Je lis L’Équipe de
ce matin – oui, et alors ? –, j’y trouve matière à entretenir la rogne qui
me tient debout depuis un certain temps. Je découvre André Dussollier fan du
PSG, ce qui ne me fait ni chaud ni froid, pointant une caractéristique du foot
aujourd’hui. Il a suivi le « mercato », c’est bien son droit. Il en
dit ceci, magnifique aveu : « C’est
quasiment plus intense que les matchs qui vont suivre. Aujourd’hui, j’ai l’impression
que le foot, ça se passe plus sur le papier que sur le terrain. » Le
papier des contrats, veut-il probablement dire…
C’est la même chose pour la rentrée littéraire. Elle ne se
passe plus dans les livres, matière peu comestible pour le grand public (en
tout cas, on essaie de le lui faire croire et, à force, il s’en est convaincu
depuis un certain temps), en revanche, parlez-moi d’un scandale saignant, il y
a là de quoi nourrir un passionnant feuilleton entretenu, pendant des semaines,
par les chroniqueurs assoiffés de révélations crapoteuses.
Donc, l’affaire Yann Moix, vous savez, le type qui a publié
un livre dans cette rentrée – Orléans,
mais qui se souvient du titre ? Il y a longtemps, car les semaines
semblent durer des mois dans cette histoire, que le « roman vrai »
(si je comprends bien) de l’enfant martyr a disparu sous les coulées de boue qu’il
avait lui-même lancées avec ardeur sur les pentes glissantes de l’antisémitisme
et, apprends-je aujourd’hui en lisant le JDD,
de la « négrophobie » (j’apprends en même temps que le mot « nègre »
recomposé de la sorte est toléré, c’est fou ce que la lecture de la presse est
instructive). Mais vous le saviez peut-être déjà, vous qui suivez plus
attentivement que moi ce feuilleton nauséabond. Qui rebondit de rubrique en
rubrique, un peu comme le sparadrap du capitaine Haddock passait de doigt en
doigt. Impossible de s’en débarrasser ! Le sujet sort des pages livres, il
revient dans l’actualité des médias – Laurent Ruquier et France 2 seraient
au bord de la rupture après la prestation de Yann Moix dans la première
émission de la nouvelle (et dernière ?) saison d’On n’est pas couché (#ONPC pour les intimes).
Je repense à un autre type, j’ai oublié son nom, qui avait
déclaré, c’était à l’occasion d’une précédente rentrée littéraire dans laquelle
avait été lancé avec une certaine imprudence son dernier roman, que je ne sais
plus quelle religion était vraiment « la plus con » de toutes les
religions. La rumeur affirmait avec insistance qu’il disait cela sous l’influence
de l’alcool. Vrai ? Pas vrai ? On s’en moque un peu, non ? Toujours
est-il que le livre, lors de cette rentrée-là, avait connu un beau succès. Pour
le livre ou pour le scandale qui l’entourait ? Rien de tel qu’un cortège
tambourinant pour provoquer le phénomène moutonnier que nous rencontrons à
nouveau cette année. Et dire qu’il suffisait autrefois d’un joueur de flûte !
Les temps ont bien changé…
Tout n’est peut-être pas perdu. Dans Le Monde paru hier, un homme pour qui j’ai une immense admiration,
Alain Rey – « l’hostilité au père a
été quelque chose de fondamental », dit-il, mais il n’a aucune chance
de provoquer un scandale avec cet aveu – s’exprime au détour d’une réponse sur
la littérature contemporaine. Voici : « Je
n’arrive pas à accrocher à Houellebecq, il m’emmerde. » Comme je le
comprends ! (Mais quel rapport avec le paragraphe précédent ?)
Comment suis-je passé d’histoires bruyantes à Houellebecq ?
Je me le demande. Vous aurez peut-être la réponse à cette question lancinante –
lancinante au moins trois secondes, relativisons.
En fait, je voudrais éradiquer les sources de pollution du
monde littéraire, effacer les bruits parasites, être le Nicolas Hulot de lectures
sans glyphosate ni OGM. Alors, pourquoi consacrer une note de blog à la
périphérie envahissante ? Parce qu’il faut bien désigner l’adversaire afin
de mieux se recentrer sur l’essentiel : les textes que je découvre jour
après jour dans la rentrée littéraire – LITTÉRAIRE, vous avez bien lu. Et que
je suis souvent tenté de garder pour moi, dans une jouissance égoïste qui ne
vous regarde en rien. Même si je fais tout le contraire et viens, hier, de
publier dans le Soir des articles sur
Hubert Haddad, Edna O’Brien, Victoria Mas, Alexandre Labruffe ou Anne Pauly
(dont je vous ai d’ailleurs parlé ici).
Le monde est
contradictoire. Belle découverte de cette fin de nuit. La prochaine fois, je
tenterai de réinventer (et de réenchanter ?) le fil à couper le beurre.
Imagine quand on sort un roman en même temps qui plus est sur le père, la famille. Impression de ne pas exister.
RépondreSupprimerOui, et parler de "tueur" dans le titre, c'était l'idée du siècle! Mais je vais le lire, comme j'ai lu celui d'Anne Pauly - pas celui de Y.M. (j'aurais peut-être dû?).
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