Le geste de Zidane n’était pas très joli, alors que la
beauté du geste est tout pour les véritables amateurs de foot. Olivier Guez le
prouvait dans un Eloge de l’esquive
consacré à une légende brésilienne, Mané Garrincha, dribbleur fou, meilleur
joueur de la Coupe du monde en 1962, alors qu’il est vrai Pelé était blessé. On
allait le voir comme on allait au cirque, écrit Olivier Guez.
« Ses dribbles
font sensation. Ou plutôt son dribble, car Garrincha n’a jamais perforé les défenses
adverses que d’une seule façon. Il part à droite. Tout le monde le sait mais
aucun arrière, du temps de sa splendeur, n’a jamais réussi à bloquer le petit
troglodyte, à parer son coup de reins, phénoménal, et ses jambes de guingois
surpuissantes, des turboréacteurs, pour l’empêcher de démarrer. Rejouons la scène :
la balle arrive dans les pieds de Garrincha, excentré sur son aile. Il fait
face à un ou deux « João », ainsi désignait- il les défenseurs adverses,
les grands costauds comme les petits teigneux, réduits aux yeux de Sa Majesté à
des pantins, des piquets de slalom, des anonymes. Garrincha est à l’arrêt,
« João » sur ses gardes et la foule retient son souffle : que va
faire le magicien ? Un, deux, trois passements de jambes ? Combien de
feintes, de faux départs avant de se faufiler en trombe, plié en deux, comme s’il
avait perdu quelque chose, vers la ligne de but ? »
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