Deux ouvrages paraissent simultanément à
la Bibliothèque malgache, pour prolonger l’exposition parisienne Madagascar.
Arts de la Grande Île, au musée du quai Branly-Jacques Chirac (du 18 septembre 2018
au 1er janvier 2019).
Madagascar et les colonies excitent bien des appétits en
France et la presse en témoigne pendant l’époque coloniale. D’autres volumes
publiés par la Bibliothèque malgache compilent quantité d’articles parus dans
les journaux de Madagascar ou de métropole, sur le ton général de : nous
apportons la civilisation à ces grands enfants que sont les Malgaches, en
échange nous prenons dans la Grande Île de quoi accroître nos richesses en même
temps que nous offrons aux courageux colons les meilleures conditions pour
entreprendre et prospérer.
Nous avons fouillé cette presse à la
recherche de textes qui se seraient intéressés aux arts pendant l’époque
coloniale.
Première constatation : ils ne sont
pas très nombreux. On ne fera pas mine de s’en étonner. Le principal souci du
colonisateur était économique. Quant à la civilisation, celle qui était
apportée devait, par sa qualité supérieure, faire négliger un passé par nature
insignifiant.
Deuxième constatation, qui découle en
droite ligne de la première : si le Malgache a une âme artiste, c’est dans
l’imitation qu’il la développe le mieux, ne cherchez pas chez lui une démarche
créatrice originale. Tel est, du moins, le discours qui se répand chez les
rares personnes à se pencher sur le sujet.
Troisième constatation, car il faut bien
chercher à se rassurer : quelques exceptions osent tenir des propos
différents et s’intéresser aux arts malgaches en leur reconnaissant une
spécificité.
Voilà, dans les grandes lignes, la
teneur des textes rassemblés ici (en respectant la graphie choisie par chaque
auteur pour les mots malgaches, dans une grande diversité) en guise de
témoignage du passé, et pour prolonger les réflexions suscitées par l’exposition
déjà citée.
ISBN 978-2-37363-078-7 (2,99 € ou 9.000 ariary)
Quand je me suis installé à Madagascar en 1997, je ne
connaissais presque rien de la Grande Île – rien de son Histoire, à peine un
peu plus de sa géographie, une infime partie de sa vie culturelle, quant aux
coutumes locales, j’aurais été bien en peine d’en évoquer le moindre pan.
Autant dire que j’arrivais vierge sur un terrain riche dont j’avais tout à
découvrir. Situation exaltante, certes, mais parfois embarrassante quand
j’étais contraint, par honnêteté, d’avouer mon ignorance.
L’ignorance se soigne. Jamais autant
qu’on le voudrait, hélas ! Mais j’ai fait des efforts, plutôt plaisants
d’ailleurs, pour découvrir au moins une partie de ce qui m’avait été caché
auparavant. Pour créer les occasions de rencontres et accélérer des études
sauvages, je n’ai rien trouvé de mieux que prolonger ici les activités
auxquelles je me livrais déjà en Belgique : le journalisme culturel est un
espace ouvert dans lequel chaque article est prétexte à ramener quelques pierres
d’une construction globale qui restera toujours inachevée mais dont certains
pans devraient, à force d’insister, ressembler à quelque chose. À la réalité
d’une vie artistique que mènent, en dépit des difficultés rencontrées, des
créateurs ardents, des talents parfois ignorés.
De ce présent, ou d’un passé très
proche, voici un témoignage, mosaïque d’articles publiés en différents endroits
et surtout dans deux quotidiens d’Antananarivo : La
Gazette de la Grande Île (2004-2005) et Les Nouvelles (2005-2006).
À dire vrai, ma contribution aux Nouvelles,
à cette époque, n’était qu’un complément à une émission culturelle diffusée du
lundi au vendredi par la radio Alliance 92.
« Un quart culture » (parce que cela durait un quart d’heure) se
nourrissait, pour l’essentiel, d’entretiens avec des artistes qui ont défilé
devant mon micro pendant un an (d’autres, parfois les mêmes, l’avaient fait en
2000-2001 dans une émission hebdomadaire dont j’ai oublié le titre mais pas la
durée – une heure et demie – sur les ondes de RLI). La récolte fut abondante, elle aurait peut-être
mérité d’être exhumée. Mais il aurait fallu retrouver les enregistrements des
émissions et les transcrire, ce qui semble pour l’instant impossible.
On se limitera donc à découper en dix
chapitres, des arts plastiques au théâtre, une compilation d’articles qui ne
prétend pas être le reflet global d’une décennie de vie culturelle et se
contente d’en fournir un écho assourdi. Pertinent ou pas, chacun en jugera.
Avec bienveillance, si possible, pour les ruptures de ton qui interviennent
dans certains sujets littéraires : des forums animés au Centre Culturel
Albert Camus d’Antananarivo (actuellement Institut Français de Madagascar)
étaient précédés d’un vague portrait de l’écrivain invité, dans un style plus
parlé qu’écrit.
Pierre Maury.
ISBN 978-2-37363-077-0 (2,99 € ou 9.000 ariary)
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