Ce match à Geoffroy-Guichard (voir hier) a décidément marqué les
esprits. Dans Gagner à en mourir,
Pierre-Louis Basse l’évoque aussi. Il s’agit d’un roman, dont on peut supposer
que le narrateur est proche de l’auteur. Et ce narrateur-là, fidèle d’un parti
communiste qui comptait encore pour plus de 20 % dans l’électorat
français, était de tout cœur avec les Soviétiques du Dynamo Kiev plutôt qu’avec
les Verts de Saint-Etienne. Il revoit un enregistrement de ces 90 minutes,
on imagine le jeune Vincent Duluc noyé parmi d’autres silhouettes dans sa
description :
« Sur le terrain,
les photographes sont admis au plus près des joueurs. Après chaque but, on
dirait qu’ils gambadent sur le pré. Y compris dans l’action. Il y a dans les
tribunes de Geoffroy-Guichard des types dont l’allure, assez naturelle, n’est
pas sans rappeler le physique de Gérard Depardieu dans Le Choix des armes. Cheveux longs et pantalons en tergal avec
pattes d’éléphant. L’impression que les ouvriers – au stade, comme en
ville – n’avaient pas encore été placés hors champ de la réalité des
choses. Illusion d’optique. Parfois, lorsqu’il était d’humeur badine, Giscard
leur rendait visite à l’heure du souper. Le monde ouvrier français, en ces
étranges années vertes, découvrait à domicile le tweed et les cravates du président.
Ils ont bien fait d’en profiter. Bientôt, mon pays les abandonnerait. L’été
promettait d’être chaud. Après chaque match de Saint-Etienne, cette année-là,
on aurait dit que la télévision française découvrait l’enthousiasme des foules
pour le ballon. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire