vendredi 25 janvier 2013

Florence Cassez, de sa prison

Il me semble avoir lu quelque part que, dans les premiers moments de sa liberté retrouvée, Florence Cassez a dit qu'elle écrirait peut-être un livre. En fait, il existe déjà, ce livre, même s'il ne raconte pas toute son histoire. Et pour cause: A l'ombre de ma vie est paru il y a trois ans, alors qu'elle était toujours en prison et ignorait si elle en sortirait un jour.
Passant de moments d'abattement à des poussées d'optimisme, les uns comme les autres relevant souvent de l'irrationnel, elle retrace son parcours, depuis son installation au Mexique jusqu'à l'implication personnelle de Nicolas Sarkozy dans son affaire - les tensions sont vives entre les deux présidents, français et mexicain, dans cette période. En passant par son arrestation, son procès, le verdict ensuite modifié, les conditions de détention, les coups de téléphone à la famille, l'arrivée de son avocat Frank Berton...
Une chose me gêne dans ce livre, c'est de ne pas savoir comment il a été écrit. La page de titre crédite Eric Michel pour sa collaboration, mais son nom n'apparaît nulle part ailleurs, pas même dans les remerciements. La préface est signée Jacques-Yves Tapon, journaliste qui raconte s'être fait dérober dans une chambre d'hôtel, à Mexico, des pages que Florence Cassez lui avait discrètement données lors d'une visite à la prison. Il est bien dit quelque part que les parents de la détenue enregistraient ses nombreuses communications téléphoniques. Est-ce à partir de celles-ci qu'Eric Michel a "monté" un texte à la première personne, comme si la prisonnière racontait elle-même? On ne peut faire que des suppositions.
Une autre chose, qui pourrait nuire à l'intérêt du livre, ne me gêne en revanche pas du tout: Florence Cassez s'y présente comme la victime d'un système judiciaire mexicain dont elle dénonce les nombreux défauts. Après tout, elle présente sa vision des choses et c'est bien normal.
On ne cherchera pas ici de prétention littéraire - rien à voir avec, par exemple, Même le silence a une fin, d'Ingrid Betancourt, dont le nom apparaît ici notamment en raison de son engagement pour faire libérer Florence Cassez après qu'elle-même a été relâchée par ses ravisseurs. Mais le témoignage est parfois poignant. Celui d'une femme qui se bat contre tout un pays, et qui, avec l'aide de ses soutiens en France, parvient à faire de son cas personnel une affaire d'Etat.
En attendant un hypothétique livre suivant, où elle raconterait ses dernières années en prison et son retour très médiatisé en France (quelle radio, quelle télévision, quel journal de la presse écrite n'a pas parlé d'elle ou ne l'a pas interviewée depuis deux jours?), voici un ouvrage dont la lecture ne sera pas du temps perdu.

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