Hôtel du Lac a probablement été le livre phare par lequel de nombreux lecteurs sont entrés dans l'oeuvre d'Anita Brookner, dont on vient d'apprendre la mort, à l'âge de 87 ans. Ce roman avait reçu le Booker Prize en 1984, il avait été précédé de quelques autres et a été suivi, avec régularité dans le temps et constance dans la qualité, de nouveautés qui, sans jamais révolutionner l'art romanesque, lui ont apporté un ton singulier, retrouvé à travers trois titres dont j'avais parlé lors de rééditions au format de poche, sans respect de la chronologie de son écriture. (Mais en me disant aujourd'hui qu'il y a quelque chose d'injuste dans le monde de l'édition française, ces ouvrages étant épuisés.)
Anita Brookner a changé de statut depuis ses débuts de romancière : elle était une critique d’art qui abordait la fiction. Elle est devenue, livre après livre, un auteur dont on attend les nouveaux ouvrages avec la certitude d’y retrouver une finesse d’analyse psychologique sans lourdeur : les éléments qui nous permettent de comprendre qui sont exactement les personnages sont proposés au cours d’une tranche de vie, et ce sont les morceaux d’un puzzle qui finit par devenir une image complète.
Sofka est une femme venue d’Europe centrale. Elle régente son petit monde comme une chef de tribu, investie d’un pouvoir de droit divin qui l’autorise à infléchir la vie des siens dans le sens où elle le juge bon. Elle ne manque pas de fantaisie, ses idées très arrêtées sur ce qu’il convient de faire ou non n’étant pas vraiment conventionnelles. Son portrait est un séduisant morceau de bravoure.
Sofka est une femme venue d’Europe centrale. Elle régente son petit monde comme une chef de tribu, investie d’un pouvoir de droit divin qui l’autorise à infléchir la vie des siens dans le sens où elle le juge bon. Elle ne manque pas de fantaisie, ses idées très arrêtées sur ce qu’il convient de faire ou non n’étant pas vraiment conventionnelles. Son portrait est un séduisant morceau de bravoure.
Il existe un ton « Anita Brookner », que
connaissent bien les amateurs de littérature anglo-saxonne depuis Sofka et Regardez-moi, avec près d’une quinzaine d’ouvrages disponibles
maintenant en traduction. Une sorte de musique confidentielle à travers
laquelle se déploient des personnages féminins aux prises avec leur identité au
sein de la société. Les caractéristiques féminines sont cependant souvent moins
importantes que les aspects strictement personnels – mais il est vrai qu’il est
difficile de séparer ces éléments…
Fay, la narratrice, et Julia sont deux amies liées non
seulement par un homme qui a traversé leur vie à toutes deux mais aussi par des
inclinations communes et une attirance qui dégage un parfum vaguement
homosexuel – c’est souvent le cas chez Anita Brookner, relève la préfacière
Floriane Vidal, dont l’analyse est à la hauteur de la finesse des sentiments
exprimés dans le roman.
Dans l’œuvre d’Anita Brookner passent des femmes aux
problèmes apparemment mineurs (on pourrait d’ailleurs dire d’Anita Brookner qu’elle
écrit en mode mineur) et qui cependant vivent de véritables drames. Mésalliance, qui doit être son quatrième
ou cinquième roman, est bien dans sa manière et peut servir, pour les lecteurs
qui ne la connaissent pas encore, d’introduction à ses autres livres.
Blanche Vernon vit seule et ne sait que faire de sa vie. Quand
elle croit lui trouver un sens, elle découvre que tout cela est un leurre
auquel elle s’est laissé prendre avec une certaine complaisance, malgré le
regard aigu qu’elle jette sans cesse sur chacun de ses agissements…
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