Sur le territoire des Etats-Unis, Marc Dugain avait déjà
exploré en détail le destin d’Edgar Hoover, patron du FBI (La malédiction d’Edgar), et celui du tueur en série Edmund Kemper (Avenue des géants). Avec Ils vont tuer Robert Kennedy, il met la
barre un peu plus haut puisque la famille brisée par les assassinats reste un
mythe, certes écorné par de multiples révélations. Mais un mythe quand même,
qu’on approche avec une certaine prudence.
Trop habile raconteur d’histoires pour servir des plats
réchauffés, le romancier envisage de biais la mort de Robert Kennedy. Le
personnage principal est un professeur d’histoire contemporaine dont les
parents sont morts en 1967 et 1968. Il croit que leurs disparitions ont un lien
avec le meurtre du candidat à l’élection présidentielle de 1968. La part
d’ombre qui entoure la vie de son père, spécialiste de l’hypnose souvent requis
avec discrétion par les autorités et les célébrités, l’autorise à imaginer un
audacieux réseau qui lie les différents protagonistes de son roman personnel.
Cette quête paraît, par certains aspects, insensée. La
grille par laquelle le narrateur fait passer son analyse est trop serrée pour
autoriser une autre vision. Mais elle est aussi la colonne vertébrale du récit
et ce n’est pas la première fois qu’on doute d’un personnage occupé à imposer
son point de vue.
Le plus intéressant, cependant, est le portrait
psychologique de Robert Kennedy. Encore marqué par la mort de son frère, il a
été contraint de reprendre le flambeau familial alors qu’il ne se sent pas à la
hauteur : John, bien que physiquement diminué et compensant la douleur par
un comportement de séducteur effréné, a toujours été considéré comme le plus
brillant. Robert ne pouvait être que son double en mineur. Et cependant,
marchant dans les pas de son frère, il sait que la mort lui est promise aussi.
C’est écrit, ou presque, et il affronte la fin annoncée avec autant de courage
que de fatalisme. Le portrait est saisissant et très crédible.
Dans le va-et-vient constant entre la vision du narrateur et celle des Kennedy surgissent quelques informations dont on ne sait ni ne veut savoir si elles sont dues à l’imagination de l’écrivain ou à des sources fiables. Elles pimentent, en tout cas, un livre fait pour plaire et qui y réussit très bien.
Dans le va-et-vient constant entre la vision du narrateur et celle des Kennedy surgissent quelques informations dont on ne sait ni ne veut savoir si elles sont dues à l’imagination de l’écrivain ou à des sources fiables. Elles pimentent, en tout cas, un livre fait pour plaire et qui y réussit très bien.
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