Aucun livre de Lily Brett n’avait été traduit en français
avant Lola Bensky. Ce roman paru en
mai, d’inspiration très autobiographique, est une belle découverte que les
jurés du Médicis ont saluée avec leur prix du roman étranger.
Il propose une vision inhabituelle des stars du rock à
Londres et aux Etats-Unis dans les années soixante. Lola Bensky, qui a vingt
ans et travaille pour un magazine australien, les rencontre toutes. De Jimi
Hendrix à Mick Jagger, de Jim Morrison à Sonny and Cher, de Janis Joplin à The
Mamas & The Papas, des Who à Cat Stevens, elle fréquente une faune en
apparence étrange mais facile à apprivoiser. Il lui suffit d’évoquer ses
problèmes de poids ou ses origines juives – elle est née en Allemagne après la
guerre que ses parents juifs ont passée en partie à Auschwitz. Et la
conversation prend un tour inattendu, presque familier, comme si d’évoquer des
drames lointains éveillait chanteurs et musiciens à eux-mêmes. Ils oublient
leur image, Mick Jagger prépare du thé, Jimi Hendrix explique comment il met
ses bigoudis…
Le contraste est brutal entre ce qui hante Lola Bensky, la
culpabilité d’avoir été conçue par des survivants, et la frivolité du milieu
auquel son travail la mêle. En gardant ses distances : elle ne sera jamais
pareille à Linda Eastman, la photographe qui épousera Paul McCartney. Au
contraire, elle restera rongée par le passé et ses problèmes de poids.
N’a-t-elle pas été appelée la « grosse
journaliste australienne » ? Difficile à oublier, même beaucoup
plus tard, quand les régimes auront fini par triompher de son tour de taille,
qu’elle sera devenue, à New York, une romancière à succès et l’épouse d’un
peintre à la mode.
Lola Bensky est une femme remarquable qui manque cruellement
de confiance en elle. Le passé de sa famille l’explique en partie, bien sûr,
ses rondeurs étant à ses yeux une injure à la maigreur de ses parents à la
sortie d’Auschwitz.
La part la plus importante du roman la montre jeune
journaliste, vivant un moment clé de la culture de son époque en assistant au
festival de Monterey en 1967. Ensuite, les années passent. C’est le retour en
Australie et le mariage avec un musicien qui y a eu son heure de gloire, bien
oubliée. L’écriture de portraits fouillés et appréciés, puis de romans
policiers à la cinquantaine. C’est, tout à la fin, un sourire avec Mick Jagger,
qui ne l’a peut-être pas vraiment reconnue et qu’elle apprécie de revoir en
pleine forme, plus de quarante ans après.
Un beau, un très beau roman.
Un beau, un très beau roman.
je vous fait confiance. C'est exactement le livre dont j'ai besoin en ce moment. Merci
RépondreSupprimerJe suis loin d'être le seul à en penser beaucoup de bien. Je crois donc que vous pouvez y aller.
Supprimer