Émaillé de citations empruntées souvent à Shakespeare ou Emily Dickinson, le nouveau roman de Kate Atkinson remet en selle le détective Jackson Brodie. Depuis La souris bleue, il s’est fait, bien malgré lui, une spécialité des fillettes disparues. Cette fois, il a été engagé par une femme qui cherche ses origines. Elle a été une fillette disparue que personne n’a cherchée et, trente-cinq ans plus tard, voudrait retrouver ses propres traces.
Parti tôt, pris mon chien se présente comme un sous-bois familier que l’on visite en confiance: en 1975, l’agente Tracy Waterhouse et son collègue Ken Arkwright pénètrent, à Leeds, dans un appartement qui dégage une forte odeur de cadavre en décomposition. Puis les points de repère sont noyés par des amas de ronces qui empêchent de faire marche arrière et on se retrouve englué dans un inextricable enchevêtrement d’histoires qui se recoupent.
Dans la deuxième époque du roman, Tracy, qui dirige l’équipe de surveillance d’un complexe commercial, prise de pitié pour une petite fille que traîne derrière elle une prostituée notoire, embarque la gamine après avoir donné de l’argent à sa mère. S’il s’agit bien de sa mère. Et, quoi qu’il en soit, acheter un enfant ou l’enlever sont deux gestes équivalents. Tracy est passée brutalement de l’autre côté de la loi. Le mauvais côté. La voilà en fuite. Tandis que Jackson Brodie la cherche dans le cadre de son affaire, lui qui vient d’arracher un chien à un homme qui était peut-être son propriétaire mais était à coup sur son tortionnaire.
Pendant ce temps, la vieille actrice Tilly ravaude tant bien que mal ses trous de mémoire sur le plateau d’un feuilleton bas de gamme et croise, avec d’autres, le chemin des personnages qui se cherchent ou s’évitent – parfois les deux.
Le plat est copieux, il a mijoté longtemps. Il est savoureux, à la hauteur des efforts déployés par la romancière pour nous égarer et nous offrir le plaisir de tout comprendre, à un détail près, fourni à la dernière page.
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