mercredi 27 janvier 2016

De D à L, en passant par H

Ceci est presque un message personnel, adressé à une attachée de presse d'une grande compétence et avec laquelle les liens ne se sont jamais distendus malgré la distance qui nous sépare.
Donc, chère B., vous m'avez fourni hier le prétexte à une petite histoire vécue. (Et, si c'est du vécu, c'est bon, coco!)
En milieu de matinée, quelqu'un sonne au portail. Non, en fait, la sonnette ne fonctionne plus depuis quelques semaines et quelqu'un, après avoir peut-être tenté en vain de sonner, frappe au portail. Celui-ci, repeint en vert il n'y a pas très longtemps, est marqué de taches de rouille. Le travail a été fait, vous en conviendrez avec moi, sans grand soin. Mais, puisque c'est le fils de ma propriétaire qui avait manié brosse et couleur, je n'ai rien dit. Honnêtement, je me moque pas mal de ces taches de rouille, qui n'ont d'ailleurs aucun rapport avec le quelqu'un que je commençais à évoquer et qui, frappant (du poing, je suppose), a eu l'occasion de tester la faculté du métal à produire du bruit à la rencontre d'un autre solide. Essai concluant, je l'ai entendu. La bonne de la propriétaire aussi, qui, du rez-de-chaussée voisin, était arrivée avant moi près du portail. Je travaille à l'étage, je ne cours pas dans les escaliers pour voir ce qui se passe mais je profite de l'excellente vue que me fournit un petit balcon, à deux pas (au sens propre - enfin, peut-être trois pas) de mon bureau, sur le portail en question, que je surplombe d'assez près, car si j'en suis plus éloigné verticalement j'en suis horizontalement plus proche, pour voir ce qui se passe de l'autre côté. Et parfois même pour savoir qui vient de m'arracher à ma légendaire concentration.
J'ai donc regardé. Reconnaître la personne, difficile. Sous moi, si j'ose dire, j'apercevais un individu casqué. Perspicace, je devinai en lui un coursier. J'étais aidé, bien sûr, par le colis qu'il portait et qu'il venait de toute évidence remettre à son destinataire. Moi, dont le nom était écrit sur la grosse enveloppe, nom qu'il prononça sans aucune maladresse phonétique. Il y a des noms, c'est vrai, bien plus difficiles à dire que le mien, et je ne dois pas chercher loin pour en trouver. Mais ceci est une autre histoire.
Le coursier, de son côté, avait dévalé la ruelle en escaliers qui conduit chez moi, comme s'il y était venu souvent - alors que le dédale des noms de rue ou de leur absence, des "lots" alphanumérisés (et, côté alpha, ce sont plutôt des chiffres romains que des lettres, même si tout le monde l'a oublié, si bien que parler de l'Hôtel George Vé ne surprendrait , ici, personne), les marches disjointes et toutes différentes imposant un pas souple, adaptable, bref, les obstacles sont innombrables et cependant il était arrivé.
Je descendis à mon tour, mais d'un pas calme et régulier, l'escalier en colimaçon aux marches toutes pareilles, j'arrivai au rez-de-chaussée, je toisai l'homme - puisqu'il s'agissait d'un homme, c'était plus évident face à lui - qui me remit donc un colis en échange d'une signature sur un écran tactile qui semblait fatigué d'en avoir déjà beaucoup reçu (des signatures - vous suivez?).
Me voici donc chargé d'une enveloppe de plastique que je serrais contre moi en remontant vers mon lieu de travail. Les marches sont toutes pareilles, mais la cage d'escalier est étroite et je n'aurais pu me permettre de laisser baller le colis au bout d'un bras, la rampe et le mur auraient constitué des obstacles à mon pas calme et régulier, un poil plus lent cependant qu'en descendant.
J'ouvris avec peine, obligé de la déchirer un peu pour accéder à son contenu, l'enveloppe en plastique. A l'intérieur de laquelle il s'en trouvait une autre, dotée d'une fermeture ingénieuse, solide mais n'opposant qu'une résistance limitée à son descellement.
A l'intérieur de cette deuxième enveloppe de plastique, un emballage en papier... M'avait-on, et dans ce cas, qui?, fait une blague idiote? Heureusement, non, le papier, une fois déchiré lui aussi, fournissait la réponse (pas le papier, ce que son ouverture permettait maintenant de voir, ce n'est peut-être pas très clair?) aux multiples interrogations qui m'avaient traversé l'esprit entre le moment dont j'ai commencé à vous parler, au début, là, plus haut (mais je vous épargne l'énumération de ces questions intérieures, certaines sont d'ailleurs trop intimes pour être exposées ici, et j'ai oublié les autres).
C'est donc après avoir franchi trois obstacles, deux de plastique, un de papier (sans crainte d'être mordu par un tigre), que je trouvai, chère B., votre carte, agrafée à un des deux livres que vous m'aviez emballés, envoyés, jusqu'à ce que le casque du coursier surgisse sous moi (oui, je sais, mais comment le dire autrement?).
Bien entendu, je vous en remercie. Les couvertures sont belles, je les montre d'ailleurs à tout le monde pour qu'on les admire. Mais j'avais déjà le texte de ces deux romans dans l'ordinateur où je suis occupé à écrire cette note de blog et vous auriez pu, chère B., faire l'économie de cet envoi qui a dû provoquer des frais plus élevés que celui de votre maison d'édition à un journal parisien - ou belge, soyons fous!

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