C'était involontaire, mais il n'y a pas de hasard. Au moment de choisir les deux derniers livres parus cette année pour lesquels j'avais encore un peu de place dans Le Soir, et puis pour les autres c'était râpé, il faudrait attendre une réédition au format de poche, j'ai retenu deux textes en rapport direct avec la marche, ce mouvement fondamental dont je ne me lasse pas, même si je le rêve plutôt que de le pratiquer ces dernières années. Je leur fais une petite place ici, parce que je ne suis pas le seul à être attaché à ce mode de déplacement.
Dominique Fabre a donc publié cette année En passant (vite fait) par la montagne, titre dont j'aime la parenthèse qui minimise l'effort de la randonnée, pourtant accomplie dans des conditions parfois rudes du côté de la Savoie - mais entre Romme et Jérusalem, puisque deux lieux s'appellent ainsi. Il y a là des ados qui n'ont pas encore trouvé leur place dans la société, certains parce qu'ils sont arrivés en France il n'y a pas très longtemps, d'autres parce que, bon, la vie... Un encadrement, aussi. Et l'écrivain, donc, personnage un peu incongru dans le décor et qui semble d'ailleurs parfois se demander ce qu'il fait là. Mais il y trouve sa place, raconte comment pas après pas le groupe se crée un équilibre précaire, les personnages acquièrent leurs caractéristiques propres. Je suis content d'y être passé aussi, même vite fait, dans cette montagne.
Décor très différent pour Hubert Haddad, l'écrivain qui surgit souvent là où on ne l'attend pas, et cette fois c'est au Japon avec Ma, qui ne s'écrit d'ailleurs pas tout à fait ainsi mais allez, vous, créer dans un blog le caractère qu'heureusement vous retrouvez sur la couverture du livre. Comment, en tout cas, ne pas être ému par un texte qui s'ouvre par cette phrase superbe: "Le marche à pied mène au paradis." Et tellement vraie qu'on suit les personnages dans leurs déambulations qui semblent, trois fois, réécrire le paysage et le monde. En s'aidant de bâtons de marche rarement conseillés par les spécialistes: le haïku et le saké. Si, si, essayez, vous verrez...
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