Les terrains de l’Amérique du Sud ne s’abandonnent pas
aisément, le Chilien Luis Sepúlveda nous y retient encore un peu, tant pis pour
l’Europe, avec un de ses Ingrédients pour une vie de passions formidables. C’était au temps où il avait l’âge de
Vincent Duluc fasciné par les Verts et où son rêve n’était pas encore de
devenir écrivain.
« Lorsque j'étais
un enfant ou un préadolescent de treize ans, mon grand rêve était de percer
dans le football et d'arriver un jour à devenir professionnel de ce grand
sport. Je ne me débrouillais pas trop mal. J'étais avant-centre dans l'équipe
minime de Unidos Venceremos FC, le club de Vivaceta, mon quartier. […] En ce
temps-là, on bichonnait ses chaussures, on les enduisait de graisse de cheval
et, selon les caractéristiques du stade où se déroulait la partie, on changeait
de crampons : souples, taillés dans de vieux pneus quand le terrain était
mou ou humide ; durs, généralement en cuir quand il était très sec ;
et légers, presque toujours en os quand on avait le plaisir de jouer sur de la
pelouse. […] Notre formation jouait selon le classique 4-2-4 et je portais
généralement le numéro 11 ou le 10 quand notre attaquant, Chico
Valdés, était absent pour une raison ou une autre. De plus, j'étais presque
exclusivement chargé de tirer les penalties et, sans vouloir me vanter, je les
ratais rarement. Enfin, ma mission consistait à faire de bonnes passes en
direction du camp ennemi. »
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