mercredi 15 février 2012

"C'est assez pathétique la Saint-Valentin, non ?"

Ainsi la romancière Karine Tuil tweeta-t-elle hier...
J'aurais tendance à l'approuver. Mais je ne suis pas bon juge: je déteste les fêtes qu'on nous impose. Toutes les fêtes. Ne me demandez pas pourquoi, ce serait trop long à expliquer.
Ceci dit, qu'une fête, quelle qu'elle soit, devienne une occasion de lire, et mon avis tranché se nuance d'un léger sourire. Profitons-en, au lendemain d'un 14 février qui aura été surtout marqué, dans ma vie quotidienne, par le passage d'un cyclone joliment baptisé Giovanna. Mais dont les effets étaient plutôt rébarbatifs, à en juger seulement d'après les premières photos de la capitale malgache publiées sur Internet. Et les pires images sont à venir, puisque c'est sur la côte que Giovanna a frappé le plus violemment, là d'où les informations tardent à venir.
J'aurais certes pu profiter du passage de l’œil du cyclone, dans lequel nous nous sommes trouvés, pendant une demi-heure de calme absolu, pour penser à la Saint-Valentin. Mais j'attendais, crispé, le retour des vents violents et, franchement, je n'avais pas l'esprit à ça.
J'avais pourtant sous la main une belle anthologie, sobrement intitulée Mon amour et moins sobrement insérée dans un coffret racoleur. Les textes sont beaux. Baudelaire voisine avec Duras, Shakespeare avec Verlaine. Pas besoin de Saint-Valentin pour les découvrir. Avec, vers la fin du volume, ce superbe sonnet de Louisé Labé, dans une orthographe modernisée.
Baise m’encor, rebaise-moi et baise;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux:
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las, te plains-tu? Çà, que ce mal j’apaise,

En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.

Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie:

Toujours suis mal, vivant discrètement,

Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

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