te citer, ce sera plus simple:

Nous allons enfin pouvoir tester l’impact de cette rubrique «actu». Ça faisait un moment que je me posais la question de savoir quelle était sa véritable portée car je ne retrouve pas souvent à la une de la presse internationale les infos confidentielles que je vous glisse dans le coin de l’oreille. Ça peut vouloir dire deux choses: soit vous êtes d’une discrétion exemplaire (ce qui m’étonnerait un peu), soit tout le monde se fout de ce que je raconte (ce qui m’étonnerait beaucoup). Alors, pour mettre fin à cet insoutenable suspense, je m’en vais vous balancer une nouvelle qui risque d’ébranler pas mal de monde. Vous êtes assis? Alors voilà: j’arrête de dessiner Le Chat pour les journaux à partir du 23 mars. Et poum, c’est dit. Décision mûrement réfléchie. Je me suis dit qu’il faudrait bien arrêter un jour et que le mieux était de le décider moi-même. J’ai choisi la date anniversaire des 30 ans du Chat pour que ça fasse un chiffre rond. J’ai pensé que ça aurait de la gueule. 22 mars, apparition du Chat dans Le Soir avec un strip qui annonçait tout: «Pif. Paf. Pouf. C’est un bon début.». 23 mars 2013, pile 30 ans après, disparition du Chat, avec un strip qui dira sans doute «Poum poum. Tagada. Tsoin tsoin. C’est une bonne fin. Non?», ou quelque chose dans le genre.
J’arrêterai la même semaine dans VSD, dans l’Illustré et dans Le Soir. – Mais pourquoi faites-vous ça, me direz-vous? Parce qu’après 1560 semaines de parutions assidues, je me dis que j’aimerais parfois prendre le temps de partir huit jours par-ci ou dix jours par-là, que j’aimerais me consacrer à certains projets différents sans être astreint à cette échéance hebdomadaire de remise de mes pages au journal. Je continuerai à dessiner, à écrire et à peindre, à publier des albums et des livres, mais d’une autre façon. Et je continuerai bien sûr à alimenter cette appli, parce que je crois que je ne peux pas me passer de vous. Je vous kiffe trop!
Votre vieux Phil 

Il y a quelques années déjà, en raison de mon éloignement géographique, que je ne te voyais plus débarquer à la rédaction avec ton nouvel album sous le bras. J'aimais bien ce rendez-vous, comme les rendez-vous hebdomadaires auxquels tu nous conviais.
Tes histoires d'appli, je ne comprends pas trop, mais c'est sans importance. J'ai compris l'essentiel: que le Chat est toujours là, et toi derrière lui.
De mon côté, si ça ne t'ennuie pas, je vais poursuivre au Soir une carrière certes plus discrète que la tienne mais qui ne tardera pas à devenir plus longue. De toute manière, tu me dois le respect depuis toujours: tu es né deux mois après moi. Et ça, aucune chance pour que ça change - il me semble que Foenkinos dit un truc du genre dans son dernier roman, mais je ne vais pas faire appel à un philosophe (euh... ce n'est pas un philosophe?) pour expliquer ça.
Je t'embrasse et te souhaite bon vent,
Pierre

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