Quand j’entends le mot « bilan », je crois
toujours que « comptable » va suivre. (Cela pourrait être pire, l’expression
« bilan de santé », le jour où elle me viendra naturellement à l’esprit,
n’augurant pas favorablement de la suite. Mais, puisque ce n’est pas encore le
cas, continuons à nous encanailler dans la littérature !) Et, quand j’entends
« bilan comptable », je sous-entends que cela ne m’intéresse pas
beaucoup.
Néanmoins et malgré tout, lisant Livres Hebdo, j’y trouve les chiffres (vous voyez bien !) des
ventes des romans de la rentrée littéraire qui vient de nous occuper quelques
mois (et dont me distraient, ces jours-ci, les programmes des éditeurs pour
janvier et février). 55 titres ayant été classés dans les listes
hebdomadaires des meilleures ventes, pour des chiffres (réels, nous assure-t-on)
échelonnés de 189 327 (Soif, d’Amélie
Nothomb) à 3 349 exemplaires écoulés (La télégraphiste de Chopin, d’Éric Faye).
Côté palmarès (il y eu concours ?), comme si les prix d’automne
ne suffisaient pas, deux magazines ont établi les leurs : 30 livres
pour Le Point, 100 pour Lire. Repris parmi les parutions de
toute l’année, soit sur une durée plus longue.
Quant à moi, ni bilan, ni palmarès, mais environ
250 nouveautés lues depuis janvier, avec un premier choix unique : Sur la route du Danube, d’Emmanuel Ruben
(Rivages), de l’enchantement duquel je ne suis pas encore sorti. Et environ
90 de ces livres qui mériteraient une mention d’excellence. (C’est
beaucoup, c’est probablement trop, mon côté bon public me perdra, un jour.)
Est-il possible de croiser tout cela, d’extraire la part
commune de ces différentes listes reposant chacune sur des critères propres ?
On va essayer…
J’ai lu un quart des choix du Point, où figure un gros paquet de livres probablement très intéressants
mais hors des territoires que j’arpente habituellement (quelque part autour du
Danube et très au-delà, pourvu qu’il soit question de littérature). Parmi eux,
six ouvrages que je défendrais volontiers si on me le demandait (cherchez l’erreur) :
- Santiago H. Amigorena. Le ghetto intérieur (POL)
- Jonathan Coe. Le cœur de l’Angleterre (Gallimard)
- Diana Evans. Ordinary people (Globe)
- Capucine et Simon Johannin. Nino dans la nuit (Allia)
- Victoria Mas. Le bal des folles (Albin Michel)
- Ottessa Moshfegh. Mon année de repos et de détente (Fayard)
- Jesmyn Ward. Le chant des revenants (Belfond)
Quelques-uns de ces ouvrages apparaissent dans les
meilleures ventes de la rentrée selon Livres
Hebdo : 52 641 exemplaires pour Mas, 47 836 pour Coe, 13 992
pour Amigorena. Trois sur cinq romans de la rentrée, pas mal…
En tout cas, j’applaudis à la présence de deux ghettos, celui
de l’intérieur et celui de l’Angleterre, moins au troisième, la Salpêtrière.
Il y a d’autres titres intéressants dans les meilleures
ventes, y compris dans les toutes premières positions : oui à Amélie
Nothomb, à Sylvain Tesson, à Jean-Paul Dubois. D’autres félicitations peuvent
être envoyées : Patrick Modiano, Cécile Coulon, Marie Darrieussecq,
Bérengère Cournut, Jean-Philippe Toussaint, Sylvain Prudhomme, Chris Kraus,
Edna O’Brien, Audur Ava Olafsdottir, Julia Deck, Monica Sabolo, Patrick
Deville, Tommy Orange, Joyce Carol Oates, Jean-Luc Coatalem et Brigitte Giraud.
J’ai été moins convaincu par Karine Tuil, Laurent Binet, Emma Becker ou
Sébastien Spitzer. Et pas du tout par Géraldine Dalban-Moreynas. Ce qui me
permet de donner un avis (en très bref ici, en un peu ou beaucoup plus long
dans des articles du Soir) sur la
moitié de ces 55 livres. 14 ont été écrits par des femmes, 13 par des
hommes – je ne l’ai pas fait volontairement, je me moque bien de savoir si le
livre que je lis est écrit par un homme ou par une femme, il n’empêche que le
résultat a quelque chose de satisfaisant… Mais six traductions seulement, c’est
bien peu. (Jamais content !)
Quant à Lire, il
désigne comme livre de l’année un titre à côté duquel je suis complètement
passé : Les Furtifs, d’Alain
Damasio (La Volte). Et puis, 99 autres livres, un chiffre pas si éloigné
du mien, mais avec une ouverture bien plus grande sur tous les secteurs de l’édition.
J’en resterai, en feuilletant le numéro de décembre, à l’intersection entre les
choix du magazine et mes lectures, accords et désaccords feront la musique que
vous voudrez y entendre.
D’accord : Cécile Coulon, Sylvain Tesson, Delphine de
Vigan, Patrick Modiano, Jean-Paul Dubois, Amélie Nothomb, Sylvain Prudhomme,
Bérengère Cournut, Sofia Aouine, Victor Jestin, Emmanuel Ruben, Capucine et
Simon Johannin, Joyce Carol Oates, Orhan Pamuk, Otessa Moshfegh, Chris Kraus,
Jesmyn Ward, William Boyd, Michael Ondaatje, Jonathan Coe, Edna O’Brien, Mircea
Cartarescu, Manuel Vilas
Pas d’accord : Guillaume Musso, Karine Tuil, Victoria
Mas, Laurent Binet, Emma Becker.
Oui, le plus souvent, je
confirme les choix de Lire, pour
(recommençons à compter, sauf si vous en avez assez) 13 femmes et 16 hommes,
c’est un peu moins satisfaisant, 11 traductions sur 28 ouvrages me
font quand même du bien. (Si vous trouvez une erreur de calcul, revenez en
arrière, il ne devrait pas y en avoir. Ou jetez-moi votre boulier compteur à la
tête !)
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